Category: Népal



Dudh Kund Pokhari

Les photos peuvent être élargies en cliquant dessus

Du 13  au 27 Mai 2016

Impressions Générales

Cette aventure dans les montagnes avait quelques ambitions:

  • partir de Khanbari, la grande ville du district du Sankuwasabha au Nord Est du Népal, pour joindre le Solu afin de revenir à Kathmandu par Salleri en jeep.
  • Faire une ou deux escapades, selon nos formes physiques, vers le Kongde et vers Dudh Kund pour tenter l’ascension d’un petit 6000.

Mais il faut pour cela accumuler les nombreuses montées : 13 877 mètres cumulés, plus de 44 tours Eiffel  et descentes, parfois vertigineuses, que compte ce trek. Nous avions négligé les efforts qu’il faudrait déployer pour entrer dans le Solukhumbu, au coeur du Pays Sherpa.

Le beau temps ne sera pas toujours au rendez-vous et la pluie nous empêchera de bénéficier, parfois, des beaux panoramas.

Porter la tente, le brûleur, l’essence et la nourriture sur tous le trajet est payer un lourd tribu pour trois petit jours d’autonomie. La liberté n’a pas de prix et nous serons récompensés par les paysages grandioses de Dudh Kund. Les nuages de basse altitude condamneront malheureusement toute tentative d’ascension. Partie remise!

Les nombreuses forêts de rhododendrons traversées laissent augurer un spectacle multicolore au printemps. Cette période est à privilégier sans hésitation!

Pour autant, ces 15 jours nous auront permis de découvrir de magnifiques villages, hors des grandes routes, dans des conditions sommaires parfois, mais toujours accueillis avec de larges sourires et ce sens de l’hospitalité des gens qui ne connaissent pas le superflu.

Préparation:

Sur Google Earth, avec Lonely Planet et Voyage Forum. Une question n’a pas reçu de réponse: comment aller vers le camp de base du Kongde reste un mystère à élucider. Avis aux amateurs!

Les sacs sont moins chargés que d’habitude car nous prenons un minimum de nourriture (2.25Kg). Nous comptons nous ravitailler au plus proche des segments où nous serons en autonomie complète. Nous ne trouverons pas de fromage dans les différentes boutiques. Il faudra se contenter des soupes chinoises aux nouilles et de biscuits.

15.6 Kg pour moi et 9.5 Kg pour Sylvie, incluant la tente Easton 1Kg qui fera des siennes après la tempête de neige sur Camp 1: elle a bien tenu mais les attaches sur le double toit se sont toutes décollées avec l’humidité le lendemain à Dudh Kund! Vice de fabrication! On verra comment réagit le revendeur… (08/2016 : retournée réparée avec les pièces décollées cousues). Nous aurions du renoncer à aller plus loin avec un temps plus clément!

Réchaud MSR XGK EX: La pompe a été remplacée suite à la panne d’octobre 2015 à 5473 m d’altitude.  avec 500ml d’essence donnés à Khandbari (attention, il faut descendre à Tumlingtar pour acheter de l’essence).

Finira-t-on par trouver du matériel fiable? Les prix élevés et les marques ne semblent pas être la panacée.

Matelas: Thermarest Néoair XLIT – très utiles

Sacs de couchage: Valandré Bloody Mary

Accès et Budget

Oman Air est le mieux-disant et le moins-disant cette année avec un aller retour pour 475€ (jusqu’où ira-t-on!) avec un bon service et des escales courtes.

Vol intérieur pour Tumlingtar avec Yeti Airlines à 123 USD l’aller simple. Sans problème. Retour sur Kathmandu de Phaplu en jeep. 11 heures de route, 1500Rs/personne. Départ à 5h30. Achat des places la veille dans le lodge proche de l’aéroport. La route est fort belle sur une bonne part du trajet. On arrive (on doit partir aussi du même endroit) au point 27.718078 85.347132 , proche de l’aéroport et du Buddhanath. Conseil: acheter 1 place supplémentaire pour éviter d’être à 4 sur une banquette de 3.

Moins de 900€ dépensés sur 30 jours, souvenirs compris. Compter entre 1500 et 4000Rs par jour à deux. Les prix indiqués dans le journal de bord seront généralement donnés pour deux personnes.

Situation

Situation trek Khandbari Phaplu

Agenda

agenda trek Khandbari Phaplu

Evolution de l’Altitude

altitude distance trek Khandbari Phaplu

Altitude à l’Etape

altitude soir trek Khandbari Phaplu

Dénivelés par jour
dénivelés jour trek Khandbari Phaplu

Cette année, les dénivelés cumulés quotidiens sont calculés à partir de la trace du GPS.  En effet, la difficulté principale de ce trek réside dans les montées et descentes importantes nécessaires au franchissement des vallées pour se rendre dans le Solu.

Tracés et points GPS:

Les tracés, réglés à un point tous les 30m pour éviter la saturation de la mémoire, sont en libre accès sur Wikiloc, avec quelques points significatifs, indiqués dans le livre de bord . L’ensemble des points GPS est donné sur une feuille Excel dans la rubrique Tableurs / Spreadsheets Excel

Le nouveau GPS Garmin Etrex 10 est formidable. Il consomme moins de piles que le précédent: un jeu tous les 5-6 jours environ. Il se raccorde à l’ordi pour copier les tracés et les waypoints. Finies les fastidieuses copies manuelles, chiffre par chiffre, avec le petit joystick exaspérant.

Les points de la feuille excel ont été corrigés après le trek, lorsque cela était nécessaire. Les distances entre points sont par contre approximatives. Les distances quotidiennes sont, elles, exactes. Enfin, et comme d’habitude, les chemins empruntés ne sont pas obligatoirement les meilleurs. Ils peuvent changer avec le temps, les éboulements et la construction de nouvelles routes. Chacun reste responsable de son itinéraire.

A signaler:

  • La nouvelle route nous a fait passer par un col imprévu après Kattike Ghat. Il doit être possible de le contourner en prenant la vallée d’Irkhuwa comme l’indique la carte.
  • Nous avons volontairement évité le centre de Bung en le contournant par la droite.
  • Nous avons suivi la carte en allant de Panggom à Taksindu par Bupsa. C’est une grosse erreur car cet itinéraire nécessite une demi journée supplémentaire de marche en montée. Sauf d’aller à Lukla, il faut descendre directement vers Karikhola à partir de Panggom. Le chemin est physiquement bien visible de loin, mais pas sur la carte (Jiri Pikey Peak 1:125 000).

Journal de Bord:

Vendredi 13 Mai, de Khandbari à Chalise (970m) wp K14

Levé 5h15, t=21°c, départ 7h15, Arrivée 17h, 22km en 9h45, cumul ascension 1160 m, cumul descente 1398 m

Solu 2016 descente vers l'Arun

Ce n’est pas si simple de sortir d’une ville à pied, même avec le GPS. Nos amis de Khandbari nous ont bien proposé de nous mettre sur le bon chemin. Mais c’est une question de fierté… Nous voulons surtout nous évader au petit matin pour marcher le plus possible sans pluie. Après quelques hésitations, nous entamons la grande descente vers l’Arun. Nous rejoignons une piste qui doit lier Tumlingtar à l’amont de l’Arun, sur la berge opposée à Kattike, juste avant le pont de singe qui relie à ce village. Solu 2016 joli maison vers Kattike

Nous traversons de très beaux villages et il n’est pas rare de trouver de petits restaurants. Il commence à tomber une pluie fine vers 9h30 qui s’arrête assez rapidement. Le chemin est agréable et nous déjeunons à Kattike, de l’autre côté de l’Arun. Nous y apprenons qu’il y aurait 3 jeeps par jour jusqu’à Ghote bazar (aller simple à 500 Rs?). Les seules jeeps que nous voyons ont le capot grand ouvert et semblent avoir rendu l’âme. On ne sait d’ailleurs pas d’où elles viennent. Nous continuons à pied et, comme toujours lorsqu’une route vient d’être ouverte, la piste est difficile à trouver. Suivre la route reviendrait à faire des détours considérables.Solu 2016 rizière vers Chalise

Nous franchissons un col imprévu à 928m. Nous n’avons pas trouvé d’alternative, celle notamment qui était réputée suivre les cours de l’Arun puis de l’Irkuwa khola. Nous nous arrêtons à Chalise. La première maison, à l’entrée du petit village, nous offre l’hospitalité. Il n’y a pas de guesthouse par ici. Nous faisons une toilette sommaire avec le petit tuyau d’eau souffreteux, dans le jardin, au diable notre stupide pudeur! Et ce soir, ce sera bien sûr dalbath. (800Rs avec la nuitée et thé tibétain)

Solu 2016 incontournable dalbath à Chalise       Solu 2016 proprio de Chalise

Samedi 14 Mai, de Chalise à Tendo (1372 m)

Levé 5h30, t=20°c, départ 6h30, Arrivée 17h, 16.5km en 10h30, cumul ascension 1194 m, cumul descente 617 m

Solu 2016 vers Tendo

Il a plu une bonne partie de la nuit et ce n’est qu’au lever du jour que le tambourinement des gouttes sur les tôles du toit s’est tu. Il fait beau au lever. Nous avons droit au thé tibétain pour le petit déjeuner et nous finissons les restes de la veille: bananes et rootis. Le chemin monte d’abord régulièrement. Il faut prendre garde à couper la nouvelle route aux bons moments pour éviter les rallonges interminables.Nous arrivons assez vite au village qui précède Gothe bazar, Tabutar. C’est en fait le terminus actuel des véhicules à 4 roues. Nous sommes heureux de quitter cette sorte de civilisation. Il y a une guesthouse sympathique à Gothe bazar, c’est la première depuis Kattike. Après Gothe bazar, la voie se rétrécie pour devenir un étroit chemin. Nous nous arrêtons plusieurs fois pour prendre un thé ou un jus de mangue dans des petits estaminets.Solu 2016 vers Tendo 3Solu 2016 vers Tendo 2Solu 2016 vers Tendo 4

Nous arrivons à Tendo sous un déluge de pluie. Heureusement, nous trouvons une bonne âme pour nous accueillir car il n’y a pas de guesthouse dans ce village.

Dimanche 15 Mai, de Tendo à Djobari (2215 m) wp62

Levé 5h50, t=18°c, départ 7h10, Arrivée 12h, 4.2km en 4h50, cumul ascension 931 m, cumul descente 75 m

Solu 2016 vers Djobari 1

Il a plu toute la nuit et il pleut toujours au réveil. Nous ne nous hâtons pas. De plus, nous sommes lessivés par les deux jours de marche précédents. La pluie s’arrête pendant le petit déjeuner (thé et biscuits). Nous mettons moins d’une heure et demi pour rejoindre Phedi où il y a deux lodges à l’entrée du village. Nous ne prenons pas la précaution de remplir nos gourdes d’eau avant la grande montée et nous devrons quémander un litre d’eau dans une maison isolée. Nous arrivons à Djobari fort tôt mais nous décidons de prendre du repos dans un petit lodge dont il faut retrouver le propriétaire avant de pouvoir s’installer. Nous nous récompensons des efforts de la matinée avec une bière et des biscuits en guise de déjeuner.

L’école est en reconstruction juste à côté du lodge. Les dégâts sont probablement une conséquence du tremblement de terre d’Avril 2015. Beaucoup de maisons sont endommagées, cadenassées ou en reconstruction sur la route. Les villageois remontent la charpente pendant que les enfants suivent leurs cours dans un bâtiment provisoire. La classe est perturbée par notre arrivée et nous nous transformons en distraction locale et improvisée.Solu 2016 vers Djobari 2Solu 2016 vers Djobari 3

Lundi 16 Mai, de Djobari à Salpa (3357m) wp67

Levé 5h40, t=15°c, départ 7h20, Arrivée 15h45, 8.4 km en 8h30, cumul ascension 1394 m, cumul descente 247 m

Solu 2016 vers Salpa 1

Premier changement de pile pour le GPS. Il fait plutôt beau ce matin et nous prenons notre temps pour le petit déjeuner de thé et biscuits achetés au magasin du lodge. Je paie 1800Rs pour l’ensemble nuit, bière, dalbath avec esprit de pomme, biscuits, jus de mangue et thés.

Le village s’étend en hauteur et nous découvrons un autre lodge, plus centré, avec un vrai restaurant. Nous ne trouverons plus de point d’eau courante jusque Salpa. En effet, nous passons par des crêtes et la terre devient sablonneuse.

Solu 2016 vers Salpa 3

A mi chemin (lieu dit Kharka sur la carte), nous dévions sur la droite, selon les conseils de plusieurs passants et contre l’indication du GPS. Cette déviation nous fait passer par le lac alors que la carte prévoit qu’il est en retrait de la voie principale. Celle-ci a peut-être disparue dans un éboulement? Un orage nous surprend au début de la déviation et nous avons juste le temps de nous protéger dans une cabane-étable. Nous hésitons entre revenir vers le village abandonné qui précède ou tenter notre chance vers le lac pour camper, à moins d’un kilomètre théoriquement. Nous traversons une impressionnante forêt de rhododendrons. Certains sont encore en fleurs. Le spectacle doit être magique au printemps.

Nous n’avons plus qu’un litre d’eau et nous découvrons, à la place du lac, une cuvette totalement sèche sur un lit sablonneux avec quelques cabanes WP65. Il est presque 15h. Impossible de rester. Un passant nous indique que Salpa est juste de l’autre côté d’un col presque vertical. Nous voilà repartis. Contre les indications du GPS, le lac se trouve de l’autre côté du col, atteint en une demi heure. Il est encaissé et n’offre aucun panorama. Des ouvriers travaillent à l’aménagement de ses berges sacrées. Il est envahi par les brumes et ne donne pas envie d’y établir un campement.

Solu 2016 vers Salpa 4 Solu 2016 vers Salpa 5

Nous découvrons Salpa, assis sur une crête. Le village semble abandonné et il n’y a pas davantage d’eau courante. Salpa semble avoir pour vocation unique d’accueillir les pèlerins. Il y a heureusement une bâtisse ouverte. La propriétaire nous offre le gite dans une remise très sommaire où s’entasseront des porteurs et sa famille au cours de la nuit.

Mardi 17 Mai, de Salpa à Gudel (1975 m) wp70

Levé 5h45, t=6°c, départ 7h15, Arrivée 15h45, 14.7 km en 8h30, cumul ascension 337 m, cumul descente 1691 mSolu 2016 vers Gudel

 

La nuit a été entrecoupée d’arrivées bruyantes de porteurs. Nous avons renoncé aux blanquettes, franchement poisseuses. La propriétaire qui reste une femme d’affaire malgré la crasse ambiante nous réclame 1800Rs dont 1200Rs pour le dalbath!

Alertés par des sons plus ou moins concordants, nous assistons au petit matin à une procession partant du grand gompa face au lodge, conduite par un jeune homme coiffé de plumes et soi-disant en transe. Peu importe! Je suis surpris de voir les pèlerins le prendre en vidéo et en photos. Je ne fais rien d’autre. Vive la religiosité lorsqu’elle n’incite ni à la haine ni à la violence!

Il n’a pas été question de la moindre toilette à Salpa et nous nous arrêtons près d’un torrent pour nous laver et faire une petite lessive. wp68. Le soleil est de la partie pour notre bonheur. Ce versant est aussi très bucolique, tapissé de rhododendrons.

Solu 2016 vers Gudel 2

Solu 2016 vers Gudel 1

Un panneau rouillé indique Sanam et une habitante nous recommande de poursuivre la route dans cette direction. Nous préférons continuer par la vallée pour éviter un nouveau col, inutile. Le chemin de la vallée est moins emprunté et plus difficile à suivre. Le temps reste beau jusque 14h30, au moment où un chilien nous double comme un bolide. C’est notre premier trekkeur en 4 jours et même le premier depuis que nous sommes dans le Makalu.

L’orage arrive pendant que nous devisons. Les panchos, fréquemment utilisés jusque là, sont inutiles du fait des bourrasques de vent. Il est bien temps d’arriver à Gudel avant d’être trempés. Le lodge qui s’offre à nous, Kopila Guesthouse, est d’une propreté remarquable. Du jamais vu!

 

Mercredi 18 Mai de Gudel à Khiraule (2539 m) wp72

Levé 5h30, t=14°c, départ 6h40, Arrivée 17h30, 9.4 km en 10h50, cumul ascension 1264 m, cumul descente 712 m

Solu 2016 vers Kiraule 5

Tout a bien commencé avec un petit déjeuner digne du Khumbu. Sylvie est frappée brutalement par une tourista alors que nous avons à peine entamé la descente. Nous nous arrêtons en urgence. Le rythme de la marche s’en ressentira dans la journée. Nous attaquons le versant opposé en abandonnant le chemin principal pour éviter le centre de Gudel en déviant franchement sur la gauche. La traversée des petits hameaux est fort sympathique mais le chemin se perd souvent dans les terrasses des champs. Nous demandons plusieurs fois notre direction aux habitants, un peu surpris de nous voir passer là…

Solu 2016 vers Kiraule 1Solu 2016 vers Kiraule 4

Nous nous arrêtons dans un lodge superbe, aux bois cirés pour le déjeuner Panch Pokhari Lodge wp71 . Nous prenons notre temps (1h30) pour bien apprécier ces lieux luxueux. Nous sommes loin des haltes sommaires du Makalu. Nous reprenons notre interminable montée vers Khiraule. lentement et en goûtant la tranquillité et le charme bucolique de la région. Un petit paradis s’ouvre à nous et nous nous arrêtons plus souvent que pour récupérer notre souffle, pour profiter de ce que nous offre le chemin.

C’est fort tard que nous arrivons au lodge indiqué à plusieurs reprises par les habitants. Il jouxte un temple au temenos circulaire, composé de manis et bordé de grands pins. Magnifique!

Solu 2016 vers Kiraule 6

La nuit est tombée lorsque nous sortons de la salle à manger, repu de dalbath et de raksi. Le panorama, aussi loin que se portent nos regards, est tapissé de petites lumières, autant de maisons, comme les étoiles, innombrables. Les lieux sont silencieux et respirent la sérénité. Nous ne sommes pas montés pour rien.

La nuit est un peu chère, 500Rs, mais quand on est aux portes du Paradis, on ne compte pas.

Jeudi 19 Mai, de Khiraule à Inkhu khola (1982 m) wp74

Levé 6h, t=8°c, départ 8h, Arrivée 15h15, 8.3 km en 7h15, cumul ascension 615 m, cumul descente 1136 m

Solu 2016 vers Inkhu khola 1

Il a plu une bonne partie de la nuit après la journée ensoleillée d’hier. Il fait gris ce matin et il nous faut rejoindre les deux stupas impressionnants qui gardent le col. Nous traversons des nappes de brouillard. La descente vers Inkhu khola est difficile. Nous traversons Nadjingsur un plateau qui possède trois lodges corrects. Nous arrivons au pont vers 15 heures et nous n’avons pas le courage de remonter 700m pour atteindre Sibuje. Nous touvons un lodge rustique juste après le pont mais qui possède une douche! (1800Rs diner, nuité, petit déjeuner)

Solu 2016 vers Inkhu khola 2Solu 2016 vers Inkhu khola 3

Les gorges de l’Inkhu khola sont spectaculaires. Le temps est malheureusement fort nuageux et les averses commencent à tomber à partir de 16 heures.

Solu 2016 vers Inkhu khola 4

Vendredi 20 Mai, de l’Inkhu khola à Panggom (2900m) wp78

Levé 6h, t=15°c, départ 7h30, Arrivée 15h20, 7.1 km en 7h50, cumul ascension 1234 m, cumul descente 365 m

Il a plu toute la nuit et ça continue ce matin. Les ponchos n’ont jamais autant servi! Nous nous arrêtons à Sibuje dans le brouillard (wp75) pour le déjeuner à 10h50. La montée nous a épuisés alors que nous ne sommes qu’à mi hauteur. Nous nous restaurons d’une soupe au nouilles, d’une omelette et de thé (800Rs). Ces arrêts sont autant d’occasions de partager la vie quotidienne des familles népalaises.  Une averse nous coince une bonne heure. Nous repartons dans le brouillard. Il y a des lodges de bon standing (wp76).

Une averse nous surprend de nouveau et c’est sous les ponchos que nous continuons…

Solu 2016 vers Panggom 1

Un chemin indique « Pangome Gompa » et nous tentons d’y aller, contre les indications du GPS. Nous rebroussons chemin car nous n’avons pas idée où il peut nous mener. On découvrira ce Gompa sur une hauteur en arrivant à Panggom. Un chemin y conduit. Il était donc possible d’emprunter la bifurcation pour passer par le gompa tout en rejoignant Panggom.

Solu 2016 vers Panggom 2

Le lodge (Himalaya Trekkers) qui nous accueille est neuf et bien entretenu. Il possède même une douche chaude! Bon dalbath et excellent raksi à base de millet, « barli » et coing? diurétique en tous cas! 2000Rs pour le dîner la nuitée et le petit déjeuner.

Une soirée dansante se prépare avec des filles assez délurées. Nous sommes prévenus mais nous ne sommes pas invités! Dans un si petit village, cela paraît étonnant. Ces filles sont probablement accueillies dans un hostel attenant au lodge. Il est aussi probable qu’elles aillent dans une école Hillary. Sa fondation en a créées beaucoup dans la région. Dans ce cas, on peut affirmer que c’est une grande réussite.

 Samedi 21 Mai, De Panggom à Jubhing (1656 m) wp 79

Levé 6h30, départ 7h30, Arrivée 17h, 13.1 km en 9h30, cumul ascension 1115 m, cumul descente 2416 m

Solu 2016 vers Jubhing 1

Nous puisons dans nos réserves pour le petit déjeuner car la gérante a des messages à envoyer et n’a pas trop le temps de s’occuper de nous…  Alors que nous étions déjà parti vers Bupsa, elle nous indique, d’une fenêtre de son lodge, un autre chemin pour aller vers Taksindu. Nous n’en tenons pas compte. La descente se transforme bientôt en montée assez raide, illogique puisque nous devons rejoindre la vallée. Sylvie se prend un pied dans une racine alors qu’elle glisse. Toute sa jambe retient son poids et celui de son sac en torsion. La première douleur passée, toute la jambe reste endolorie. Elle décide de repartir lentement et en boitant. Je prends son sac. Nous sommes heureusement proches de Bupsa.Solu 2016 vers Jubhing 2Solu 2016 vers Jubhing 3

La route vers Bupsa conduit à Lukla et Namche. C’est un grand détour pour aller vers Taksindu car il faut inutilement plonger dans la vallée de Kharikhola. Nous nous arrêtons dans le premier lodge, très propre. Le propriétaire nous donne une pommade anti inflammatoire et nous recommande de ne plus faire d’effort aujourd’hui. Repas 850Rs. Le genoux allant mieux, nous repartons vers Taksindu sur la piste importante qui conduit de Jiri et Phaplu à Namche. Les convois de mulets sont presque discontinus. Le chemin est tapissé de crottin pestilentiel et glissant. Il faut parfois repousser les bêtes avec le bâton  pour ne pas se faire bousculer. Pour ne rien gâcher, c’est une fête nationale bouddhiste aujourd’hui. Des discours répétitifs, diffusés par haut-parleurs, nous accompagnent une grande partie de l’après-midi. Nous nous arrêtons à Jubhing. Les lodges, ici, n’ont plus la qualité de ceux rencontrés depuis quelques jours.

Solu 2016 vers Jubhing 4

Dimanche 22 Mai, de Jubhing à Nunthala (2198 m) wp80

Levé 5h45, t= 17°c, départ 7h20, Arrivée 12h, 5.7 km en 5h40, cumul ascension 741 m, cumul descente 192 m

Solu 2016 vers Nunthala 2

La journée précédente nous a coûté 1250 Rs déjeuner et 1650 Rs nuit et dîner. la moyenne des dépenses s’établit 25-26€/jour

Le ciel est bien dégagé ce matin et nous pouvons apercevoir quelques hauts sommets du Khumbu. La marche commence pour une descente peu commode dans le crottin de mulets vers la Dudh khola. Puis commence la montée sous le soleil qui nous scie les jambes. Le genoux de Sylvie va mieux.

Les piles du GPS sont changées pour la seconde fois à 11h10.

Solu 2016 vers Nunthala 3

Nous arrivons à Nunthala pour déjeuner (superbe Himalayan Trekker Lodge). Le village est particulièrement beau et propre. Pour un peu, on se croirait en Suisse. Les gens sont souriants et cela nous donne envie de rester. La décision est prise après le déjeuner: après midi de repos avant les 4 prochains jours de montée. Nous vaquons dans la rue principale et reprenons nos forces.Solu 2016 vers Nunthala 5Solu 2016 vers Nunthala 6

Lundi 23 Mai, de Nunthala à Taksindu la (3053 m) wp DK01

Levé 5h30, t= 16°c, départ 6h50, Arrivée 11h15, 5.7 km en 4h35, cumul ascension 926 m, cumul descente 70 m

Solu 2016 vers Taksindu la 3

Est-ce que Nunthala est dotée d’une Hillary School? De grands bâtiments surplombent le village, comme nous en avions vus à Panggom. Nous montons sans difficulté en comparaison d’hier. Le soleil est tamisé d’une légère brume. Le panorama est malheureusement bouché partiellement par les nuages. La vue reste magnifique. Après enquête à Taksindu, nous décidons de poursuivre jusqu’à Taksindu la où se trouve un lodge récent et point de départ pour Dudh Kund, le lac de lait.

Solu 2016 vers Taksindu la 1

Nous sommes dans la brume maintenant et Sylvie mangerait un poulet même avec ses plumes (dit-elle). Nouvelle après midi de repos dans un lodge bien confortable.

Solu 2016 vers Taksindu la 4        Solu 2016 vers Taksindu la 2

 

Mardi 24 Mai, de Taksindu la à Camp 1 (3884 m) wp 81

Levé 5h30, t= 9°c, départ 7h30, Arrivée 15h15, 8.3 km en 7h45, cumul ascension 1037 m, cumul descente 210 m

Solu 2016 vers camp 1 1JPG

Le départ se fait dans le brouillard. Sylvie bougonne car elle ne voulait pas partir par ce mauvais temps. J’espère qu’il se lève avec l’ascension. Le chemin est très bucolique et bien marqué. Il traverse une belle forêt de rhododendrons dans la première partie qui devient mixte ensuite. Nous déjeunons lorsque deux népalais nous doublent: ils rejoignent un campement de hauts pâturages. Ce sont les seuls humains que nous croiserons au cours de ces trois jours. Il se met à pleuvoir par intermittence vers 14 heures.

Solu 2016 vers camp 1 2

Nous découvrons de beaux massifs de rhododendrons jaunes, encore bien fleuris à ces altitudes.

Nous avons fait à peu près la moitié du chemin jusque Dudh Kund quand nous trouvons un lieu correct pour un campement. Il pleut toujours et nous montons la tente dans des conditions difficiles.  Il nous faudra nous contenter de l’eau qu’il nous reste car nous n’avons pas encore trouvé de source sur le chemin.

Solu 2016 vers camp 1 3

Mercredi 25 Mai, de Camp 1 à Dudh Kund pokhari (4626 m) wp 83

Levé 6h00, t= 0°c, départ 7h30, Arrivée 15h20, 9.7 km en 8h15, cumul ascension 954 m, cumul descente 237 m

Solu 2016 vers Dudh Kund 1

La pluie s’était arrêtée dans la nuit pour reprendre de plus belle. Elle est accompagnée de rafales de vent puis de neige. C’est une vraie tempête. La température chute brutalement. Nous craignons que la tente ne s’envole et que les sacs, protégés par les ponchos, ne tombent dans le ravin. Je me lève avant le lever du jour pour vérifier l’installation. Le spectacle est dantesque avec un quartier de lune et quelques étoiles apparentes dans des pans de ciel dégagé, et, au loin, les grands massifs maintenant découverts, surplombés d’une couche noire, inquiétante. J’enlève la neige qui s’accumule sur le double toit, faisant se toucher les deux parois. Je me recouche en espérant que la tempête cesse rapidement.

Lorsque le temps se calme, le ciel est totalement nettoyé. Un tapis de neige recouvre les alentours. Après le petit déjeuner, Sylvie n’est pas convaincue de continuer. J’ai décidé de continuer coûte que coûte, maintenant si près du but. Elle devrait alors descendre seule jusqu’à Taksindu la. La perspective de la traversée de la forêt lui fait changer d’avis.

Solu 2016 vers Dudh Kund 2Solu 2016 vers Dudh Kund 3

Premier point d’eau courante à wp 82. Sylvie est particulièrement lente et je commence à douter de nos capacités à parvenir au lac aujourd’hui. Je décide de porter son sac. Je monte sur un dénivelé de 500m environ avec 28 kg et quelques crampes me feront souffrir à l’étape!Solu 2016 vers Dudh Kund 4

Le temps se bouche rapidement avec la montée des brumes provoquées par la chaleur des premiers rayons du soleil. Il se met à neiger mais il n’y a pas d’orage. La brume se retire de temps en temps pour nous faire apercevoir des sommets majestueux et des falaises gigantesques, si proches maintenant. Nous arrivons à Dudh Kund exténués. Surprise! il n’y a pas de lac mais un alignement de murs bas. J’ai oublié que le lac est plus au Nord. Il faut continuer…

Le lac lui-même est plus petit que je ne pensais. Son niveau a beaucoup baissé à voir les différentes strates laissées sur ses berges. Les massifs se découvrent par intermittence. Nous installons la tente sur une étendue de sable fin.

Solu 2016 vers Dudh Kund 5

Jeudi 26 Mai, de Dudh Kund à Taksindu la

Levé 6h00, t= 7°c, départ 9h00, Arrivée 17h35, 17.6 km en 8h35, cumul ascension 554 m, cumul descente 2136 m

Dudh Kund Pokhari

Les montagnes ne sont pas apparues le soir et il a neigé cette nuit. La température reste cependant trop élevée pour avoir un temps clair et sec. Nous faisons sécher les sacs et les affaires aux timides rayons du soleil matinal. Je me promène pour capter les rares moments où les paysages se découvrent. L’endroit est splendide. Je ramasse quelques vieilles pièces de monaie

Solu 2016 Dudh Kund 1 Solu 2016 Dudh Kund 2 Solu 2016 Dudh Kund 3 Solu 2016 Dudh Kund 4 Solu 2016 Dudh Kund 5

J’en profite pour repérer les passages possibles pour monter sur une crête ou sur un sommet. Ce sera peine perdue pour cette fois-ci: le temps est beaucoup trop instable pour pouvoir continuer. Le temps se gâte rapidement. Nous nous décidons à redescendre dans le brouillard et sous la pluie intermittente. Nous sommes heureux de retrouver le lodge de Taksindu la.

Vendredi 27 Mai, de Taksindu la à Phaplu (2490 m) wp 84

Levé 6h30, t= 14°c, départ 8h30, Arrivée 13h30, 14.7 km en 5h, cumul ascension 421 m, cumul descente 997 m

Solu 2016 vers Phaplu 1

Nous prenons notre temps ce matin. Il y a du soleil même si les massifs sont déjà dans les nuages. Nous n’avons pas de regret d’avoir abrégé notre séjour là haut. La route est carrossable à partir de Taksindu la, au moins par les tracteurs et les motos. Il faut faire attention de ne pas quitter la piste qu’elle coupe fréquemment pour éviter de monstrueux détours. Le chemin traverse de très jolies forêts de pins centenaires.

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Le trek s’achève à Phaplu, ville un peu glauque, comme toutes les villes frontière.

Solu 2016 vers Phaplu 6

Nous réservons la jeep du retour dans le lodge. Rendez-vous à 5h pour un départ ponctuel à 5h30.

 

 

 


Du 8 au 27 octobre 2015

Sherpani pass vue de Kamepe ri

Avant-Propos:

Pour cette troisième exploration des vallées du Makalu, nous avions vu gros: Surplomber Shersong pour découvrir simultanément l’Everest et le Kanchenjunga, aller jusqu’au pied du Cho Polu, enfin vaincre un sommet de plus de 6000m pour admirer (de très près) le Barun Tse!

J’avais recruté un partenaire sur trekkingpartners.com  pour sécuriser la progression, toujours risquée en haute montagne. Mal m’en a pris puisque l’individu m’abandonna à Kongma, prétextant un sac trop lourd, des pieds endoloris et le mauvais temps! Il me faudra, à l’avenir, prêter plus d’attention à la sélection des candidats à l’aventure!

Il a donc fallu rabattre un peu mes ambitions mais le plus important a été effectué (mon premier 6000 en solitaire!). De  plus, l’extraordinaire vallée du Barun, pour la première fois, s’est découverte sous un superbe soleil d’automne.

Par chance, j’arriverai à me déplacer malgré la crise du pétrole qui secoue le Népal. Peu de jours après mon retour, les vols intérieurs seront annulés pour cause de pénurie… Après le tremblement de terre du 25 avril dernier, il faut que les népalais soient particulièrement sereins pour supporter avec autant de calme tous ces malheurs et toutes ces privations sans broncher!

001Kathmandu

Les trekkeurs seront plus nombreux qu’en Mai 2014 sur les chemins du camp de base.  Après, ce sera la grande solitude, rompue par quelques corbeaux tentant de me voler ma maigre pitance. J’aurai tendance à sympathiser davantage avec les guides et les Sherpas qu’avec certains touristes fort exigeants et parfois même irascibles. Je suis de plus en plus opposé aux voyages organisés expédiant des gens sans effort en altitude et laissant dans la montagne des tas d’ordures comme souvenirs éternels de leurs passages (voir en annexe : La trekkeuse et ses porteurs).

Préparation:

Le même matériel est utilisé qu’en mai 2014. J’embarque cette fois-ci 4.5 kg de nourriture pour 6 jours prévus d’autonomie sur le glacier du Barun. Je suis chargé de 20 kg avec l’eau et l’essence (c’est trop, mon dos s’en ressentira).

Les routes sont inscrites à partir de Google Earth sur le GPS comme d’habitude. Le glacier du Barun a été mis sens dessus dessous, probablement par le tremblement de terre du 25 Avril, et, dans cet enfer d’éboulis et de crevasses béantes, mes prévisions de routes ne serviront pas à grand chose…

Situation:

situationSituation parcours Glacier Barun effectué

Accès et Budget:

Je voyage de nouveau avec Air India (620€, bon service). Il est facile de trouver moins cher mais les escales sont souvent fort longues… Au retour, nous arriverons avec plus d’une heure de retard à Delhi mais l’avion pour Paris nous attendra sagement. Yeti Airlines, comme les autres compagnies, a augmenté ses tarifs en 2015 (247€ AR). J’ai utilisé des jeeps privées pour le trajet Khandbari – Num (600Rs à l’aller, mais 3000Rs au retour) par crainte de pénurie de pétrole mais aussi pour le confort!

Sur place, au Népal, la dépense, tout compris et sans trop compter, a été de 500€ (avec 4 jours d’autonomie « gratuits »). Avec les vols domestiques et internationaux, la dépense totale s’élève à 1370€, incluant visa et accès au parc. Pour une telle aventure et lorsque l’on regarde les catalogues, cela reste vraiment très bon marché!

Il faut compter en moyenne 15 à 20€/jour pendant le trek lui-même, quand on ne consomme pas de bière (350 à 500Rs la bouteille, lui préférer le raksi local 😉

Agenda:

Agenda

Altitude à l’étape:

Altitude à l'étape

 

Altitude = f(Distance):

Altitude f distance

Dénivelé Total Quotidien:

Dénivelé Jour

Le Trek au Jour le Jour:

Jeudi 8 Octobre: de Num à Seduwa –

départ 11h35 – arrivée à 17h55 – altitude 1564m

Le voyage en jeep a été très confortable. Sur la route, les montagnes convoitées se découvrent déjà au loin. C’est un appel à l’aventure!002 seduwa

Ce n’est pas vraiment la grande forme pour ce premier jour qui n’est pas le plus facile. De Num, Seduwa paraît toujours fort proche, à la même altitude et juste séparée par la vallée de l’Arun. Juste: il ne faut pas oublier la descente de 750 m puis la montée de 820 m. Nous ne nous pressons pas et nous arriverons à la tombée de la nuit à Seduwa.

003 seduwa

Du 9 au 11 Octobre: Interruption dans la région de Seduwa, Robesha, Tashigaon

Voilà trois jours d’interruption pour mener à bien les audits nécessaires à l’avancement des projets en commun avec Friends of Nature. Grâce à Dawa, je découvre une cascade bien agréable pour prendre un bain à une petite demi-heure du village.

005 seduwa cascade

 

Lundi 12 Octobre: de Seduwa à Tashigaon

Lever 6h45, départ 8h40, arrivée 13h15, altitude 2200m

La marche est facile aujourd’hui. Il faut prendre garde de ne pas accrocher de sangsues, en marchant autant qu’il est possible sur les pierres du chemin. La seconde moisson de riz de l’année a commencé et l’activité bat son plein dans les champs.

J’en profite pour visiter l’école de Tashigaon, récemment équipée. L’accueil est chaleureux. Le temps s’est couvert dans la matinée mais nous évitons la pluie. Je m’installe dans le seul lodge ouvert.

006 Tashigaon

Mardi 13 Octobre: de Tashigaon à Kongma

Lever 6h, T intérieure 14°C, départ vers 8h, arrivée 15h30,  altitude 3614m

Le temps est beau en début de matinée et se couvrira fortement dans la montée pour terminer par un orage très violent en soirée avec grêlons et neige. Le climat tropical a brutalement laissé place à l’hiver.

Ce jour est probablement le plus difficile de tout le parcours avec l’ascension de 1450m qu’il impose. Le « partenaire » montre des signes de fatigue et de mauvaise humeur anormaux et alarmants. Le seul avantage de la situation est qu’elle est réversible. C’est comme cela que je me réconforte en me demandant comment j’arriverai à le traîner jusqu’au glacier du Barun…

Nous déjeunons à mi parcours dans un petit restaurant (N 27.642,  E 87.2152, 2939m) appartenant au fils aîné de la propriétaire du lodge de Kongma et ouvert pour la circonstance. C’est une affaire de famille sur toute la route jusqu’au camp de base…

Je repère l’embranchement probable du chemin pour la vallée d’Isuwa (Ishuwa)  sur la crête (N 27.647117° E  87.209821°). Ce peut être un futur trek. Il n’est pas dit que le chemin se poursuive très loin. La descente puis la progression en pleine jungle, si le chemin disparaît, me paraît compromettante.

Il pleuviote quand nous arrivons à Kongma où deux nouveaux lodges se sont construits depuis 2014. Je reste fidèle en m’installant dans le plus ancien.

Dans la soirée, alors que la neige commence à blanchir les alentours, un guide m’affirme que le mauvais temps durera une semaine encore car la pluie doit nettoyer la terre du sang des animaux sacrifiés pendant la fête hindoue du Dashain. C’est pratique. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, le « partenaire » m’apprend qu’il m’abandonne à mon triste sort…

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Mercredi 14 Octobre Acclimatation à Kongma

La pluie a remplacé la neige dés le matin. J’avais envisagé de franchir les quatre cols pour arriver à Dobato dés aujourd’hui, en négligeant l’acclimatation, précaution pourtant nécessaire. Le mauvais temps me persuade qu’il vaut mieux rester à Kongma. Je passe une bonne partie de la journée au lit, sous 3 couches de blanquettes pour ne pas me refroidir.

Je rencontre deux jeunes trekkeurs allemands qui me reconnaissent. Ils ont organisé leur trek avec les renseignements de mon livre de bord de mai 2014 et reviennent du camp de base. Voilà une agréable surprise liée à la célébrité naissante de mon site! Ils espéraient aller jusqu’à Sherpani mais ils ont abandonné, sans accompagnement… Dommage que nous ne nous soyons pas croisés plus tôt.

Jeudi 15 Octobre: les quatre cols jusque Dobato

levé 6h15 – T intérieure 7°C – départ 7h20 – arrivée 13h30 – altitude 3900m

Comme j’ai l’habitude à Kongma et au-dessus, c’est une course perdue à l’avance avec les nuages. Le soleil commence à peine à donner que des brumes s’arrachent déjà des coteaux gorgés d’humidité. Celles-ci montent pour s’accumuler vers 4000m. Je pars avec le soleil et arrive à Kongma la à 8h. J’aperçois encore la chaîne de montagnes à l’Est, dominée par une couche de nuages de haute altitude. Parmi elles doit se cacher le Kanchenjunga (8586m et troisième sommet du monde). Il paraît qu’on le voit d’ici par temps dégagé. Les sommets coiffant la vallée d’Isuwa, sont quant à eux, totalement cachés.

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La vallée de Tashigaon à Num est toujours sous le clair soleil du matin. Elle me semble déjà bien loin.

Une pluie fine me rejoint vers le 3ème col (Shipton la, 4230m) qui se transforme bientôt en neige jusqu’à mon arrivée à Dobato. La marche est mille fois plus facile que l’année dernière car le chemin est libre de toute neige ou glace. Je fais cependant attention à chaque pas de ne pas glisser sur les pierres humides. J’attrape un léger mais persistant mal de tête, malgré l’acclimatation d’hier. Un cachet d’ibuprofène ne le supprime pas complètement. Je me force à manger sur la route en m’abritant sous le toit d’un bâtiment nouvellement construit.DSCF3163

La neige redouble à proximité de Dobato et je suis heureux de retrouver Pemba Sherpa qui m’accueille avec sa bonne humeur habituelle. Nous déjeunons ensemble d’un délicieux dalbath aux abats, arrosé de thé.DSCF3166DSCF3169

Vendredi 16 Octobre – Acclimatation forcée à Dobato

Vers 5h30 du matin, le crépitement sur le toit de tôles de la neige glacée me réveille. C’est plus qu’un mauvais présage. Je ne me précipite pas pour un départ aux aurores… Il neigera toute la journée et je commence à désespérer de la météo. Apparemment, le sang des sacrifices de Dashain ne se lave pas facilement. J’essaie de gérer ma journée pour que le temps ne s’écoule pas trop lentement. L’arrivée de trekkeurs, dans l’après-midi, me donne l’occasion de discussions animées. Six français arrivent de Yangle avec une armée de porteurs. Une trekkeuse m’apostrophe brutalement car elle trouve honteux d’utiliser les services d’enfants de 12 ans et portant des charges élevées (30 kg). J’ai beau essayer d’argumenter en lui disant qu’elle devrait faire pression sur son agence de voyage, que je n’y suis pour rien, que je suis moi-même simultanément guide, porteur, et trekkeur, rien n’y fait mais le temps passe et c’est le principal. Voir annexe « la Trekkeuse et ses Porteurs ».

Samedi 17 Octobre – de Dobato à Yangle kharka

levé 6h – T intérieure -1°C – départ 7h – arrivée 13h40 – Altitude 3620m

Comme pour me rassurer des doutes d’hier et me surprendre, il fait plein soleil ce matin! De quoi punir ceux qui ont renoncé trop rapidement à cause du mauvais temps et récompenser ma ténacité! J’ai laissé un peu de vivres à Pemba car je ne pourrai d’ores et déjà pas rester 6 jours sur le glacier du Barun. Il est inutile de me surcharger inutilement.


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La brume monte de l’Est, poussée par un vent glacial. Les éboulis bordant le Barun ont été un peu consolidés depuis mai 2014 et la progression se fait un peu plus aisément. A Yangle que je retrouve sous la brume, le jeune propriétaire me reconnait et je retrouve un couple d’espagnol rencontré à Seduwa. Ils reviennent du camp de base où ils ont eu beau temps. Cela me redonne confiance et courage. Encore une bonne soirée au coin du feu.DSCF3196

Dimanche 18 Octobre – de Yangle à Shersong

levé 5h45 – T intérieure +1°C – départ 7h – arrivée 15h06 – Altitude 4698m

C’est la troisième journée difficile du trek avec un dénivelé de plus de 1000m. J’estime que l’acclimatation double à Kongma et Dobato doit suffire.  Cette année, le lodge de Langmale est ouvert et permet un arrêt de sécurité pour les trekkeurs sans tente.

J’ai la surprise de découvrir la magnifique vallée du Barun sous le soleil. Les paysages sont grandioses, en même temps encore très verts mais bordés de falaises ocres et sombres, gigantesques. Plus loin se profilent les hautes montagnes enneigées que je dois rejoindre en deux petits jours maintenant.

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Un léger mal de tête m’accompagne sur toute la montée. Le vent d’Est reste glacial et le soleil peine à me réchauffer dés que je m’arrête pour souffler un peu.

Je n’ai croisé qu’une jeune maman et son bébé de toute la journée. Elle me demande où se trouve mon guide et mes porteurs. Quand je lui réponds que je suis seul, elle reste très dubitative. Cette situation lui semble totalement improbable. Elle me quitte avec ses doutes.DSCF3233

Je retrouve mon camp à Shersong et je plante ma tente dans le même enclos. L’ibuprofène supprime la migraine. La soupe au poulet mélangée aux grains de semoule est un régal.

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Camp de Shersong, bordé par les Pics 6 et 7

Il n’y a déjà plus personne ici. C’est l’orée du monde minéral.

Lundi 19 Octobre – de Shersong au Camp du Barun

levé 6h07 – T intérieure -4°C – départ 8h25 – arrivée 15h24 – altitude 5122m

Le grand beau temps persiste! Je peux profiter de la vue sur les pics 6 et 7  (6758m) d’un côté et le Makalu (8485m, cinquième sommet du monde) de l’autre.

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Le Makalu, 5ème sommet du monde – 8485m

Tout est couvert de givre. Il me faut beaucoup de temps pour démonter le campement, sécher le duvet et la tente. Le duvet sèche sur un muret de pierre. La tente restera mouillée au pliage.

Je pars donc fort tard mais j’arrive rapidement au camp de base, à 10h40. Le lodge de Pasang est cadenassé. J’apprends qu’elle s’est mariée cette année et est partie vivre à la frontière du Tibet. Je profite de la halte pour déjeuner d’une plâtrée de riz et de patates arrosée de thé dans le dernier lodge ouvert (700Rs!)DSCF3248

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emplacement du Sandy Camp, avalé par le glacier

Je m’engage ensuite sur le chemin de Sandy Camp. Tout va bien jusque 5000m. Je suis ensuite des cairns que je n’avais pas vus l’année dernière. Comme ils m’emmènent vers une sorte de plateau, je ne m’inquiète pas en pensant que j’ai peut-être trouvé une solution pour gravir la centaine de mètres séparant le glacier de la moraine où se situe Sandy Camp. Malheureusement, je dois constater que le chemin se termine sur des éboulis dangereux car totalement instables. Il est impossible d’y progresser, même lentement. Un bloc de granit qui lâche me blesse le tibia. Le GPS m’indique que je suis encore à 1.4 km de Sandy Camp. Je ne reconnais rien de la configuration de l’année dernière. Plus j’avance, moins j’arrive à deviner où se trouve Sandy Camp. A 14h30, il faut que j’accepte l’évidence: Sandy Camp a disparu. La moraine, avec tout le versant de la montagne a glissé dans le glacier. Lui même est méconnaissable. Il se compose d’immenses cratères, de monts de caillasses et de crevasses béantes.DSCF3263

Je continue de progresser dans les éboulis en pente et finis par apercevoir sur le glacier un petit promontoire à peu près horizontal. Je m’y achemine lentement. Cette plate forme de sable fin est craquelée de petites crevasses. Le sol est instable partout mais c’est bien là qu’il faut que je m’installe pour la nuit. Je n’ai pas d’autre option.

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Camp sur le Barun

 

 

Je dois retourner sur mes pas pour chercher  l’eau du dîner et du petit-déjeuner dans une crevasse. Quand je remonte, je chasse un corbeau qui a commencé à déchirer mon sac de provisions. Il était temps!  Il n’a pas eu le temps de les entamer. Mon nouveau campement est plus bas de 80m par rapport à Sandy Camp disparu. A la nuit tombante, je peux quand même apercevoir le sommet de l’Everest derrière le Lhotse.

Mardi 20 Octobre – Du camp du Barun au Camp de Base du Kamepe Ri

Levé 5h49 * T intérieure -6°C – départ 7h45 – Arrivée 12h40 – Altitude 5472m

La progression semble à première vue moins difficile que la veille. Il n’en est rien. Les amas d’éboulis restent très peu propices à la marche. Je tombe en me tordant la cheville droite. Une petite douleur apparaîtra ensuite dès la moindre torsion. Je suis rassuré d’avoir emporté une chevillère et des bandes de compression.DSCF3259

 

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Vers le glacier latéral de Sherpani

J’avais prévu d’aborder le glacier latéral de Sherpani par le bas, c’est à dire par le glacier du Barun plutôt que par le promontoire formé par la moraine. La destruction de la moraine de Sandy Camp  ne me laisse pas le choix: c’est devenu la seule voie possible. Je m’engage dans un goulot assez étroit par lequel s’écoule l’eau de fonte du glacier. Ici, rien ne tient, que ce soit les pierres au sol ou les parois de terre et de pierres creusées par le torrent.

J’ai aussi des difficultés pour reconnaître le camp de l’année dernière. Tout semble avoir été chamboulé, ici aussi. Avec moins de violence. Je trouve des empruntes de pas qui me confirment que des trekkeurs sont passés par ici récemment. On m’avait averti à plusieurs reprises que deux groupes avaient tenté de rejoindre Sherpani pass.

Je profite du soleil pour faire une petite lessive et me laver un peu. L’eau du petit torrent a tendance à dévier pendant l’après midi avec son débit croissant du fait de la hausse de température. Il vient envahir mon campement! Je construis une petite digue avec des pierres et de la terre pour qu’il reste dans son lit d’origine.  Ma cheville ne me fait plus mal.

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Coucher de soleil sur le Makalu, vu du Camp de Base du Kamepe Ri

La fermeture du double toit, qui fonctionnait déjà mal, dysfonctionne totalement. C’est peut-être du au sable fin? Je peste car c’est le pire endroit où cela pouvait se produire! Je répare en perçant le tissu et en cousant tout au long, une fermeture plus ou moins étanche avec ma corde au diamètre trop important. La réparation me permettra de conserver un peu de ma chaleur.

Mercredi 21 Octobre – Ascension du Kamepe Ri – 6132m

Levé 5h40 – T intérieure -9°C – départ 7h – arrivée au sommet 12h (N 27.864611°, E  87.017533°) retour CB 15h24

Ascension Kamepe ri

C’est le jour J. Tout les efforts qui précèdent ont été effectués pour vaincre ce sommet. Si les monstres qui nous entourent, Baruntse et Makalu sont inaccessibles, l’ascension, entamée l’année dernière jusque 5850m, semble, elle, faisable sans matériel particulier. Le camp de base est parfaitement placé et le temps, comme depuis plusieurs jours maintenant, est totalement dégagé.


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La progression commence par l’ascension d’une pente composée de blocs de granit plus ou moins cohérents. Elle est plus facile que le chemin pour accéder au camp de base. L’absence de sac à dos facilite aussi la tâche. La vue se dégage progressivement tout autour vers le Makalu et le glacier du Barun, vers les cols de Sherpani, les glaciers immaculés et les sommets qui se découvrent par derrière vers le Khumbu. La pente relativement douce me conduit jusqu’à 6050m environ. Je croyais qu’il s’agissait pratiquement de l’altitude sommitale, selon les indications de mon GPS. Cependant, je suis encore loin du sommet, composé d’un double pic oublié par Google Earth! Je commence à apercevoir la première pointe que je dépasse en la contournant. Elle en cache une seconde que je dois rejoindre par une crête délicate car il faut contourner des obstacles qui donnent dans le vide. 
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Le Baruntse et ses glaciers

Au sommet, je peux découvrir le Baruntse ainsi que ses glaciers et les massifs plus au Nord Ouest: le Cho Polu et le Lhotse principalement. L’Everest se devine, caché pour sa plus grande part par le Lhotse.
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Je déjeune au sommet et décide d’entamer la descente par un canal d’éboulis au Sud, qui me semble plus sûr que le chemin de la montée. Cette descente, composée de poussières et de graviers se poursuit par des blocs de plus en plus gros pour donner sur le glacier de Sherpani.

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J’installe mes crampons pour le plaisir de marcher sur la glace. En progressant, je trouve des traces de pas à la file indienne. Ces traces se dirigent vers Sherpani Pass et confirment qu’un groupe au moins s’est dirigé récemment vers ce col.

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Glacier de Sherpani

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En descendant, je découvre, au pied du glacier, un camp appelé « Swiss Camp ». L’endroit serait superbe s’il n’était les tas d’immondices laissés par les groupes organisés, qui ne respectent rien. Des vieilles tables métalliques, de nombreuses paires de chaussures éventrées copinent avec des réchauds, des sacs et des bouteilles de plastiques. Des trekkeurs autonomes, même sans conscience, ne pourraient pas laisser de tels souvenirs puisqu’ils ne seraient simplement pas capables de les porter jusque là! Voir Annexe « la trekkeuse et ses porteurs »

Je rentre de mauvaise humeur au camp.

Kamepe ri, en Scherpa signifie la montagne sans neige. Neige se dit ka en Sherpa en allongeant le A, comme en Turc kar (le R ne se prononçant pas, provoque un allongement naturel du A). L’étymologie est probablement commune. Ces petits détails de l’Histoire de l’Humanité me passionnent.

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C’est au tour du réchaud de me lâcher au cours de la préparation du dîner. J’ai beau nettoyer le gicleur et la canalisation d’arriver de pétrole, je n’arrive pas à le rallumer. C’est peut-être la pompe. La panne est brutale en tous cas et j’ai les mains noires de suie. Il n’y a pas même moyen de me laver: tout cour d’eau est gelé depuis longtemps. Ce dernier événement m’incite à renoncer à rester un jour de plus pour tenter de rejoindre Sherpani Pass. Je me contenterai de la belle victoire d’aujourd’hui. C’est ce qu’on doit appeler la Sagesse!

Jeudi 22 Octobre : du Camp de Base du Kamepe Ri au Camp de Base du Makalu

levé 6h06 – T intérieure 0°C extérieure -7°C – départ 9h05 arrivée 18h15 – Altitude 4844m

Plus que les ennuis matériels, le retour vers MBC me contrarie. Je sais que, quelque soit le chemin, il sera dangereux et épuisant. Comme je suis arrivé avec difficulté par la lisière du glacier, je choisis de revenir par un trajet plus central. Je commence le retour en suivant une série de cairns sur le glacier de Sherpani. Ceux-ci disparaissent dans le goulot rejoignant le glacier du Barun.

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Dans ce champ de bataille pour géants, il me faut parfois perdre plus d’une demi-heure pour éviter une crevasse se découvrant au dernier moment: il n’y a aucune visibilité d’ensemble. Je descends sur une rampe de glace pour gagner un peu de temps. Je tente aussi d’éviter les plus gros monticules et entonnoirs d’éboulis. Le temps passe et j’avance très lentement, environ 300 m/h rapportés à une ligne droite. Lorsque je parviens enfin à la limite aval du glacier, je continue en longeant la berge du torrent naissant en espérant ainsi rejoindre le camp de base sans tracas. Je m’aperçois que ce n’est pas la bonne solution car il faudrait suivre les longs détours formés par ses méandres. D’autre part, l’eau tumultueuse empêche souvent la progression sur la berge. Je décide donc de rejoindre le début du chemin, en surplomb, à l’aide du GPS.

Je n’ai pas encore rejoint le chemin quand la nuit commence à tomber. Heureusement, une demi-lune, déjà levée, suffit à éclairer chichement les obstacles à mon acrobatique progression. Je dois marcher encore plus d’une heure avant de retrouver le camp de base.

C’est un sentiment particulier que celui d’entendre de nouveau des voix au loin et de sentir la fumée du feu de bois. Je m’engouffre dans le seul lodge ouvert, épuisé par 9 heures de marches aléatoires et parsemées de chutes. Mon dos en gardera un souvenir douloureux pendant plusieurs semaines.

Je passe le reste de la soirée avec un couple de français, locataires d’une maison à Patan. Ils veulent rejoindre le Khumbu en passant par Sherpani avec leur guide. Bon courage!

Vendredi 23 Octobre – de MBC à Yangle kharka

Levé 7h – T intérieure -5°C – départ 7h45 – arrivée 15h

Il fait un temps superbe au camp de base. Le Makalu, majestueux, trône toujours si près de nous.DSCF3356

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Pic 7. On distingue probablement Isuwa la sur sa droite.

Le chemin ne présente plus aucune difficulté, surtout avec le sac allégé de 4 kg de nourriture. Le temps se couvre progressivement dans la matinée et la neige commence à tomber bien avant l’heure du déjeuner. Je ne peux plus mettre mes gants car mes doigts sont blessés et endoloris par les nombreux rattrapages sur les blocs de granit d’hier.

Je croise un cortège nombreux de japonnais montant vers le camp de base. Certains sont équipés de parapluies. Dans le brouillard et la neige, ce spectacle est fantasmagorique.

Je me force à m’arrêter et m’installe dans une baraque abandonnée pour me mettre à l’abris du vent et de la neige. Il n’y a pas âme qui vive ici. La nature s’est couverte d’un manteau blanc. En repartant, je peine à trouver le chemin de temps en temps. J’arrive enfin à Yangle kharka qui ressemble à une carte de Noël. Le lodge est cadenassé et je crains de devoir passer une nouvelle nuit sous la tente. Le propriétaire me fait signe de l’autre côté du Barun: il regroupe ses 13 yacks avec ses compagnons puis il me rejoindra. Je peux m’installer à l’étage, resté ouvert.

C’est moi qui le rejoins pour finir car il me refait signe. Dans une petite baraque en bois, une fête improvisée a commencé: Onze des yacks sont parqués. Deux se sont enfuis dans la jungle mais ils seront retrouvés. A chaque jour sa peine… Cela n’inquiète personne. Le troupeau est maintenant prêt à rejoindre Tashigaon pour l’hiver.

Mon verre de tchang ne tarit pas car mon hôte le remplit dés que le niveau baisse un peu. Je reprends aussi des forces avec un délicieux mélange de viandes et de riz. Puis vient le temps des danses pour accompagner la musique népalaise traditionnelle. Je m’écroulerai plusieurs fois lorsqu’il faudra rentrer au lodge et je ne me souviens plus comment j’ai franchi le petit pont de bois recouvert de neige glacée enjambant le Barun…

Samedi 24 Octobre – de Yangle à Dobato

Levé 6h15 – T intérieure -4°C – départ 8h10 – arrivée 16h45

C’est de nouveau sous un beau soleil que je continue la descente de la vallée du Barun. Le petit vent d’Est glacé recommence à souffler. Mon dos, quant à lui, me fait mal assez rapidement et je suis obligé de m’arrêter plus souvent pour le soulager. Je ne rencontre personne sur la route sauf deux trekkeurs montant vers le camp de base.

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Dans la grande et interminable montée pour atteindre Dobato, le temps se couvre rapidement et le lodge m’apparaît finalement dans un brouillard glacé. Un brouhaha animé s’en échappe. Il est rempli et déborde de porteurs, de guides et de quelques rares trekkeurs. Certains ont installé des tentes. Un couple d’allemands s’est installé dans le dortoir. Je tente d’investir un lit qui semble libre. L’homme sort de son duvet comme un ressort bandé qui se détend brutalement. Il me jette un regard assassin. Je lui demande s’il a un problème. Il ne daigne même pas m’adresser la parole! Son guide, fort gêné, arrive à sa rescousse. « Vous ne pouvez pas rester à cet endroit, il faut vous installer ailleurs » « tous les lits sont-ils occupés? » Pas de réponse. « S’il vous plait, installez-vous avec les porteurs ». Ce n’est pas que cela ne me plaise pas mais je refuse par principe. Je vide mon sac sur le lit pour bien montrer que je ne capitulerai pas devant une telle arrogance de la part de ces touristes et une telle soumission de la part des Népalais. Pour finir, ces derniers n’en sont pas mécontents et nous passerons une très bonne soirée ensemble. J’apprendrai le lendemain que ce couple déplaisant ne paiera même pas ses lits et laissera leur guide régler leur addition sur son propre salaire…

Dimanche 25 Octobre – De Dobato à Kongma

Levé 6h30 – T intérieure -1°C – départ 8h – arrivée 14h25

Le temps est mitigé ce matin, avec quelques coins de ciel bleu qui disparaîtront rapidement. Dés que j’arrive au premier des quatre cols, le brouillard m’enveloppe. Les dieux locaux me préservent de la pluie et de la neige. Je n’aurai jamais parcouru ces passages sous un temps clément. Une équipe d’italiens sympa s’est installée à Kongma avec sa propre cuisine. Cela limitera nos échanges.

La propriétaire du lodge téléphone à Num (Japanese Sherpa Lodge) pour me réserver une place en jeep privée pour le retour à Khandbari. En effet, la pénurie d’essence rendrait le trajet aléatoire en jeeps publiques.

Lundi 26 Octobre – de Kongma à Seduwa

Levé 6h06 – Départ 7h25 – Arrivée à Tashigaon 11h15 – Arrivée à Seduwa 16h45

C’est une longue journée de marche en descente dans un climat redevenu doux. Ma place de jeep est confirmée le soir pour le lendemain vers 13 heures.

Mardi 27 Octobre  – de Seduwa à Num

Levé 5h40 – départ 6h45 – arrivée 11h45

Fin du trek.

Annexe : La Trekkeuse et ses Porteurs

C’était à Dobato et il avait plu toute la journée. Ce genre de jours, le temps passe très lentement et il faut prendre son mal en patience. Il n’y a rien à faire que de grignoter le moins vite possible le seul bouquin embarqué… ou de se vider l’esprit en essayant de se réchauffer au plus près du foyer.

Quel temps fera-t-il demain? « Plus la pluie tombe, moins il en reste dans le ciel » dit l’optimiste. « Une grosse dépression a envahi le pays. Elle est bien accrochée à la chaîne de l’Himalaya » dit le pessimiste.  Si cela continue, les cols seront bientôt fermés! …

C’est de ce genre de torpeur que m’extrait une trekkeuse arrivant de Yangle Kharka. L’après-midi est à moitié avancée, comme coincée entre une matinée maussade et une soirée qui ne veut pas arriver. Je l’examine en détail: elle est trempée, les traits tirés et semble en colère. La montée vers Dobato est un supplice en temps normal et la pluie a du transformer chaque pierre en piège redoutable pour les chevilles. Je compatis par une petit sourire solidaire. Ma mimique est une invitation à la conversation.

Après s’être à peu près égouttée, elle se rapproche de moi d’un pas guerrier.

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Du 6 au 29 novembre 2014

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Lhotse et Everest vus du Kalapatar

(vous pouvez agrandir les photos en cliquant dessus)

1. Impressions générales :

Boz51 (Voyages Forum) nous avait donné l’envie d’effectuer ce trek avec son article et ses photos de fin 2013. Qu’il en soit remercié !

Si les vallées du Solu Khumbu sont très fréquentées, elles n’en sont pas moins dangereuses. Les hélicoptères sont innombrables qui vont chercher les touristes insouciants souffrant du mal des montagnes parce qu’ils ont monté trop vite.

Prendre les chemins de traverse par les 3 cols (Kongma, Cho et Renjo la) permet de profiter au maximum de la beauté des montagnes tout en évitant la promiscuité de ces longues files de randonneurs cliquetant leurs bâtons de marche en cadence, commandés par un « guide » en tête et un autre en queue… Ils ne peuvent, par bonheur, que marcher dans les vallées pour rester entiers.

Trois cols à plus de 5300m, un petit sommet à 5640m et 170km en 23 jours dont 10 à plus de 4500m, ça use. Surtout que nous portons 18kg et 14kg sur le dos. Tente, nourriture, réchaud pour être autonomes. L’autonomie se paie au prix fort ici. Les nombreux lodges, au confort certain, sur les chemins principaux, rendront la décision de plus en plus difficile de planter notre tente sous des températures hivernales (-10 à -20°C la nuit)

Mais quel temps ! Un soleil éblouissant à perte de journées, pendant tout le trek. De quoi presque se lasser des couchers de soleil quotidiens sur nos monstres préférés… Nous avons eu de la chance quand nous pensons au drame du 14 octobre[1]. La montagne reste maîtresse de nos destins.

Et puis, ne négligeons pas un avantage d’être nombreux sur ces plus belles montagnes du monde. Nous avons rencontré des hommes et des femmes animés de la même passion, avec qui nous avons passé des soirées formidables à reconstruire, à la hâte, le Monde.

Le Népal reste étonnamment en dehors du monde malgré des abords parfois très modernes : par exemple téléphoner en France instantanément à 5180m d’altitude, face au Toit du Monde. En même temps, l’aéroport de Lukla est un baraquement insalubre (et celui de Kathmandu ne vaut pas mieux) dans lequel nous attraperons un gros rhume à attendre un avion incertain.

Enfin, cet endroit est artificiellement développé depuis qu’Edmond Hillary, premier homme à vaincre l’Everest en 1953 avec Tengzing Norgay , en a fait un lieu de pèlerinage pour tous ceux qui veulent avoir vu, une fois dans leur vie, le Toit du Monde. Ce n’est pas là que nous découvrirons la vie authentique des népalais. On ne peut pas tout avoir.

[1] Le 14 octobre 2014, en moins de 24 heures, un cyclone, né dans le golfe du Bengale, a déversé plus de 150 cm de neige sur les massifs des Annapurna. Totalement prévisible et totalement imprévu, il a tué d’un coup plus de 40 marcheurs dont la moitié de « guides » insouciants et de porteurs, ensevelis sous les avalanches au niveau de la Thorung la, en particulier.

 2. Situation:

 

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 3. Agenda:0001c

4. Etapes :

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 5. Altitude :

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 6. Dénivelés quotidiens :

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7. Matériels embarqués:

Nous prévoyons 5 jours d’autonomie en nourriture avec un ravitaillement partiel par les lodges, soit 3.8kg composés de saucisson, semoule, pain type Wasa, comté, muesli, lait lyophilisé, chocolat,  fruits secs, barres de céréales, palets bretons, spiruline (10g/j) sur tout le trek.

Chaussures : LOWA – Tibet pro gtx. Les miennes commencent à souffrir sérieusement après le Dhaulagiri et le Makalu

Sacs à dos : Osprey exos 58, Gregory Wander 70

Tente : Easton Kilo (plus d’espace que la précédente mais moins facile à monter: on fait vriller la tringle longitudinale en carbone sans comprendre pourquoi)

Réchaud : MSR XGK EX avec 500ml d’essence achetée à KTM. On redescendra avec 300ml.

Matelas: Thermarest Néoair XLIT

Sacs de couchage: Valandré Bloody Mary

Nous emportons pour la première fois des crampons Microspike Kahtoola qui s’avéreront très pratiques d’utilisation et utiles lors du passage des Cho et Renjo la.

8. Accès et coûts :

Nous avons pris des billets Air India via Go Voyages (629€ par personne). Un retard programmé la veille du retour nous a fait rater la correspondance pour Paris. Air India a été correct en nous installant dans l’hôtel de la zone internationale à ses frais. Par contre, Go Voyages a été en dessous de tout en nous informant d’une modification d’horaires sans nous indiquer les changements !

Le billet KTM Lukla Aller retour est acheté 330USD par email chez Yéti Air (Tara Air = filiale). C’est un coût élevé pour un service catastrophique. La compagnie n’est que partiellement responsable car ce sont les aéroports de KTM et Lukla qui dysfonctionnent totalement. J’ai préféré  rentrer en hélicoptère (coût 500USD, vol Tara Air retour en cours de remboursement)  car Sylvie, séparée sur un autre vol avait pu rentrer sur KTM alors que je restais à Lukla avec mon avion en panne ! Voir l’Annexe2 « Lukla, la souricière »

Compter une dépense quotidienne pour deux de 3000 à 5000 Rs (25 à 42€) selon l’altitude du lodge, comprenant le petit déjeuner, le déjeuner et le diner avec une chambre correcte et non chauffée (ce n’est pas une option).

Une publicité particulière pour le lodge Namaste à Gokyo dont la cuisine est excellente sans parler du service !

9. Points GPS (Garmin Etrex Vista H) et tracés :

Ils sont listés dans l’Annexe 1. Ils indiquent les points par lesquels nous sommes passés. Nous ne prétendons pas que ce soient les meilleurs ou uniques chemins pour arriver aux étapes, en particulier lors de la traversée des glaciers puisqu’ils bougent! Les altitudes indiquées par le GPS sont proches de celles indiquées par Google Earth

Le GPS est un confort pour ce type de trek. Il n’est pas indispensable. Il permet d’évaluer la distance restant pour parvenir à l’étape et de se rassurer quand le chemin s’efface un peu. Il faut dire que les conditions climatiques étaient très favorables. Certains passages des trois cols ou des deux glaciers dans le brouillard auraient nécessité l’usage du GPS pour un minimum de sécurité.

10. Le trek au jour le jour

1er jour De Lukla à Phakding (2633m) 7.5km en 3.5 heures, dénivelé -224m

Lukla Phakding

Bien que cela paraisse bizarre, nous sommes partis avant l’heure de l’aéroport de KTM. Il faut dire qu’à Lukla, c’est l’enfer. A peine un avion a déversé à la hâte son lot de marcheurs frais qu’il se remplit de trekkeurs épuisés pour filer chercher son envol sur la curieuse piste pentue et si courte ! Les  hurlements des moteurs lancés à peine puissance, avant le décollage, sont entrecoupés du bruit des pâles des hélicoptères qui prennent leurs envols ou atterrissent sur un petit terrain juste à côté.
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Il fait beau à Lukla et ce doit être un événement car l’activité fébrile de l’aéroport cache mal  l’inactivité probable des jours précédents, due au brouillard, au vent ou à l’âge du capitaine.

Nous avons hâte de nous enfuir, le temps de répartir les charges des sacs à dos. Le chemin est large, en descente et il fait bon. Nous marchons en tee shirts et le poids des sacs se fait à peine sentir. Il y a du monde sur la route et nous devons avoir croisé en une heure la quantité équivalente qui passe par le Makalu en une bonne année.

Traversée de villages pimpants garnis de lodges avenants alternant les forêts tropicales. Ca ne durera pas, au moins pour ce qui est de la végétation…

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2ème jour de Phakding à Namche Bazar (3384m) 10.4km en 7h10, dénivelé +751m

Phakdind Namche

T intérieur au réveil à 6h15 +9°C. Départ à 7h30

Il fait un soleil radieux de nouveau et il n’en faut pas plus pour nous mettre de bonne humeur.

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Nous achetons sans trop perdre de temps nos TIMS 2*2000Rs puis nos entrées dans le parc de Sagarmatha 2*3000Rs. Il vaut mieux ne pas resquiller car nous serons contrôlés plusieurs fois par des militaires sur la route avant Namche.

Si le TIMS a une utilité discutable, l’entrée du parc permet au moins de nettoyer les chemins. Il ya 12 ans, ils étaient parsemés de détritus. Aujourd’hui, ils sont réellement propres. Les chemins s’écartant de la voie principale ne font malheureusement pas l’objet de la même attention…

La journée est plus difficile car il faut affronter la terrible montée menant à Namche. J’espère ne pas arriver trop tard car c’est jour de marché. Mais les sacs décident de notre allure d’escargots.

La beauté des montagnes commence à apparaître au travers des pinèdes et nous découvrons au détour d’un virage, la silhouette encore éloignée de l’Everest.

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A Namche, le marché est encore en place quand nous arrivons. Nous y faisons un petit tour après nous être installés dans un des nombreux lodges. Ici le téléphone fonctionne toujours (Ncell) et fonctionnera jusqu’à Gorakshep.

3ème jour Acclimatation à Namche Bazar

La journée est consacrée au repos et à une petite ballade aux environs de Namche. Nous repérons le chemin pour aller à Tengboche. Nous nous promenons dans les pâturages surplombant la ville pour rentrer déjeuner. Le temps se couvre dans l’après midi. La brume monte progressivement des basses vallées pour envahir la ville et disparaître avec la nuit.

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4ème jour de Namche Bazar à Tengboche (3857m), 11.3km en 6h10, dénivelé +473m

Namche Tengboche

T=12°C au lever à 6h.

Le grand ciel bleu est au rendez-vous et nous prenons notre temps pour le petit déjeuner. C’est le moment pour se mettre en forme afin d’affronter les montées vers la haute montagne. Nous avons normalisé nos commandes devant le luxe des menus offerts : un small pot (1 litre !) de café au lait pour deux, un pancake au miel pour moi et du porridge pour Sylvie. Bref, le « ressuscitation kit » qu’on ne peut trouver que dans les zones de forte affluence touristique quand on sait qu’un repas, quel qu’il soit au Népal lorsqu’il n’est pas composé exclusivement de Dahlbat n’est pas un repas.

Nous ferons toujours attention de laisser les convois de mulets ou de yacks du côté versant du chemin. Un français est mort, peu de semaines auparavant, bousculé par le chargement d’un animal. Il est tombé dans le ravin et son corps n’a pas été retrouvé.

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L’Ama Dablam fait sa première apparition à un détour du chemin. Nous devons nous rendre au pied de cette magnifique montagne puis la contourner pendant une dizaine de jour.
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Nous arrivons à Tengboche à 13h30. Ce beau monastère, entouré de lodges en pierres sèches, nous accueille sur un promontoire aux panoramas superbes que nous pouvons même admirer de notre chambre. Nous assistons à des cérémonies bouddhistes auxquelles nous ne comprenons rien après un déjeuner copieux.

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La nappe de brume n’arrive pas à franchir les coteaux que nous avons gravis dans la matinée et le ciel reste lumineux pour le spectacle des crêtes en feu au coucher du soleil.

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Je ne dénombre pas moins de 35 personnes dans la salle à manger bien chauffée au feu de bouses de yack séchées, dans la soirée. Nos premières parties de Rumi commencent, solution idéale pour passer agréablement le temps en attendant le diner.

5ème jour Acclimatation à Tengboche, chörten à 4183m

Nous avons du temps et nous cherchons l’acclimatation à l’altitude en priorité. L’aspect magique du lieu est une opportunité pour passer la journée agréablement à nous reposer. Les migraines sont peu présentes et gérées à l’Ibuprofène.

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Le matin est consacré à rechercher et emprunter le seul chemin menant aux montagnes alentour. Je me rends à un petit chörten coiffant un sommet. Cela me permet de découvrir le glacier et le massif du Kangtega (6685m), l’Ama Dablam (6856m) ainsi que le massif du Nuptse (7861m), du Lhotse (8414m) et en arrière plan, déjà, l’Everest (8848m).

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6ème jour de Tengboche à Pangboche (3955m), 4.4km en 2h20, dénivelé +98m

Tengboche angboche

T=+2°C au levé à 6h.

Nous partons à 7h40. Les files de trekkeurs sont déjà en route. Nous devons apprendre à gérer leurs doublements  ou croisements sur des chemins parfois étroits. Notre étape est courte et nous continuons la marche à notre rythme tranquille pour préserver l’équipage !

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Nous traversons Pangboche pour nous installer dans le dernier lodge. Cela nous permet d’explorer facilement le chemin pour aller au Camp de Base de l’Ama Dablam.

On en profite pour se baigner dans le torrent. L’eau doit approcher les 3 ou 4°C. Le séchage au soleil est un vrai bonheur. La soirée se passe en compagnie d’Hervé, trekkeur solitaire. Il est bien le premier que nous rencontrons sans guide. Cela crée des mouvements de solidarité.

7ème jour de Pangboche au CB de l’Ama Dablam (4572m), 6.2km en 3h20, dénivelé +617m

Pangboche Ama Dablam BC

T=1°C au lever à 6h. Nous partons à 8h20 pour arriver à 11h40 au camp de base. La montée est rude et Sylvie a un mal de tête persistant. Ce n’est pas bon signe. Le camp de base lui-même doit être un fond de lac bien plat. De nombreuses tentes d’alpinistes y sont installées.

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Nous nous installons à quelques centaines de mètres à l’écart pour laisser place au rêve. D’autant plus que le camp est un peu en renfoncement et ne dispose pas de la plus belle vue.

Il fait toujours aussi beau mais le petit vent glacé a vite fait de nous transpercer. Nous déjeunons de pancakes préparés le matin à Pangboche et de saucisson. Celui-ci provoque une indigestion qui nous coupe les jambes l’après midi et la soirée, expérience malheureuse à ne pas renouveler !

Nous restons couchés dans la tente qui passe brutalement de 35 à 0°C au moment du coucher du soleil. C’est une longue nuit d’attentes et de sommeils entrecoupés.

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8ème jour du CB de l’Ama Dablam à Pangboche, 6.2km en 1h45, dénivelé -617m

T=-4°C au réveil à 6h. Nous attendons que le soleil donne sur la tente pour aller préparer le petit déjeuner de muesli au lait et cappuccino. Le ciel est un peu laiteux ce matin. Nous replions le camp doucement pour partir vers 10h45. Nous arrivons au lodge à 12h30, épuisés mais les maux de tête et nausées sont pratiquement effacés. Nous avons l’après midi pour nous remettre définitivement de l’intoxication alimentaire. Le soleil est de nouveau radieux.

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Je lave les cheveux de Sylvie avec l’eau chauffée sur notre réchaud. J’essaie de me raser et renonce définitivement à ce type d’exercice inutile pour la durer du trek. On verra à KTM.

La soirée se passe en compagnie d’un groupe d’espagnols, autour du poêle à bouses. Je me réveille la nuit avec une migraine et des difficultés pour respirer. Le manque d’oxygénation provoque les maux de tête. Nous ne  sommes pas encore bien acclimatés.

9ème jour de Pangboche à Dingboche (4339m), 5.9km en 3h45, dénivelé +384m

Pangboche Dingboche

T= 0°C au lever à 7h.

Nous partons tard vers 9heures car nous ne souhaitons pas rejoindre Chukhung aujourd’hui. L’expérience de la nuit nous prouve que  nous ne sommes pas encore au point pour les hautes altitudes.

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La montée est progressive aujourd’hui et nous profitons d’un panorama de plus en plus grandiose. Il nous faut prendre garde de prendre la bonne bifurcation car nous abandonnons la grande voie qui mène au camp de base de l’Everest. Dingboche, où nous nous arrêtons vers 12h45, est maintenant sur la route de l’Island Peak et du Renjo la, premier des trois cols que nous voulons gravir.

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Je pensais que le chemin serait désormais désert mais il n’en est rien. Ce n’est plus la foule mais il y a encore quelques groupes de marcheurs sur la route. A Dingboche, des commerces permettent un éventuel approvisionnement en nourriture.

Nous trouvons un lodge qui donne sur l’Island peak et le Lhotse. La salle à manger est admirablement située, en surplomb, pour assister au coucher du soleil sur le Lhotse. Le steak de yack est excellent et nous redonne des forces. Quant à la chambre, elle est gratuite.

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10ème jour de Dingboche au Camp du Lhotse (4912m), 7.3km en 3h, dénivelé +572m

Dingboche Camp du Lhotse

T=0°C au lever à 6h30. Départ à 7h55. La montée est continue et douce. Nous arrivons à Chukhung vers 10h50 pour un prendre un thé et repartir vers 11h30. Il nous faut tâtonner pour trouver le chemin vers l’Island peak. Il devient plus confidentiel car majoritairement emprunté par les grimpeurs.

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Nous trouvons vers 13 heures, à mi chemin du CB de l’Island peak, un emplacement avec vue sur le glacier du Lhotse et l’Ama Dablam. Le sol sablonneux est gelé et il faut un caillou pour enfoncer les piquets de la tente dans le sable. Il n’y a plus d’eau liquide ici et il faudra faire fondre la neige pour les repas.

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Je monte en fin d’après midi sur la moraine pour assister au coucher du soleil. Le ciel se voile de plus en plus et les éclats dorés sur les sommets sont un peu tamisés.

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Diner de semoule agrémentée d’un cube bouillon, fromage, palets bretons et chocolat.

11ème jour du Camp du Lhotse à Chukhung (4726m), 2.2km en ¾ d’heure, dénivelé -186m

T=-11°C au réveil à 7h. Lever à 8h30 pour essayer de bénéficier des rayons du soleil, malheureusement absents.

La nuit a été froide mais la respiration semble meilleure. Le ciel est pour la première fois gris ce matin.  Nous ne partons qu’à 10h30 car il faut du temps pour faire le petit déjeuner : Le gicleur du réchaud est bouché et il faut le démonter pour pouvoir allumer le feu.

Chaque piquet colle terriblement au sol gelé. Il faut creuser un cône tout autour de chacun avec le dos de la lame de l’Opinel pour les décoller de leurs gangues de sable glacé.

La descente sur Chukhung est rapide. Nous trouvons un « resort » fort sympathique qui ne coûte pas plus cher qu’un lodge… Du fait du temps bouché, nous annulons la montée au Chukhung ri. C’est dommage car Yannick, rencontré plus tard, nous dira que le spectacle en haut est de toute beauté.

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Nous partons dans l’après midi en reconnaissance du chemin menant à la Kongma la, première passe de notre périple.

Le ciel se dégage en fin d’après midi pour un d’autant plus superbe coucher de soleil qu’inattendu sur le Lhotse et la vallée

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12ème jour de Chukhung au Camp du Khumbu (4906m), Kongma la (5514m), 9.3km en 9h40, dénivelé +180m

Chukhung Camp du Khumbu

Nous nous levons un peu plus tôt, à 5h30 car la marche sera longue aujourd’hui. Le temps de l’acclimatation est achevé. Le chemin vers la passe de Kongma est bien tracé et monte régulièrement sur sa première partie. Le soleil a vite fait de nous rejoindre et de nous réchauffer.

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La dernière partie est rude par contre car il nous faut franchir ce qui paraît être une vraie falaise. Sans tracé GPS ou physique, la progression serait aléatoire.

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Arrivés sur le col lui-même vers 13h10, le spectacle est grandiose, avec un ciel totalement limpide.

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Quelques volutes se forment au sommet du Lhotse et un lac d’un vert émeraude s’étend à nos pieds. Nous déjeunons sur la passe elle-même dans un recoin à l’abri du vent.

La descente est un vaste pierrier tapissé de glace à certains endroits. Nous  avons laissé nos Microspikes au fond de nos sacs et nous ne sommes pas fiers de cette impréparation. Il nous faut parfois descendre sur les fesses pour éviter une chute fatale.

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Nous arrivons vers 16h10 au pied de l’imposante moraine du glacier du Khumbu. Nous hésitons à la franchir car il est tard. Nous ne voulons pas prendre le risque de nous perdre sur son dos parsemé de crevasses et de lacs glacés. Nous décidons donc d’installer la tente sur un lit de sable gelé déjà à l’ombre. Ici comme au premier campement, nous ne trouvons pas de torrent pour l’approvisionnement en eau.  Il nous faudra fondre de la neige pour préparer le repas de semoule mélangé à une soupe au poulet turque achetée à Namche bazar. Voilà la mondialisation vécue sur le terrain !

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Beau coucher de soleil sur le Pumo ri (7165m). C’est notre nouvel ami après avoir abandonné l’Ama Dablam.

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Nous nous couchons vers 6 heures après une partie de Rumi peu confortable : les pièces de papier sont instables sur les duvets… et il fait -12°C dans la tente.

13ème jour du Camp du Khumbu à Lobuche (4931m), 1.7km en 2h, dénivelé +25m

Camp du Khumbu Lobuche

T=-3°C au lever à 8h30. Nous adoptons la même tactique qu’au premier camp en attendant confortablement dans nos duvets que le soleil vienne lécher les parois gelées de la tente.

Nous traînons volontairement car l’étape sera courte aujourd’hui : il s’agit de traverser le plus grand glacier du monde.

Nous terminons à peine notre petit déjeuner lorsque deux gaillards déboulent de la passe. Il doit être 10 heures. Yannick et Fin sont partis à 6h ce matin de Chukhung et sont déjà au pied de la moraine en fin de matinée. Ils nous envient de pouvoir nous installer où nous voulons avec la tente mais ils sont aussi 4 fois plus rapides que nous. Ils espèrent traverser le glacier en 20 mn. Ils y passeront 1 heure pleine en traversant sans se préoccuper des cairns. Nous mettrons quant à nous 2 heures.

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14ème jour de Lobuche à Gorakshep (5172m), Kala patar (5640m), 9km en 2h50 + KP, dénivelé +241m

Lobuche Gorakshep

Il n’y a pas loin de Lobuche à Gorakshep et il nous faut nous habituer de nouveau aux longues files organisées de trekkeurs aux bâtons cliquetant en rythme. La passe de Lobuche est un goulot d’étranglement dans lequel la patience n’est pas une option.

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A Gorakshep, les lodges ne manquent pas et les prix continuent d’augmenter. Je négocie 300Rs une chambre à 500. Ils se rattraperont sans difficulté sur les repas. Nous y retrouvons Yannick et Fin qui redescendent tout juste du Kala patar. Quelle énergie ! Nous déjeunons ensemble avant qu’ils ne redescendent vers Lobuche. Plus fins négociateurs, ils n’ont pas payer pour leurs chambres (d’ailleurs, ils ne paient jamais).

Nous partons vers 13h vers le Kala Patar pour arriver au sommet vers 15h15. Notre objectf est d’y attendre le coucher du soleil. Mon GPS indique 5640m, conforme au point relevé sur Google Earth. Yannick lui-même a relevé cette altitude à 10m près. Pourtant, l’altitude officielle n’y est que de 5545m. Je vois une petite colline en contrebas qui pourrait être l’« ancien » Kala Patar. C’est bizarre. Peut-être que l’Etat népalais veut éviter un classement dans la liste des trekking peaks, soucieux de ménager la poule aux œufs d’or ? Il ne faut pas le répéter mais il lui serait facile de collecter 5000€/jour en taxant la montée. Si cette hypothèse est juste, le trek sans guide obligatoire au Népal a de beaux jours.

Nous attendons deux longues heures que le soleil daigne se coucher. L’expérience est irremplaçable mais il nous faut gérer le froid.

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Sylvie descend une petite ½ heure avant moi et je la rattrape dans la nuit. Il faut dire que son imperméable orange fluo doit être visible de la Lune. Toujours  imprévoyants, nous avons oublié nos frontales. Nous mettons ¾ heure pour rejoindre le lodge.

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15ème jour à Gorakshep. Aller retour au CB Everest (5247m) 4.6km en 3h30

Gorakshep EBC

T=-1°C au lever à7h30.

Je pars seul à 9h30 vers le camp de base de l’Everest, laissant Sylvie se reposer de sa descente d’hier. Un de ses ongles de doigts de pieds a explosé.

Sans le sac à dos, je me sens des ailes.  J’y arrive vers 11h20. Il y a quelques trekkeurs mais aucune tente n’est plantée sur la moraine. Nous prévoyions initialement d’y camper mais nous avons préféré le confort du lodge… Je ne regrette pas la promenade car les paysages sont très différents des ceux qui ont précédé. Il s’agit d’entrer autant dans le glacier que sur son dos. C’est un monde de blocs de glace aussi gros que des icebergs comme figés dans leur chute vers la vallée.

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L’absence de tente s’explique peut-être par la grève déclenchée par les Sherpa en mai 2014, à la suite de l’avalanche tuant une douzaine d’entre eux et laissant leurs familles dans un dénuement total. C’est un droit de risquer sa vie pour assouvir ses passions. Entraîner avec soi des individus qui le font pour survivre me semble choquant.

16ème jour de Gorakshep à Dzongla (4831m), 11km en 6h, dénivelé -341m

Gorakshep Dzongla

T=-1°C au lever à 6h30.

Mauvaise nouvelle ce matin : le gérant du lodge nous apprend que le gouvernement a décidé de fermer l’aéroport de Lukla du 26 au 28 novembre car un sommet du SARC[1] se déroulera à KTM. Notre avion doit partir le 30 et il risque d’y avoir foule à Lukla dans l’attente d’un retour sur KTM. Sans compter sur la météo qui peut très bien conjuguer ses efforts pour coincer des milliers de trekkeurs plusieurs jours supplémentaires.  Cette nouvelle nous gâche le moral. Elle sera confirmée à Lobuche et Gokyo.

L’heure est à la descente. Nous nous dirigeons maintenant vers la seconde passe qui joint les vallées du Khumbu et du Ngozumba.

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La descente vers Dzongla, en contournant en hauteur un lac superbe, est douce. Nous avons abandonné à Lobuche la route principale qui descend vers Namche. A Dzongla, plusieurs lodges se font concurrence malgré la faible fréquentation du chemin.

[1] SARC = South Asian Association for Regional Cooperation. Au cours de ce « sommet » sera décidée la construction d’un barrage hydroélectrique, cofinancée par le Népal et l’Inde pour un montant d’un milliard de dollars. Sanjaya (Friends of Nature) avait raison, lorsqu’en mai 2014,  il prédisant que l’ « Or du Népal » étaient la force hydroélectrique à capter dans les montagnes et  à distribuer sur tout le sous-continent indien. Il rêvait même, je me souviens, d’une voiture électrique pour tous les népalais.

On comprends mieux pourquoi Lukla est une souricière (annexe 2): l’aéroport de Kathmandu comprend sur un même lieu les parties domestique et internationale. Il n’est pas possible de gérer simultanément ces deux types de vols. Lorsqu’il faut vraiment faire atterrir des vols internationaux (cas évident de la réunion du SARC), il faut annuler tout ou partie des vols domestiques. C’est ce que fait ici le gouvernement dans sa grande sagesse!

17ème jour de Dzongla à Dragnag (4717m), Cho la (5369m) 9.1km en 8h30, dénivelé -120m

Dzongla Dragnag

T=-5°C au lever à 5h30.

Nous partons à 6h45 pour une nouvelle marche éprouvante. Nous avons sorti nos microspikes cette fois-ci ! Nous nous déplaçons de nouveau dans un environnement grandiose et sous un ciel d’azur. Après une pente à 45°, nous arrivons sur le glacier. Les crampons sont très efficaces sur la glace et nous nous sentons en sécurité.

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Le spectacle sur la passe est aussi magnifique et de nombreux cumulus se forment lorsque nous arrivons vers 11h15. Nous y déjeunons de biscottes, de comté et de chocolat Aldi… Le vent froid nous transperce comme à Kongma la.

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Le glacier du Ngozumba n’a rien à envier à celui du Khumbu. Il nous faudra le traverser demain.

La descente est aussi vertigineuse que la montée mais moins stable avec des gros cailloux qui ne demandent qu’à descendre avec nous. Il nous faut, à la suite, remonter un petit col imprévu qui culmine quand même à 5150m avant de rejoindre Dragnag, déjà dans l’ombre, à 15h15.

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Avec les jours et surtout avec les nuits, l’esprit du trek a changé. Il était question initialement d’équilibrer une partie confortable en lodges avec une partie autonome, inconfortable mais permettant de jouir des montagnes, isolés dans les endroits les plus extraordinaires. Bien que les conditions ne soient pas plus dures qu’autour du Dhaulagiri ou dans le Makalu, nous perdons le courage d’installer la tente dans le grand froid, diner succinctement alors que le steak de yack et un poêle bien brûlant nous attendent à quelques kilomètres… C’est ainsi que nous renonçons progressivement à nous installer au camp de base du Cho Oyu…

Nous passons la soirée avec Didier, professeur breton à la retraite. Il marche dans l’autre sens avec un ami et sans guide.

18ème jour de Dragnag à Gokyo (4758m), 4km en 3h20, dénivelé +47m

Dragnag Gokyo

T=-4°C  au lever à 7h

Nous partons à 8h10 en longeant le pend de la montagne vers le nord afin de rejoindre le chemin qui traverse le glacier du Ngozumba. Il est bien marqué sur le sol et nous suivons scrupuleusement les cairns. De temps en temps nous entendons la chute des pierres sur la glace déjà réchauffée par le soleil.

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Les montées et les descentes sur le dos du glacier sont plus fatigantes que nous avions prévu. Le très beau temps de la matinée se couvre progressivement. Nous arrivons à 11h30 au Namaste lodge conseillé par Didier : la cuisine y est excellente. Coïncidence ou repère des bonnes fourchettes, nous y retrouvons Yannick et Fin.

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Nous n’oublierons pas le Sizler de Yacks légumes frites.

Au téléphone, Tulsa de Yéti Airlines nous rassure. L’aéroport se rouvre le 28 et la fermeture n’aura pas d’incidence sur l’embarquement du 30 novembre. Soi disant.

On se paie le luxe d’une douche chaude l’après midi !

19ème jour à Gokyo. Aller retour vers le Cho Oyu (4965m), 8.8km en 3h30

Gokyo vers Cho Oyu

La respiration a été difficile cette nuit, avec la migraine qui va avec. Tout rentre dans l’ordre avec de l’ibuprofène.

T=-5°C au lever à 7h.

Je passe un contrat verbal avec Sylvie : nous marcherons vers le Cho Oyu pendant 2 heures, pas plus… Le ciel est particulièrement clair ce matin. Nous dépassons d’un kilomètre le 4ème lac sans pouvoir apercevoir l’Everest sur la droite car il nous manque un petit kilomètre supplémentaire… Nous découvrons à gauche le Cho Oyu (8188m) et à droite le Gyachung Kang (7952m).

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Sur le chemin du retour, nous croisons Arnaud et Christine. Nous nous retrouverons au Namaste !

20ème jour de Gokyo à Lumde (4400m), Renjo la (5366m), 11.5km en 9h40, dénivelé -358m

Gokyo Lumde

T=-4°C au lever à 5h30. La journée sera fatigante aujourd’hui car nous devons franchir notre troisième et dernier col, Renjo la. Nous partons à 7h20 pour atteindre le col à 12h30. Nous souffrons dans la montée mais les microspikes sont de nouveau très utiles. Nous en profitons pour couper le chemin tortueux en traversant les surfaces gelées.

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Nous déjeunons au col où la vue est de nouveau superbe. Nous apercevons le Makalu (au fond à droite du Lhotse) au pied duquel je me trouvais en mai. Cette fois et à l’inverse du point de vue du Kala Patar, l’Everest est le plus haut, également en apparence.

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La descente est aussi éprouvante. Cela est du, probablement, à l’accumulation de fatigue depuis le départ du trek. Sur la route, avant la grande descente vers Lumde, il y a des endroits magnifiques pour établir un campement au bord d’un torrent.

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21ème jour de Lumde à Namche Bazar (3384m),  19.1km en 7h, dénivelé -1016m

Lumde Namche

T=-1°C au lever à 8h. Nous avons pris notre temps au petit déjeuner avec Arnaud et Christine.  Ils marchent plus vite que nous mais nous nous retrouvons tous les soirs dans les mêmes lodges.

J’avais prévu une étape à Thame mais nous continuons vers Namche. Cela nous permet de gagner une journée pour gérer le départ de Lukla qui risque d’être difficile.

Nous passons du monde minéral et clair au monde des forêts et des brumes. En descendant, le temps se couvre et nous rentrons dans les nuages qui s’accrochent aux coteaux de la montagne.

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La nuit est en train de tomber quand nous arrivons à Namche. La boucle est bouclée.

22ème jour de Namche à Phakding (2633m), 10.4km en 6h20, dénivelé -751m

Le ciel est gris sur Namche et le restera jusqu’à Phakding. La vallée en contrebas semble plongée dans la pénombre d’un conte de Tolkien. Nous téléphonons pour essayer de partir un jour plus tôt de Lukla.

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23ème jour de Phakding à Lukla (2857m), 7.5km en 3h, dénivelé +224m

Le ciel reste gris toute la journée. Nous avons une impression de froid plus importante ici qu’en haute altitude. Aucun avion n’a atterri ou décollé aujourd’hui. Nous verrons bien demain.

Fin du trek.

Annexe 1 : Liste des points GPS

Coordonnées réelles Khumbu 2014

Voir le tableur complet avec agenda, dénivelés, possibilité d’organiser son propre trek etc. par l’onglet Autonomie Outils/Tableur spreadsheet Excel

Le site n’accepte pas les fichiers en .kmz. Le tracé se trouve sur Wikiloc, accessible à partir de cette page, sur le côté droit. 

Annexe 2 : La souricière de Lukla

Pour sortir du Khumbu, il y a plusieurs solutions. Prendre l’avion , c’est en apparence la plus simple et la plus rapide : en à peine une demi heure, vous faites le trajet jusqu’à Kathmandu dans un bimoteur digne d’Indiana Jone. Statistiques : un crash par an, il suffit de l’éviter.

Vous pouvez sinon allonger votre trek de 5 jours en revenant par Jiri, sachant qu’il faudra additionner 11 heures de bus bien frappées pour rejoindre KTM. Pas de statistiques concernant les bus.

Enfin, la légende dit que vous pouvez aussi passer par un village nommé  « Salery ». Le trek Lukla – Salery ne prend que 2 à 3 jours. Une jeep vous emmènerait ensuite vers Kathmandu en 17 heures sur un chemin qui n’a vraiment pas l’air carrossable sur la carte. L’enquête ne nous permet pas déterminer où arrive cette jeep hypothétique et les gens interviewés à Kathmandu sont pour le moins perplexe.

Reste l’hélicoptère qui peut voler dans des conditions de visibilité un peu moins exigeantes que l’avion, mais c’est beaucoup plus cher. Les prix montent sans limite lorsque les avions ne décollent plus. 400, 500, 700 USD. Business is business.

Car il faut savoir qu’avions et hélicoptères ne se déplacent qu’à vue, qu’ils ont à franchir des cols élevés dés le décollage puisque Lukla est entourée de monstres aux sommets enneigés.

Il faut aussi savoir que la météo à Kathmandu est très différente de celle de Lukla : Quand il est possible d’envisager un décollage au petit matin à Lukla parce qu’il n’y a pas encore de vent et que les brumes de la nuit se sont dissoutes avec le froid, Kathmandu baigne souvent dans un brouillard à couper au couteau. Quand le brouillard se lève enfin à Kathmandu, les vents se sont levés sur les cols et la brume envahit déjà le tarmac de Lukla.

Dans ces deux situations, les responsables des tours de contrôle, s’ils ne boivent pas le thé, interdisent tout décollage.

Bref, Lukla est une souricière.

Si vous décidez malgré tout de revenir à Kathmandu en avion, il reste trois règles d’or à respecter.

  1. Acheter un billet pour le premier vol du matin. Il vous rend prioritaire devant les cohortes de vol de la journée.
  2. Rester Zen et laisser poliment passez devant vous à l’enregistrement les groupes encadrés de guides graisseurs de pattes.
  3. Prier Sainte Claire pour que le temps ne se dégrade pas avant que vous ayez embarqué dans le zinc libérateur.

Une aventure vraie pour illustrer le processus:

pour lire la suite


De Num au Belvédère d’East Pass

Du 7 au 26 Mai 2014

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Cliquez sur les photos pour les agrandir – points GPS en annexe de l’article. 

Objectifs :

Après l’arrêt forcé à Kongma en avril 2013, du fait des chutes de neige tardives ayant bloqué l’accès à la Shipton la, j’organise une nouvelle virée vers le Makalu, 5ème sommet du monde trônant à 8434m.

L’objectif initial est de le contourner jusqu’à la « East Pass » 6150m, point final du projet, pour l’avoir bien en face, juste 2300m en dessous.

En marge de la rencontre de nos amis de Khandbari, Seduwa et Chyaksa danda, il s’agit d’une ballade en 17 jours sur un dénivelé total de 5400m, sur une distance de 130km aller retour

 

Résumé et Introduction:

Les vallées et crêtes menant aux monstres de hautes montagnes du massif du Makalu ne démentent pas leur réputation : le ciel sera fort encombré jusqu’au Camp de Base du Makalu (MBC). La pluie sera de la partie parfois dés la fin de matinée. En montant, le temps s’éclaircit pour laisser place à un ciel parfaitement limpide pendant mes quatre jours et trois nuits d’isolement après MBC. Ce répit  inespéré m’est laissé pour me fondre dans un univers fabuleux, qui marquera  mes rêves autant que mes tibias : la virée est dangereuse sur une grande partie du parcours, sans chemin, dans les éboulis de roches de parfois plusieurs centaines de kilos en équilibre instable.

Je n’irai pas jusque East Pass, objectif ultime de ce trek car l’énorme et incontournable glacier le précédant ne porte aucune trace de passage. Les risques sont trop grands. Je la contemplerai de mon belvédère improvisé et point culminant à 5850m, joli lot de consolation…

Avec trois marcheurs étrangers croisés en trois semaines, on peut dire que le parcours est confidentiel. Cette région Sherpa vaudrait pourtant d’être mieux connue, tellement chaleureuse qu’il n’est pas besoin de savoir parler leur langue pour échanger et passer des soirées longues et inoubliables en partageant sans modération rocksi (arak en Sherpa : alcool de millet distillé une fois), sucuti (viande de yak séchée recuite au feu de bois) et l’immuable dalbath.

Il est précieux de découvrir leur culture mélée de jovialité, de candeur et de franchise.  En espérant qu’elle reste longtemps accrochée  aux versants sublimes de leurs montagnes sacrées.

 

 

Préparation :

Le trajet et les étapes sont positionnés à l’aide de Google Earth (GE) et les points entrés dans le GPS Garmin.

5  Jours d’autonomie sont prévus (2.6kg de nourriture + tente).

Le poids total emporté s’élève à 18kg, inclus, l’eau, l’essence et le sac photo. Sacs à dos : Gregory Wander 70 ; Tente : Vaudé Power Lizard SUL 2 places ; Réchaud :  MSR XGK EX avec 400ml (100ml  suffiront) d’essence achetée à une station service de Kathmandu ; matelas: Thermarest Néoair XLIT

Sacs de couchage: Valandré Bloody Mary

Voyage accompagné de mes amis de Friends of Nature jusque Tashigaon puis solitaire jusqu’au belvédère d’East Pass.

 

Situation et parcours:

DSCF1373 situation


DSCF1373 trajet

Accés :

Turkish Airlines, « meilleure compagnie européenne »,  ne démentira pas sa récente réputation. Très bon voyage pour 584€, c’est l’accés le plus direct à KTM. Pourvu que ça dure… Les billets KTM Tumlingtar ont été achetés par internet, c’est une nouveauté appréciable. De Tumlingtar à Num, les jeeps partent lorsqu’elles sont pleines (14 passagers : 150Rs jusque Khandbari (une petite heure) puis 600Rs jusque Num (4-5 heures)

Une route est en construction pour continuer, dit-on jusque Tashigaon (pas trop vite !)

 

Budget :

Vols international : 584€ , vol KTM Tumlingtar : 184€, visa, droit d’entrée dans le parc, hébergements et repas KTM et trek : 420€, soit au total moins de 1200€

 

Agenda :

agenda

Altitude à l’étape :

Altitude à l'étape

altitude distance

dénivelé jour

Le trek au jour le jour

Mercredi 07-mai de Num à Seduwa

Dénivelé 49m     6km en 4 h30 ; altitude le soir 1572m

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Après 3 heures d’attente, nous préférons payer la dernière place qui restait désespérément vide pour pouvoir enfin partir. 4 heures de jeep enfin entre Khandbari et Num sur une piste chaotique ouverte il y a cinq ans. Nous avons de la chance cette fois-ci car la pluie ne tombe pas.
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La marche ne commence que vers 13heures après l’incontournable dalbath à Num, sensé donner des forces pour le parcours. Il faut s’habituer au sac, bien lourd, qui me déséquilibre à chaque faux pas.

La descente de Num est vertigineuse. Elle évite une véritable falaise qui tombe dans le lit du Barun.

J’ai beaucoup de mal à suivre Sanjaya, habitué au chemin. Nous arrivons peu avant la tombée de la nuit à Seduwa. Nos amis nous y attendent et les retrouvailles se fêteront à la Tomba locale (bière de millet qui continue de fermenter avec les ajouts successifs d’eau chaude dans le mélange. Une tourista se dessine en perspective. C’est malheureusement une bonne idée d’éviter la tomba et le tchang sauf si l’eau servant aux breuvages a suffisamment bouilli ou a été traitée préalablement.

 

Jeudi 08- et  vendredi 09-mai. Interruption du trek. Séjour à la Ferme de Friends Of Nature entre Chyaksa Tashigaon


                   

C’est une occasion idéale pour entrer dans les maisons Sherpa et partager leur vie quotidienne. Mes amis traduisent mais pas besoin de mots pour apprécier le tchang préparé par la maîtresse de maison devant nous. Le principe est de ne pas laisser les verres se vider. Il faut qu’ils soient toujours pleins. Nous assistons aussi à la distillation de ce breuvage qui prendra le nom de Rocksi au Arack ou encore Local. La source froide se situe dans la marmite supérieure et doit être changée régulièrement pour permettre la condensation du distillat.

A l’inverse du tchang et de la tomba, cette boisson est tout à fait sûre pour le système digestif. A consommer cependant avec modération.

A la ferme de Friends of Nature, nous tuerons aussi le poulet qui améliorera considérablement  le dalbath. Sur ces terres, l’expérimentation de la culture du kiwi a débuté au printemps. Ce sera bientôt une source de vitamines pour toutes les populations de la vallée (environ 4000 personnes)

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samedi 10-mai  jusqu’à Tashigaon, 

DSCF1407 Seduwa Tashigaon

Dénivelé 628m en 8.45km à partir de Seduwa. altitude le soir :2200m

Nous continuons à marcher dans les rizières et je découvre mes premières sangsues. Elles s’accrochent aux semelles ou aux vêtements lorsqu’on les frôle. Elles s’infiltrent ensuite sous les vêtements pour boire le sang en toute tranquillité. Elles sont nombreuses entre Seduwa et Tashigaon mais je n’en verrai plus par la suite. Pour les éviter, il faut marcher au maximum sur les pierres et éviter les bords des chemins.

La campagne reste paisible et chaude. Le temps couvert ne permet pas de distinguer les montagnes environnantes.

A Tashigaon, nous fêtons mon départ en solo le lendemain avec force bières. Le manager du parc me met en garde sur les difficultés du parcours et me fait comprendre qu’il peut être sage de ne pas aller jusqu’au Camp de Base. J’en prends acte sagement mais je brûle d’impatience de me coltiner enfin aux vraies difficultés du parcours. Il sera moins sage que moi en s’enfilant 14 bières de 66cl dans la soirée.

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Dimanche 11-mai : de Tashigaon à Kongma      

DSCF1495 Tashigaon Kongma

 

Dénivelé : 1429m en 6.45km, altitude à l’arrivée : 3629m

Lever à 5 :20, départ à 6 :20. Arrivée à 13 :45

La montée de Tashigaon à Kongma est pratiquement continue dans la forêt. Je profite de cette dernière journée en ambiance tropicale. Les oiseaux se répondent à l’infini. Les derniers rhododendrons illuminent d’éclats rouges le chemin. La montée est un obstacle. Il ne faut pas chercher à aller plus vite que de raison. L’air ne manque pas encore mais le chemin se dilue déjà en volées d’escaliers disjoints sur lesquels les pieds cherchent encore, maladroits, un appui souvent incertain. La montée est longue. Il faut être patient. C’est le prix à payer pour échapper, peut-être, à la brume qui entoure toute chose dés que le soleil commence à donner.

Il y a peu d’habitations sur le chemin, quelques fermes dont une permet le ravitaillement et même un déjeuner lorsqu’elle est ouverte WP342.

Un sherpa que je croise dégage une haleine fortement alcoolisée. J’apprendrai par la suite qu’ils y trouvent l’énergie pour porter leurs lourdes charges avec moindre peine.

Je retrouve Kongma sans l’écrin de neige que nous avions laissé, il y a un peu plus d’un an. Les murs presque verticaux que je franchis aujourd’hui étaient alors couverts de neige. Je suis plus à l’aise.

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Lundi 12-mai      à Kongma, journée d’acclimatation

J’hésite à rester mais je veux être raisonnable. Le beau temps m’invite pourtant à partir. J’ai rencontré la veille mon premier trekkeur. Il redescend du Makalu et m’indique une belle antenne à partir de Shersong : une arrête à prendre en restant sur la gauche pour surplomber le camp de base à 5300m voire plus en direction du peak 3 . En s’installant là haut on peut découvrir simultanément le Makalu, l’Everest, le Lhotse et le Kanchenjunga par temps clair.  Je n’irais pas cette fois-ci si je peux aller vers l’East Pass qui reste mon projet.

La journée est longue à Kongma. J’en profite pour faire ma première lessive et une toilette un peu moins superficielle. Il faut reconnaître que ce n’est pas facile de rester un peu propre sur ce parcours. A partir de Tashigaon, il n’existe pas de point d’eau un peu isolé sauf les éventuels WC…

Je commande des chapatis pour le petit déjeuner. Mauvaise idée car la propriétaire comprend chiapati. Elle commence à me préparer du thé tibétain. Je ne confondrai plus « chiapati » thé tibétain et « tchapati ». D’ailleurs tout le monde sait faire des pancakes, ici, bien plus nourrissants…

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Mardi 13-mai    De Kongma à Dobaté

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dénivelé: 290m en 7.53km     altitude à l’arrivée :3900m

Lever à 5 :30, 4°C dans la chambre. Départ à 6 :40 Arrivée à 14 :00. WP405

S’il n’y avait que les quatre cols (Kongma, …, Shipton, Keke) pour arriver à Dobaté avec le Shipton la culminant à 4234m, l’épreuve serait  presque une formalité. Mais la neige est toujours au rendez-vous avec plus d’un mètre d’épaisseur à certains endroits. Elle se répand sur la plus grande partie du parcours. Le chemin reste souvent bien indiqué mais s’enfoncer jusqu’aux cuisses sans fin est épuisant.

Le temps se couvre rapidement et le brouillard remplit tout l’espace. Un court instant, irréel, les peaks 6 et 7 se découvrent . Je me rapproche de la haute montagne !

Je croise trois yacks seuls redescendant en direction de Kongma. Lorsqu’il faudra suivre leur chemin, chacune de leurs traces formant une colonne de vide dans la neige jusqu’au sol seront autant de  pièges ralentissant encore ma progression.

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De vrais murs aux parois glacées doivent être franchis, parfois avec l’aide des mains pour atteindre le troisième col. Le chemin a disparu sous la neige et le trek s’apparente à de l’escalade. Je comprends mieux les paroles peu engageantes du directeur du parc à Tashigaon.

Le lac précédant la Keke la est partiellement recouvert de neige et de glace. Je dois le frôler de trop prés car j’y enfonce mon pied. La chaussure gauche se remplit d’eau. Je me dépêche de la défaire pour la vider mais le mal est fait.

La descente vers Dobate où m’attend le mari de la propriétaire du lodge de Kongma, Pemba Sherpa, est plus sereine : la neige a presque disparu et les rhododendrons rouges et jaunes alternent joyeusement.

J’y passerai une bonne soirée. Son anglais nous permet d’échanger sur sa vie et sur mon projet. J’ai du mal à comprendre qu’il puisse vivre aussi isolé et loin de sa famille. Visiblement, sa situation lui convient très bien. Beaucoup de familles sont ainsi séparées pendant les saisons de printemps et d’automne entre Tashigaon et la vallée de hauts alpages conduisant à MBC.

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Je sèche mes chaussures et mon pantalon au plus prés du feu en buvant du thé sans compter.

 

Mercredi 14-mai de Dobaté à Yangle kharka

 DSCF1567 Dobaté Yangle Kharka           

dénivelé -256m en 9.6km   Altitude à l’arrivée 3644m

Lever à 6 :05 0°C dans la chambre ; départ à 7:20 arrivée 14 :15 sous la pluie.

Il fait beau au petit matin et les montagnes se découvrent un peu, pour peu de temps… Pendant le petit déjeuner copieux composé de pancakes et de thé, Pemba me prévient que des éboulements ont emporté une partie de la piste qui mène à Yangle Kharka, seul lieu ouvert avant MBC et donc arrêt obligé.  Il me prépare deux pancakes supplémentaires qui composeront mon repas de midi.

Je trouve une chute d’eau peu après Dobaté et je profite d’un rayon de soleil bienfaiteur pour faire une toilette complète.

Je change mon premier jeu de pile pour le GPS.

La descente vers la vallée du Barun se complique et je crois me trouver dans les éboulements décrits par Pemba car j’empreinte un canal parfois presque vertical qui doit être le lit d’un torrent quand il pleut.  Il n’en est rien et ce n’est qu’une promenade apéritive comparée au bon kilomètre de roches instables qui m’attend le long du Barun.

A partir de midi, la pluie commence à tomber., d’abord insignifiante puis prenant de l’ampleur. Après la forêt, les pâtures apparaissent et le chemin devient plus praticable. J’arrive à Yangle Kharka au bon moment car la pluie redouble d’intensité et je ne serais pas resté au sec bien longtemps dans ces conditions.

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Yangle Kharka me paraît bien rustre pour un hameau à basse altitude. Je suis tellement loin des Annapurna !

Triste et long après midi à tenter de me réchauffer prés du feu où sera préparé mon dalbath du soir. Cette simple pensée me coupe l’appétit. Tout est sale et sympathique ici mais la pluie empêche toute vision sereine de l’avenir immédiat.

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Jeudi 15-mai     de Yangle Kharka à Shersong

DSCF1586 Yangle Kharka Shersong         

dénivelé : 1071m  en 12.91km   Altitude à l’arrivée :4715m

Lever 5 :08 3°C dans la chambre

Départ 6 :10 arrivée 14 :46

Départ après un petit déjeuner de pancakes et thé. Je m’abonne aux pancakes car c’est une spécialité de la région apparemment. J’en commande pour mon repas de midi pour économiser mes provisions. Et c’est tellement fameux après les sempiternels dalbaths…

Le prochain hébergement se situe à MBC et nécessite un dénivelé de 1200m. Tous les autres lodges sont fermés entre deux. Il y a un risque réel de mal des montagnes. On sait comment ça commence avec une bonne migraine et des nausées. On ne sait jamais comment ça finit. A ma descente, mes amis me diront qu’ils étaient très inquiet car ils avaient entendu, de source sûre, qu’un français était décédé à MBC pendant son sommeil. Ils pensaient que c’était moi…

Grâce à mon équipement, je prévois de m’arrêter à Shershong (aucun abris couvert). Je n’y ferai pas ma seconde journée d’acclimatation comme prévu car elle sera faite à MBC à deux heures  et 200m de dénivelé de là.

La vallée doit être superbe quand le temps est dégagé. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Le soleil reste caché très souvent et d’épaisses couches de brouillard s’accrochent aux arbres de la vallée et des versants abrupts des montagnes. Dommage. Normalement, le temps devrait s’améliorer avec l’altitude.

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A Yak Kharka comme à Langmale, les bâtisses sont effectivement fermées au cadenas. Il est possible cependant possible de s’y réfugier dans un abris couvert attenant en cas de besoin.

Un gamin silencieux me suit pendant plusieurs dizaines de minutes. Je vais pourtant très lentement pour lui. Il sera rejoint par son père, porteur, et ses frères. Ils se rendent au camp de base avancé où, paraît-il, plus de 200 personnes préparent des expéditions pour vaincre le sommet du Makalu. Pauvre Makalu! J’imagine, dans ma longue marche solitaire, les genres d’embouteillages qui doivent y régner. Je n’ai jamais compris ce paradoxe : tant d’effort personnel pour se retrouver finalement en totale promiscuité dans des lieux aussi vides, minéraux et majestueux. A chacun sa tasse de thé !

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L’air commence à manquer et il me faut gérer les battements du cœur qui s’emballe maintenant au moindre effort. Les arrêts se font de plus en plus rapprochés. Peu importe car j’ai du temps.

J’arrive sous la neige à Shershong et je trouve un point d’eau à 150m du camp. Je monte pour la première fois et sans problème la tente. Le temps s’éclaircit dans l’après-midi, assez pour que les peaks  6 et 7 se découvrent dans un environnement d’autant plus surnaturel qu’inattendu. Ces énormes falaises, si proches, donnent le ton de ce que sera mon environnement dorénavant.

Ma première soirée autonome dans ces conditions me procure un bonheur compensateur des efforts passés et une forte motivation pour continuer vers le glacier du Barun…

J’ai quand même du faire passer une grosse migraine avec de l’ibuprofène et j’ai l’impression que mon cœur va s’arrêter tant il bat lentement. Ces presque 1100m de dénivelé à cette altitude sont trop importants. La nuit sera difficile  et longue  avec de nombreux réveils à cause de ma difficulté à respirer : je suis monté trop vite.

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Vendredi 16-mai             de Shershong au Camp de Base du Makalu       

DSCF1625 Shersong MBC

Dénivelé 126m en 3.57km

T intérieure 0°C ; T extérieure -7°C

Lever 5 :10

Départ 8 :07 arrivée 10 :00

altitude à l’arrivée 4841m WP412

C’est l’anniversaire de Sylvie qui me manque.Je lui souhaite un Bon Anniversaire par la pensée.

Je repère,  à  la sortie de Shershong, l’arrête qui conduit aux hauts pâturages au dessus de MBC, décrite par Philippe à Kongma. Si je n’arrive pas à progresser vers l’East Pass après MBC, je monterai pour y découvrir toute la chaîne de l’Everest au Kanchenjunga…

Je me prépare doucement car la route sera courte aujourd’hui.

Le temps se découvre un peu sur la route . C’est de bon augure. Pour la première fois le Makalu, majestueux et panaché d’une volute de nuages, se présente à moi. On ne se quittera plus pendant 5 jours.

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Je profite du soleil bienfaiteur pour faire une toilette un peu moins sommaire que d’habitude et une lessive sous l’œil attentif de Pasang, la propriétaire de mon lodge. Je sèche aussi tente et duvet humides après la nuit à Shershong.

Je pars en reconnaissance du chemin longeant le Barun dans l’après midi. Il est exceptionnellement bien tracé dans les kilomètres que je parcours (point final WP413). Je franchis en pleine forme mes premiers 5000m au cours de cette exploration.

Le lodge est fort sommaire mais l’ambiance y est amicale.. Des porteurs viennent y passer la nuit et nous y partageons notre diner. Il y a fait déjà -1°C vers 16 heures et je m’inquiète un peu des températures à supporter plus haut, quand je serai seul.

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samedi 17-mai  de MBC à  Sandy camp  

DSCF1641 MBC Sandy Camp

dénivelé 359m  5.16km ; altitude à l’arrivée : 5200m

Levé 5 :08

Départ 6 :08 arrivée 12 :20

Je m’arrête à 7 :30 pour me protéger avec de la crème solaire : le soleil est de la partie et brûle dés qu’il donne à ces altitudes. Le temps restera totalement clair pendant mon séjour au dessus de MBC. Ce répit est une grande chance qui me permettra de bénéficier pleinement des spectacles extraordinaires et toujours renouvelés.

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Il faut que je quitte le chemin qui mène au second camp de base car je dois me diriger vers la gauche pour rejoindre Sandy Camp. Ce camp hypothétique ne se situe sur aucune carte et a été repéré sur GE. Je quitte le chemin principal quand il oblique vers la droite et devient de plus en plus chaotique, sur le dos du glacier (WP416).

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Je progresse maintenant dans les rochers instables et je rejoins la ligne de rupture entre le glacier et le versant de la rive droite du glacier. Ce n’est pas la meilleure solution car c’est une zone d’éboulis où la progression est difficile et dangereuse. Je pense continuellement qu’une jambe cassée signifie la mort maintenant. Rien de bien réjouissant. Je reconnais enfin l’emplacement de Sandy Camp en surplomb d’une petite centaine de mètres. Je savais qu’y monter ne serait pas simple et j’avais prévu d’accéder à cette sorte de plate forme en formant des zig-zags sur la pente. Ce n’est pas aussi simple car les rochers, quelques soient leurs tailles se décrochent et glissent en entraînant d’autres avec eux. Rien ne tient. Je choisis de me hisser par le lit d’une cascade en pensant que les pierres formeront un ensemble plus cohérent  grâce à l’écoulement de l’eau. Rien n’y change. Au contraire, le simple fait de poser mon pied sur une pierre dévie parfois le courant vers moi.

Je ne suis pas fier lorsque j’arrive, trempé au faîte de la cascade. L’expérience n’est pas à renouveler !

Il y a autant d’éboulements ici qu’il y a d’avalanches dans la vallée encerclant le Dhaulagiri. Il faut s’habituer à ces nouveaux chants de la montagne.

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Sandy Camp est une superbe terrasse de sable fin et blanc, un vrai paradis pour un bain de soleil dans un environnement de pics enneigés, au son cristallin du torrent qui s’écoule à côté et face à l’immuable Makalu. L’après midi s’écoule ainsi à jouir de la douceur apparente  du soleil et de la vue imprenable sur le Lhotse (8516m), le Lhotse Shar (8393m), l’Everest à 18 km (8848m), le Shar Tse (7591m), le Sha Tse 2 (7457m) 

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Mon cœur bat maintenant trop vite sans effectuer aucun effort. Tout rentrera dans l’ordre dans la soirée et  la migraine n’est pas au rendez-vous.

Il fait 15°C dans la tente à 17heures. Ma hantise des basses températures à haute altitude n’était pas fondée.

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Dimanche 18-mai           De Sandy Camp au Camp du Col 


DSCF1677 Sandy Camp Camp du Col

Dénivelé 273m  pour     2.99km  Altitude à l’arrivée : 5473m

Lever à  4 :56

T=2°C intérieur -5°C extérieur

Départ 6 :55; arrivée à 14 :30

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Le temps de préparation est maintenant bien plus important qu’en lodge car il me faut démonter et ranger tout l’équipement et préparer le petit déjeuner (muesli + lait 100g et cappuccino avec palets bretons

Le temps est au beau fixe et j’emprunte la route prévue dans mon GPS en m’élevant tout en restant sur la plate forme qui longe le Glacier du Barun.  J’ai vu des dizaines de fois le profil de cette montagne que j’ai l’impression de connaître par cœur. Je retrouve des cairns parfois. Il doit réellement s’agir d’un chemin emprunté autrefois. L’état ancien des détritus du Sandy Camp (boîtes de conserve vides) me fait penser qu’il n’a pas été utilisé depuis plusieurs années.

La première partie se fait sans trop de difficulté. La descente vers le glacier et la moraine des glaciers conduisant vers l’East pass est beaucoup moins aisée car la pente est trop importante pour tenter une descente directe. Essayer de rejoindre le glacier en restant sur une ligne à peu prés horizontale n’est pas davantage possible car la paroi du versant devient de plus en plus verticale. Je tombe une fois, emporté par le poids du sac à dos. Arrivé sur la moraine, je continue à suivre mes points GPS mais le sol est toujours aussi instable.

Après une tentative infructueuse de progression vers le pied du glacier dévalant d’East Pass, Je décide de m’arrêter sur un emplacement sableux qui fut un campement, autrefois, et que je baptise Camp du Col, faute de mieux. L’emplacement est idéal pour planter la tente, toujours face au Makalu, mais de plus en plus haut par rapport à lui.

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Je sature des repas au saucisson et au couscous sans saveur. Il faudra varier les menus la prochaine fois.  Je rêve d’une soupe à la tomate…

C’est quand même le record de ma nuit terrestre la plus haute, à 5473m… Et tout va bien.

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lundi     19-mai  du Camp du Col au Belvédère d’East pass

 

altitude finale 5850m

dénivelé 377m en 1.8km

Levé 5 :08

Départ vers 8 heures. Arrivée à 10 :00

T=-1°C intérieur

T= -10°C extérieur

Ce n’est qu’après avoir démonté et rangé mon barda que mon regard est attiré par la pente qui fait face à mon campement dans la direction d’East pass. Il me semble évident que de cette hauteur, j’aurai un bon point de vue me permettant de décider de la voie à suivre. J’ai un choix à faire : soit redescendre vers le MBC pour rejoindre les hauteurs au dessus de Shersong, antenne conseillée par Philippe à Kongma, soit pousser aujourd’hui vers East pass  si je trouve un passage à peu près sûr.

Une demi-heure doit suffire. Je ne prends même pas d’eau.

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Sans sac, la montée me paraît une douce escapade. Une crête en cache une autre qu’il faut grimper pour espérer avoir une vue enfin dégagée.  Il me faut 2 heures pour voir enfin apparaître le cirque de montagnes encadrant East pass. Le glacier est énorme, incontournable et immaculé. Le franchir seul et sans équipement approprié me paraît totalement irréaliste.  La cloche du retour vient de sonner. Je suis à 5855m. Un hélicoptère me sort brutalement de mes contemplations. C’est le premier contact depuis trois jours. Il se rendait au camp de base avancé du Makalu lorsqu’il m’a vu au milieu de nulle part. Il vient vers moi et je lui fait signe que tout va bien. Tout va très bien même car je goûte au succès de mon entreprise comme un gourmet aux différents petits plats aux saveurs exquises.

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Sherpani pass, au fond à gauche, paraît être un mur de glace infranchissable. East pass, au fond à droite, paraît plus praticable…après la longue remontée du glacier!

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Ce que je ne sais pas encore, c’est que je suis juste à mi distance entre mon camp et un sommet s’élevant  à 6072m, facilement accessible et à partir duquel le Baruntse est pleinement visible. Très dommage. Ce sera pour une prochaine fois…

Je replante ma tente sur le même emplacement… Ca manque un peu d’anticipation. On fera mieux aussi la prochaine fois.

Le temps se couvre un peu en fin d’après midi, suffisamment pour m’inquiéter un peu.

mardi    20-mai  Retour au Camp de Base du Makalu

dénivelé :-632m en 7.28km        Altitude à l’arrivée 4841m

lever 4 :48

T=-1°C intérieur -10°C extérieur.

Je m’enfile mon quatrième petit déjeuner extraordinaire. La route sera longue et difficile aujourd’hui pour rejoindre MBC.

Départ 7 :25. Arrivée 17 :45

Il y a deux difficultés importantes à surmonter car je ne veux pas essayer la voie basse par le point de rencontre du glacier latéral où je me trouve avec celui du Barun. A la réflexion, c’est pourtant peut-être la meilleure voie. Je remonte donc sur le plateau qui conduit à Sandy Camp sans retrouver exactement mon chemin de l’aller. Le GPS me rend un fier service. La marche sur le plateau est par contre beaucoup plus aisée. Je descends du plateau vers le glacier du Barun en préférant  glisser sur un glacis de gravillons et de sable. Tout part avec moi mais l’avantage est d’avoir une vitesse à peu prés égale à celle de tout ce qui dévale. Cela permet de prévoir et d’éviter les plus gros cailloux.

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Je préfère cette fois éviter les éboulis de l’aller en progressant sur une ligne incertaine sur le dos du glacier en direction  du chemin du camp avancé du Makalu. J’évite, autant que je peux, les creux et les bosses formés au cours des siècles par la lente avancée du glacier.

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Mon jean ne s’en sortira pas entier, déchiré aux jambes et aux fesses. Les doigts de ma main gauche seront superficiellement coupés à force de frotter sur les rochers de granit.

J’arrive vraiment épuisé mais heureux de revoir des humains à MBC après plus de 10 heures de marche. Excellente soirée où je fête ma victoire à la vodka locale.

 

Mercredi 21-mai de MBC à Yangle kharka         

Dénivelé -1197m  en 16.43km

Altitude à l’arrivée : 3644m

Départ 7 :20 arrivée 15 :15.

A midi, la bruine s’est mise de la partie. Le retour aux basses altitudes est synonyme de temps couvert apparemment. Mais rien ne pourra plus entamer mon moral.

Mes étapes sont trop longues. L’idéal est bien de marcher 7 heures dans la journée. Mais les Sherpa font en une journée ce que je parcours en trois. Difficile dans ces conditions de trouver des lieux d’étapes coordonnés. Ils vont de MBC à Tashigaon en deux seules journées…

J’ai quand même vu un berger installé à Shershong sous un toit de bâches récemment installé. La ferme de Langmale était aussi ouverte et il aurait probablement été possible d’y prendre un repas ou au moins du thé.

Je croise mon seul groupe de porteurs de la journée. Vu leur état d’ébriété, je ne dois plus être loin de Yangle Kharka…

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Ce n’est pas non plus en la descendant que j’ai pu admirer cette magnifique vallée.  Je passe une excellente soirée avec mes nouveaux amis. Ici les mots ne sont pas nécessaires pour se sentir intégré dans la famille en partageant le repas ensemble. Quelques mots comme lasso (merci)  ou salti (ami) provoquent des rires francs et la convivialité est bien là.

 

Jeudi 22-mai de Yangle Kharka à Dobaté           

Dénivelé 256m en 9.9 km ; Alttude à l’arrivée : 3900m

Lever 5 :45 départ 7 :20 arrivée 15 :00

Le temps est, comme hier et à l’aller, couvert. La montée vers Dobaté est terrible bien que mon sac ait perdu plus de 2 kilos.

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La soirée avec Pemba et des porteurs sera une bonne récompense des efforts de la journée. J’y découvre le sucutti traditionnel, viande séchée  de yak,  attendrie à la flamme du feu de bois que je déguste et partage sans modération avec l’arak local. La vie sociale, dans son sens primitif et dont je raffole, est là. C’est un tissu ourdi jour après jour par la tradition.  Chacun y prend sa place au chaud après les efforts de la journée. J’y suis inclus pendant ces quelques instants précieux. On ne se pose pas de question, on jouit simplement de l’instant présent, ensemble.

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Vendredi 23-mai de Dobaté à Kongma

Dénivelé -271m en 8.73km altitude à l’arrivée : 3629m

Lever 5 :35 départ 7 :12 après passage en revue de mon « exploit » en regardant les photos avec Pemba. Il m’avait bien dit, à l’aller, en analysant les dessins de cuisson sur mes pancakes que mon trek serait un succès. Son grand-père lui a appris à lire l’avenir de cette manière.

Arrivée 14 :45

C’est la journée des quatre cols. On m’a bien dit que la neige a fondu depuis mon premier passage. Il est vrai que le chemin est un peu plus visible. Il faudra quand même lutter pas après pas pour avancer dans la neige molle et épaisse sur plusieurs kilomètres, dans la bruine et le brouillard parfois.

Je recherche le crampon perdu à l’aller sans le retrouver.

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Je retrouve l’ambiance chaleureuse de Kongma où je passerai une nouvelle soirée exceptionnelle. Un convive me montre son précieux butin : il a dans sa poche trois yarsagumba, récoltés dans la région de Yangle Kharka. Il s’agit de chenilles infectées par un champignon qui finit par les tuer. Cet ensemble mi plante mi insecte est un médicament aux vertus nombreuses notamment l’augmentation des  capacités sexuelles, que les riches chinois s’arrachent à prix d’or, jusqu’à 5000€/kg.

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 samedi 24-mai  de Kongma à Tashigaon              

dénivelé -1429m en 5.7km         Altitude à l’arrivée : 2200m

lever 5 :15 départ à 7 :30 arrivée 13:30

Je pars rasé à l’eau chaude mais toujours aussi sale. J’attendrai de trouver une cascade pour prendre une douche bienfaitrice sur le chemin alors que la température a sensiblement remonté. Des porteurs surpris par le spectacle feront mine de ne pas trop me regarder en passant. Toute trace de pudeur a vécu quand il est question d’un bonheur aussi primitif que complet.

 

A Tashigaon, le guesthouse de l’aller est malheureusement fermé car sa propriétaire est partie en hélicoptère à Kathmandu. Je suis déçu et je me replis sur la guesthouse où nous avions séjourné en mars 2013.  l’ambiance est plus guindée et les échanges plus limités bien que cordiaux. Tans pis, je sirote seul mon Arak avec le dalbath.

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Dimanche 25-mai    deTashigaon à  Seduwa              

Dénivelé : -628 en 8.7km altitude à l’arrivée : 1572m

Je ne trouve plus de sangsues sur le chemin. Je retrouve Dawa dans son école de Chyaksa danda où il a pris la place de Principal pendant mon abscence. C’est une excellente nouvelle que nous fêterons en famille le soir même en coupant le cou d’un de ses poulets à Seduwa.

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lundi     26-mai  de Seduwa à Num

dénivelé :  -49m en 4.8km           Altitude à l’arrivée : 1523m

lever : 6 :55 ! départ 7 :45 arrivée : 12 :30

On ne dira jamais assez que ce précipice à franchir entre Seduwa et Num est un supplice car on croit déjà l’épreuve achevée qu’il faut finir par une montée abrupte de plus de 700m, dans la torpeur tropicale.

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J’arrive alors qu’une jeep s’en va pour Khandbari… Il me faudra attendre patiemment qu’une autre se remplisse, pendant trois longues heures. J’aurais préféré les passer en compagnie de mes amis à Khandbari. Nous avons tant de choses à nous dire…

 

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 Annexe : points GPS

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Le Tour du Dhaulagiri


Trek du Tour du Dhaulagiri

De Darbang à Marpha

Du 4 au 19 octobre 2013

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Notre objectif:

Ce trek est en préparation depuis 2001, lorsque je descendais de Jomsom à Gorepani pour remonter pour la première fois vers le sanctuaire des Annapurna. Il y a 12 ans, l’imposante masse du Dhaulagiri faisant face aux profils dentelés des Annapurna, espacé par la vallée la plus profonde du monde, donnait des envies d’escapade : sortir des sentiers battus, déjà bien occupés.

C’est un palier technique intéressant puisque la randonnée exige une plus grande autonomie que celle vécues au cours des précédents treks (Milam en octobre 2012 et Makalu inachevé en avril 2013), des bivouacs au-dessus de 5000m et la nécessité de chauffer l’eau avec un autre combustible que le bois.

Nous prévoyons d’effectuer le tour du Dhaulagiri en solo à partir du point terminal de la route, Darbang, puis, forts de notre acclimatation à l’altitude, rejoindre de l’autre côté de la vallée, le lac Tilicho – le lac le « plus haut » du monde, par le col du Mesokanto.

 Préparation: 

Après les avatars du mois d’avril dans la région du Makalu (col bloqué par la neige), nous avons pris la résolution de partir à l’automne pour bénéficier des conditions météo les plus clémentes : la mousson d’été doit être passée et le froid hivernal en altitude être à venir.

  • Trajet :

Nous préparons le trajet et les étapes à la lecture attentive du récit de Sébastien et Fabienne, 3 ans auparavant (http://www.blankpage.fr/voyages-et-treks/tour-du-dhaulagiri/)

Nous reportons leur trajet sur Google Earth et dans le GPS. Il sera la base de nos indications GPS.

  • Situation 

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  • Sacs à dos:

Nous prévoyons 7 jours d’autonomie en nourriture, soit 7 à 8 kg composés de jambon sec, saucisson, semoule, pain type wasa, comté, muesli, lait lyophilisé, chocolat,  fruits secs, barres de céréales, palets bretons. La spiruline fait son entrée pour être testée (500g) : nous manquons toujours de vitamines en altitude et nous sommes rapidement en manque de fruits. Nous verrons si la cure comble ce manque.

Chaussures : LOWA – Tibet pro gtx

Sacs à dos : Osprey exos 58, Gregory Wander 70

Tente : Vaudé Power Lizard SUL 2 places

Réchaud :  MSR XGK EX avec 900ml d’essence achetée à Pokhara

Matelas: Thermarest Néoair XLIT

Sacs de couchage: Valandré Bloody Mary

On embarque aussi 2 panchos qui serviront l’un à recouvrir les sacs à dos qui restent dehors la nuit et à protéger le sol de la tente légère mais fragile.

Je porte au départ 18kg en tout, avec l’essence et l’eau  et Sylvie environ 14kg.

  • Accès: 

Nous avons pris un vol Malaysia, le moins cher au moment de l’achat mais qui fait faire un bon détour par Kuala Lumpur. C’est une bonne compagnie mais le voyage est un peu long à l’aller.

J1 :A Kathmandu, nous prenons nos TIMS et droits d’entrée dans le parc des Annapurna.

J2 : Bus Tourist de Kathmandu à Pokhara (faute d’avoir réservé, nous avons été serrés à côté du chauffeur). A Pokhara, l’apparition soudaine et irrélle du Macchapucchare, montagne sacrée, n’est pas pour nous rassurer. La mousson est bien toujours ancrée sur les himalaya alors qu’elle devait s’être évanouie depuis plusieurs semaines..

J3 : Bus de Pokhara à Beni à 7h le matin puis  bus de Beni à Darbang. La route est effondrée vers Bablyachaur, nécessitant un changement  de véhicule.

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  • Agenda :

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  • Altitude à l’étape

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  • Altitude en fonction de la distance

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Le  trek au jour le jour

  • 1er jour : De Darbang à Dharapani en 3 heures

Nous avons récupéré du voyage avec une bonne nuit. Le ciel est gris au réveil et une pluie fine tapisse les rues de Darbang. J’ai perdu mon kway dans le dernier bus hier après midi et la police m’avait promis de tout mettre en œuvre pour le récupérer alors que le bus était déjà reparti. Après un petit déjeuner copieux (milk tea, chapatis, omelette) la police nous fait prévenir que le Kway a été retrouvé ! Il nous sera très utile, précieux même, dans les jours qui suivent…

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C’est une petite étape pour se mettre en jambes. Les sacs sont lourds et nous craignons les lombalgies… La pluie se tarit avant que nous ne sortions de Darbang. Il faut dés le départ, vers 10heures, longer la rive gauche de la Lyagdi khola. Nous longerons cette rivière jusqu’à sa source. Il fait bon, un peu plus de 20°C, et nous marchons sans difficulté sur un chemin bien tracé avec parfois déjà quelques éboulis.
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Nous arrivons vers 13h et l’accueil est chaleureux à Dharapani. Nous profitons du soleil l’après midi pour la toilette et la lessive en compagnie des villageoises. Nous nous promenons dans ce beau village où poussent dans les jardins de grandes touffes de cannabis.

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  • 2ème jour : De Dharapani à Muri en 7 heures

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Le temps reste gris mais il ne pleut pas. Après une première montée jusqu’à 1868m, nous descendons dans les rizières par des chemins gadouilleux pour éviter le détour par Phaliyagaon. Après la traversée d’un affluent, nous nous dirigeons vers une chute d’eau où nous prenons une douche délassante. Le chemin continue à monter sur le nouveau versant pour donner sur Muri à une altitude identique au point culminant de la journée.

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Nous cherchons une maison hôte alors que la pluie commence à tomber. Après quelques hésitations, les villageois nous ouvrent une pièce sommaire mais propre et rapportent un lit d’on ne sait où. Nous sommes la curiosité des enfants et nous en profitons pour faire quelques photos. Le traditionnel dalbath nous sera servi le soir. Nous payons 1000Rs la chambre, les diner et petit déjeuner (chapatis, milk tea et omelettes)

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  • 3ème jour : De Muri à Boghara en 9 heures

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Nous marchons à notre rythme, c’est-à-dire bien doucement. Le Dhaulagiri s’est dévoilé ce matin comme pour nous motiver.

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Le temps reste doux et nous continuons à nous frayer dans les rizières. Le chemin disparait parfois complètement et nous nous embarquons dans une mauvaise direction. Le GPS indique bien un écart par rapport à l’itinéraire mais nous ne trouvons pas le bon chemin. Un paysan nous indique un pont en contre bas : nous sommes partis vers une vallée latérale… Nous le rejoignons en coupant à travers champs. Il nous faut parfois sauter prudemment les murets séparant les terrasses. Nous nous sommes mal engagés en commettant une telle erreur dans une région encore fort habitée… Qu’en aurait-il été à 5000m ? Cela nous inquiète.

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Nous traversons de petits hameaux jusqu’à Naura. Nous y déjeunons dans une ferme accueillante après 4 heures de marche. Le soleil est toujours présent par intermittence. On nous indique qu’il faut 3 heures pour rejoindre Boghara.

Nous en mettrons près de 5 sur un chemin magnifique et vertigineux. La montée est rude sur 600m de dénivelé.  Le temps est plus ensoleillé qu’hier mais nous voyons un bel arc-en-ciel sur le versant opposé.

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Boghara est un beau village niché dans les rizières à 2000m d’altitude. La première maison nous offre l’hospitalité. Une poule couveuse est installée avec nous et défend son territoire. Nous nous battons avec une vache qui ne veut pas céder sa place au seul point d’eau pour faire nos toilettes et lessives .

Les enfants nombreux dans la maison font leurs devoirs avant le repas du soir.

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  • 4ème jour : de Boghara à Dobang en 9 heures

Nous négocions gentiment avec le propriétaire qui nous demande 1750Rs dont  600Rs pour la chambre, aussi cher qu’à Kathmandu. C’est la preuve qu’il faut toujours demander les prix avant de s’installer…

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Mais le ciel est totalement bleu ce matin et c’est bon pour le moral.

Montées et descentes nous épuisent et nous sommes heureux d’arriver à Phylankos kharka, une hutte où une femme nous prépare avec une grande gentillesse des nouilles chinoises qu’elle cuit avec des herbes délicieuses cueillies dans son jardin.

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Un vieil homme qui vit avec elle nous indique qu’il faut 2.5 heures pour atteindre Dobang. Nous n’en mettrons que 3. Pas si mal !

Mais nous commençons à fatiguer en nous enfonçant dans une forêt humide, boueuse et tropicale. Dobang est une clairière sans activité agricole apparente. On nous propose une pièce au même prix que l’emplacement de la tente (400Rs). Nous choisissons la pièce pour gagner le temps du démontage demain matin. Le dalbath est à 300Rs, prix raisonnable à cette altitude. Nous passons une bonne soirée avec des convives un peu éméchés à l’alcool local.

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  • 5ème jour : De Dobang à Chauribang en 6 :30 heures

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C’est une journée à marcher dans la boue et dans la forêt humide et tiède. Les passages difficiles se multiplient. Nous avançons en prenant bien garde de ne pas faire de faux pas. Nous avons tout notre temps. Nous nous arrêtons à 13h40  à Chauribang qui marque la fin de la forêt alors que nous avions prévu de monter jusqu’au camp des Italiens. Il reste théoriquement 3 heures et nous craignons autrement d’y arriver à la nuit tombée.

Nous nous installons à côté d’une cabane où on nous préparera l’éternel dalbath. Nous économisons ainsi nos provisions. Il est possible de s’installer sous un toit et sur la paille mais nous préférons tester nos équipements avant d’être dans des conditions plus difficiles, en particulier le réchaud. Il fonctionne parfaitement.

La toilette se fait dans un torrent un peu chargé de terre car nous ne trouvons le filet d’eau de source (à l’entrée du site pourtant) qu’après quelques pérégrinations.

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  • 6ème jour : De Chauribang au camp des Italiens en 4 heures

Il a plu une bonne partie de la nuit mais le ciel est bleu au réveil. C’est ce qui compte ! Nous rangeons la tente mouillée et les sacs de couchage humides.

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Je commence la cure de spiruline ce matin (3 cuillères à soupe avec le thé). Dalbath le soir et chapati à la confiture d’orange au petit déjeuner ! Royal ! 1300Rs pour l’emplacement, diner et petit déjeuner.

Bien nous en a pris de nous arrêter à Chauribang ! Le chemin devient chaotique à la sortie de la forêt et sur la moraine. En fait, il n’y a bientôt plus de chemin car il a été emporté par une avalanche sur plusieurs centaines de mètres. (il y a deux mois nous dira-t-on au camp des Italiens). La progression s’apparente à de l’escalade à certains endroits. Nous devons même creuser dans la glace pour nous hisser dans un passage difficile.

Nous rencontrons les premiers trekkeurs depuis Dharapani. Ils arrivent en sens inverse alors que nous cherchons un passage pour traverser un torrent impétueux. Ils ont eu du beau temps en haut et cela nous rassure.

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Nous nous égarons un peu dans les éboulis de l’avalanche avant de trouver l’extrémité du chemin. Un vieux short abandonné par terre était censé donner la direction à prendre…

Le Dhaulagiri se découvre majestueusement sur le côté. Nous nous en sommes bien rapprochés depuis la dernière fois que nous l’avons aperçu de Muri. Ca nous donne du courage pour continuer la montée !

En arrivant au camp des Italiens, une migraine légère s’est installée. Je prends du Dafalgan sans effet puis de l’Ibuprofène bien plus efficace. Nous sommes surpris d’y trouver deux groupes de trekkeurs avec leurs guides et porteurs. Ils font bien le tour en dans le même sens que nous et pourtant nous ne les avons pas vu dans la montée. Mystère. Ils marchent forcément plus vite que nous.

Le bain dans le torrent à côté du camp et le séchage au soleil sont  un vrai moment de bonheur.

Les gérants du camp proposent un menu varié avec notamment d’excellents spaghetti, hasard ou volonté d’être à la hauteur du nom du lieu ? C’est encore une économie pour nos réserves et nous en profitons sans vergogne !

Le brouillard tombe avec la nuit et nous entendons de nombreuses avalanches qui nous mettent dans l’ambiance de la haute montagne. Il y en a tant qu’on pourrait croire qu’un orage se développe au dessus de nous.

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  • 7ème jour : Journée d’acclimatation au camp de base des Italiens 

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Il fait bon, 8°C entre les deux toits de la tente au réveil vers 6h. Le ciel est radieux et le panorama magnifique autour du camp. Nous sommes vraiment au pied du Dhaulagiri.  C’est la première fois que nous nous rapprochons autant d’un tel monstre.

Les groupes sont partis vers le camp des Japonais lorsque nous revenons de la lessive. J’en profite pour installer une table et deux fauteuils pour notre confort avant l’arrivée d’éventuels  nouveaux groupes…

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Lors d’une promenade de reconnaissance, nous les voyons tels une colonie de fourmis à la queue leu leu en train de monter une énorme moraine en contre bas. Sylvie s’inquiète de la difficulté. Il est vrai que cette portion du trek est réputée difficile et dangereuse.

Quatre néozélandais et leurs porteurs et guides ainsi que deux jeunes tchèques autonomes se sont installés dans l’après midi.

Le ciel se couvre progressivement  dans la soirée et la pluie se met à tomber dans la nuit.

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  • 8ème jour : Jour forcé d’acclimatation au camp des Italiens

La pluie fine tombe toujours au réveil. Nous prenons notre petit déjeuner à 6 :30h comme nous l’avions commandé la veille en vue d’un départ vers 7:30h. Mais il continue de pleuvoir et le ciel est totalement bouché. On nous déconseille de partir. Les néozélandais décident, eux, de tenter leur chance. Nous restons avec les tchèques. La journée s’écoule avec lenteur sous la pluie. Les parties de Rummy* dans la tente font passer le temps.

*Sylvie a créé un jeu de Rummy cube (Okey en turc, car c’est là que nous l’avons découvert) avec des petits carrés de papier qui se rangent précieusement dans une boîte de Tictacs. Nous l’avons appelé, avec raison probablement, « le plus petit rummy du monde ». Mine de rien, il a achevé avec succés son 3ème trek
  • 9ème jour : du camp des Italiens au camp des Japonais en 6:30h

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La température est tombée cette nuit à 0°C à l’extérieur. Le ciel s’est dégagé par la même occasion. Nous payons 7700Rs pour nos 2.5 jours. Nous retrouvons notre chemin qui descend brutalement vers le glacier puis nous attaquons la montée sur l’autre versant, tout aussi abrupte. Pour autant , nous ne nous sentons pas un instant en danger.

Les paysages sont grandioses et nous les découvrons sans cesse différents en progressant sur des chemins escarpés au pied des parois verticales.  Nous dépassons une baraque cadenassée que nous avions pris, de loin, pour le camp des Japonais. Il s’agit plus probablement du camp des Français.

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En quittant l’étroit couloir venteux qui donne sur le camp des Italiens, nous montons sur le glacier que nous ne quitterons qu’après le camp de base du Dhaulagiri. Nous arrivons au nouveau camp de base des Japonais vers 13 :45. Nouveau car il ne correspond pas à l’emplacement suggéré par les cartes.  Nous retrouvons le couple tchèque et le jeune gardien d’une tente « hôtel ». Il propose un hébergement rustique depuis deux ans de septembre à novembre. ainsi qu’au CB du Dhaulagiri, tant qu’il y a quelqu’un sur place.

Après l’installation du campement, nous allons prendre un thé (100Rs*2). L’emplacement coute 300Rs. Nous préparons nos premiers repas.

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  • 10ème jour : du camp des Japonais à proximité du CB du Dhaulagiri en 7 :30h

Nous nous rôdons à la répartition des travaux liés à l’autonomie. Pendant que Sylvie range la tente, je prépare le petit déjeuner (muesli+ lait + cappuccino). Mais nous ne partons qu’à 8h. La marche est alerte et nous profitons des paysages spectaculaires.

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Le chemin est assez visible mais nous ne retrouvons pas le camp indiqué par Sébastien (28°44’44.65″N – 83°27’50.95″E). Les écarts entre le chemin est les points GPS doivent s’expliquer par le mouvement du glacier.  Nous apercevons d’un surplomb sur le glacier  un camp (toiles plastiques colorées) que nous interprétons comme le CB du Dhaulagiri. Nous voyons en même temps à mi distance notre couple tchèque parti plus tôt que nous ce matin. C’est peu après, vers 11h  que nous perdons la trace du chemin.

Il nous semble impossible de rejoindre le campement bien visible mais sur la rive droite du glacier alors que nous sommes maintenant sur sa rive gauche. Nous retrouvons les tchèques qui ont tenté de le traverser à plusieurs endroits et sans succès. Je leur propose de suivre strictement mes points GPS. Il s’avère que ceux-ci nous permettent de traverser à un endroit totalement sûr. Il s’avère aussi que le camp vu plus avant n’est pas le CB du Dhaulagiri indiqué par le GPS, plus en amont d’un km environ. Nous retrouvons d’ailleurs les débris de l’ancien camp.

Nos amis tchèques préfèrent redescendre au nouveau camp. Nous nous installons à proximité de l’ancien camp à un emplacement qui nous paraît sûr.

Pendant que nous installons notre campement et que je vais chercher de l’eau dans une infractuosité du glacier, le ciel se couvre d’une couche nuageuse fort basse et nous craignons la neige.

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La nuit tombe et nous nous sentons bien seuls dans cet environnement devenu lugubre avec les craquements du glacier et les avalanches incessantes. Nous nous calfeutrons dans la petite tente où nous tenons à peine assis pour un diner réconfortant. La neige se met à tomber.

  • 11ème jour : Journée d’acclimatation forcée au CB Dhaulagiri

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Il a neigé toute la nuit et cela continue de plus belle au petit matin. La neige s’accumule sur le toit. Les contacts du toit avec le sous-toit provoquent une condensation très désagréable. Nous ne nous pressons pas pour autant pour nous lever car nous savons que nous ne pourrons pas partir et que la journée sera longue.

Il fait rapidement chaud dans la tente, jusque 18°C alors qu’il fait doux dehors : 7°C. La neige tient bon pourtant. Les duvets, mouillés sur leurs couche extérieure avec la condensation de cette nuit, sèchent vite. C’est une excellente nouvelle.

Nous attendons dans la bonne humeur mais non sans appréhension. Les craquements du glacier et le tonnerre des avalanches est quasi continu. Etre totalement seuls dans cet univers minéral et hostile donne le sentiment d’être très petits. C’est bien l’ambiance que nous avons cherché, nous n’allons pas nous plaindre !

Nous profitons d’une accalmie pour partir faire un repérage à l’aide du GPS. Nous découvrons des cairns alignés près du campement. Nous sommes près du chemin ou d’un chemin abandonné depuis peu. Nous progressons vers l’amont en accord avec le GPS sur près d’un km. Nous sommes très probablement sur le bon chemin.

La neige recommence à tomber et nous nous calfeutrons dans la tente. La journée se termine une fois de plus avec des parties interminables de Rummy auxquelles je perds sans discontinuer.

  • 12ème jour : Seconde journée au CB du Dhaulagiri

La neige continue de tomber. Tout est maintenant recouvert d’une épaisse couche blanche. Il fait à peine froid dehors: 0°C. L’eau s’est infiltrée dans la tente mais nous arrivons à éponger sans difficulté. Nous ne voulons pas nous risquer sur un chemin incertain, sans visibilité et dans la neige.

La température monte vite jusqu’à 20°C dans la tente. Il fait presque trop chaud.

Le vent se lève par rafales dans l’après-midi et la neige et le grésil redoublent. Nous nous acclimatons bien en tous cas car il n’est plus question de mal de tête même s’il nous est difficile d’accomplir des efforts prolongés.

Nous avons suffisamment de nourriture pour tenir encore 5 jours au moins mais l’ennui se fait sentir au bout de la seconde journée d’attente. Il n’était pas possible de prévoir un aussi mauvais temps en octobre alors que la mousson devrait être terminée depuis près d’un mois.

Dans ces circonstances, nous envisageons l’avenir de la boucle sur le lac Tilicho de moins en moins probable.

  • 13ème jour : du CB du Dhaulagiri jusqu’au camp des Deleval en 9 h

Il ne neige plus ce matin mais le brouillard entoure notre campement, nous empêchant de voir les parois montagneuses à proximité.

Nous nous apprêtons à partir quand nous voyons se rapprocher deux silhouettes par l’aval. Ce sont des guides qui explorent la possibilité de partir pour un groupe coincé au camp un km plus bas. Ils nous annoncent que la météo doit s’améliorer dans la journée. Ils ont eu une communication par téléphone satellite. Ca tombe bien car nous avions décidé de partir, de toutes façons, l’attente devenant intenable.

Nous suivons les cairns et le GPS. Nos traces d’avant-hier sont bien-sûr complètement effacées. Nous arrivons au bout de la vallée qui se sépare en deux. Nous ne trouvons plus de cairn et nous cherchons à rejoindre le prochain point GPS en suivant le ruisseau de gauche.

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Le groupe, conduit par nos deux guides de ce matin, nous rejoint alors que nous cherchons notre chemin. Ils nous indiquent la direction : il faut progresser sur la crête séparant les deux vallées. Le groupe est composé d’allemands que nous avions rencontrés au camp des Italiens. Ils sont autant surpris que nous de se retrouver dans un endroit aussi abandonné…

C’est toujours sous un ciel bas et gris que nous décidons de nous arrêter. Nous ne pourrons pas dépasser la French pass dans la journée. Autant trouver un endroit sûr pour passer la nuit. Je descends dans la vallée de gauche pour trouver une surface à peu près plane et un peu plus protégée du vent, sans succès. Epuisé et manquant d’air, j’ai beaucoup de mal à remonter. Nous décidons de rester à côté du chemin en retirant et en tassant la neige pour y planter la tente.

Je fonds la neige avec le réchaud pour faire du thé. Nous nous sommes déshydratés aujourd’hui car l’eau n’était disponible que sous forme de neige que nous avons mangée en quantité insuffisante.

Nous sommes installés à 17 :30 et il fait 4°C dans la tente. Nous n’avons pas pu profiter de la vue sur la montagne aujourd’hui mais nous sommes sur le bon chemin et nous gardons toutes nos chances pour une bonne surprise demain. Notre installation à 5100m  dans la neige nous aguerrit et c’est une expérience qui nous réjouit.

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  • 14ème jour : du camp des Deleval à Hidden Valley en 4 :20h

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On se lève avec le jour et le ciel est limpide ce matin ! Un environnement extraordinaire nous entoure. Il nous éblouit d’autant plus que nous n’avons rien vu la veille. Il fait -11°C dehors et -4°C dans la tente. Le petit déjeuner attendra, nous profitons d’abord et sans retenue du spectacle. Le soleil illumine progressivement les cimes du Dhaulagiri puis ses glaciers. La lumière passe du jaune doré au blanc cru.

Les efforts des jours derniers se justifient d’un coup et les doutes s’évanouissent. Ici, l’imagination est dépassée par la réalité.

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Les nuages arrivent vite et j’aperçois au loin, devant nous, le groupe de nos amis allemands en file indienne attaquer la French Pass (5362m). Nous partons vers 9h et nous essayons de marcher  sur la neige sans rompre la couche de glace pour éviter d’enfoncer les pieds jusqu’aux chevilles. L’exercice est  mal aisé et la montée en pente douce nous fatigue. Lorsque nous arrivons vers 10 :20h le brouillard nous entoure. Un vent glacé nous gifle le visage.

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La Hidden Valley porte bien son nom : il nous faut amorcer la descente pour entrevoir un paysage sec et plat, surprenant à cette hauteur.  Le vent souffle toujours et nous ne trouvons pas d’emplacement un peu protégé pour bivouaquer. Un petit torrent coule à proximité. Il ne faudra pas faire fondre de neige aujourd’hui pour manger.

Le temps se lève en soirée et nous permet d’apprécier ce lieu magique. Nous imaginons une nuit glaciale en perspective. Il n’en sera rien !

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  • 15ème jour : de Hidden Valley à Yak kharka en 8 :30h

Nous nous levons trop tard à 6 :20 car le ciel est déjà chargé de nuages bas qui cachent partiellement les hautes montagnes autour de nous. Du Dhaulagiri, nous ne voyons que la cime. Il n’a pas fait assez froid pour libérer le ciel : -5°C à l’extérieur.

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Nous partons vers 9h sans nous presser car nous pensons nous arrêter à un camp intermédiaire indiqué sur notre carte. La montée vers Dhampus Pass (5270m) est longue. Le temps se gâche avant 11h. Nous sommes pris dans un brouillard glacé dans un premier temps. La neige se met à tomber par rafales de plus en plus violentes. Les traces du chemin ne tardent pas à complètement s’effacer  et nous serions perdus sans le GPS. La lecture en est rendue difficile. Nous rencontrons deux porteurs qui hésitent autant que nous.

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Nous ne trouvons pas le camp intermédiaire. Il aurait été très difficile de toutes façons de planter la tente dans de telles conditions. Ce n’est qu’en arrivant face à la vallée de la Kali Gandaki que le temps se lève un peu pour nous faire entrevoir le massif des Annapurna dans un ciel très perturbé.

La vallée la plus profonde du monde s’ouvre devant nous.

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Nous arrivons bien fatigués à Yak kharka et nous sommes heureux d’y trouver un sympathique jeune népalais qui nous offre du thé et une soupe aux  tomates fraîches mémorable.

Au moins, ce soir, il ne neige pas pour planter la tente.

  • 16ème jour : De Yak kharka à Marpha en 3 :30h

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Le vent et la glace d’hier ont scarifié nos visages mal protégés. Nos lèvres ont doublé de volume. C’est le visage boursouflé que nous nous réveillons.

Il a encore une fois plus toute la nuit. De grands coups de vent secouent la tente. Quelques éclaircies nous permettent quand même d’apprécier la présence proche des Annapurna. Le point de vue ici est encore plus exceptionnel que celui de Poon hill plus éloigné et moins élevé.

Le dénivelé d’hier était important (1080m). Le dénivelé d’aujourd’hui le surpasse : 1500m. Le temps s’adoucit avec la descente mais nos pieds souffrent ; j’essaie de progresser en marche arrière pour éviter l’écrasement à répétition de mes orteils. Pendant ces exercices périlleux, Sylvie marche en crabe.

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Nous arrivons à Marpha en longeant le grand monastère puis en plongeant dans les ruelles pour nous retrouver dans un monde policé par le tourisme. Le choc est rude. D’autant plus que nos visages brûlent par le manque de protection d’hier. Les pieds et les genoux quant à eux demandent grâce. Cela tombe bien car un grand choix de restaurants s’offre à nos yeux et notre odorat.

C’est dans cette débauche de luxe que s’arrête notre odyssée, au pays de la pomme et sous une pluie fine qui se remet de la partie : le mauvais temps ne nous abandonnera pas comme ça.

Comme il n’y a pas de moyen de transport en début d’après midi pour Beni, il ne nous reste plus qu’à choisir un guest house et entamer des parties de rummiy qui nous donneront la réputation des français aux petits papiers… Petits papiers qui nous ont sauvés de la déprim à 5000m quand la neige et le vent s’acharnait sur notre petite tente.

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Retour :

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Nous partons le lendemain à 7 :30 en bus pour Beni et ce n’est pas une sinécure. La pluie a ravagé la piste qui ressemble plus à certains endroits à un torrent de boue ou à de grosses mares insondables dans lesquelles il faut jeter de nombreux blocs de pierres pour pouvoir passer.

Nous nous précipitons d’un seul mouvement hors du bus en enjambant toutes sortes de colis et bidons alors le véhicule en pleine accélération patine et glisse dangereusement  vers la paroi montagneuse. Nous avons plus de chance qu’une jeep qui s’écrasera 500m plus bas le même jour causant la mort de ses huit occupants.

Nous prenons un taxi à Beni pour Pokhara et c’est un grand soulagement de retrouver notre guest house et ses sympathiques propriétaires.

Enseignements :

Une liste semble incontournable pour éviter d’oublier d’emporter des produits aussi élémentaires que la crème solaire !

La tente ne pèse pas lourd, 1 kg, mais un séjour de plus de 5 jours est pesant pour le moral surtout dans des conditions météo difficiles. Rechercher pour  quelques centaines de grammes un volume plus grand pour des treks de durée similaire ou plus long.

Nous avons emporté trop de nourriture car nous rapportons près de 2 kilos. On peut donc affiner la quantité nécessaire à 750g/2personnes.jour. en limitant aussi la spiruline dont l’effet n’a pas été démontré à 20g/j.personne pour une future expérience de plus long terme. Il n’est pas possible de considérer la spiruline comme un aliment du fait de son goût et de sa consistance (paillettes)

La quantité d’essence consommée n’excède pas 350ml pour 7 jours d’autonomie car nous avons rapporté 550ml environ. On peut donc compter 50ml/jour.2personnes avec une sécurité pour les prochains treks.

Les chaussures ont été parfaites concernant le confort et l’étanchéité dans des conditions difficiles (plusieurs jours dans l’eau et la boue puis la neige).  La grande descente de Dampus pass à Marpha a laissé nos orteils en mauvais état. Le handicap aurait été important pour continuer vers le lac Tilicho avec sa montée et surtout sa descente abrupte  de 5200 à 2700 m. Des sandales de marche ouvertes pourraient être une solution ?

La montée vers le lac Tilicho a été annulée. Ce sera l’occasion d’une nouvelle aventure, probablement par le trajet inverse et en couplant le trek à d’autres passages hors des sentiers battus car le chemin longeant la route de Marpha à Tatopani a bien changé depuis 2001. Faire la course avec ou cotoyer les véhicules à moteur de toutes sortes n’est vraiment engageant…

Le trek du tour du Dhaulagiri est en train de se métamorphoser : il est fort probable que des refuges seront installés tout au long du parcours d’ici peu pendant la haute saison de septembre à novembre. La seule rupture actuellement se situe dans Hidden Valley.  L’offre est très limitée sur Camps des Italiens, Camps des Japonais, CB du Dhaulagiri et Yak Kharka mais elle existe. Les marges possibles sur les repas sont très importantes et le marché existe. L’esprit s’en trouvera modifié mais il restera encore une bonne marge pour sentir le vent de l’aventure.

Nous sommes prêts pour affronter des périodes plus longues d’autonomie (jusque 10j). En attendant, nous reviendrons sur le trek du Makalu  en mai 2014 pour une visite à nos amis de Khandbari, Seduwa et Chyaksa danda et  l’East pass pour chatouiller les 6000m.

Annexe : points GPS notés sur GE à partir du tracé effectué

Pour accéder aux coordonnées GPS transposables directement dans Google Earth, vous devez ouvrir la page Excel ci-après: GPS pour article Dhaulagiri

Il suffit pour cela de copier les deux coordonnées (Nord et Est) d’un point et de les coller dans Google Earth. Attention: le tableau joint à la suite possède les mêmes points et coordonnées mais l’éditeur du site transforme le symbole « minutes » par le symbole « apostrophe »  que Google Earth ne reconnait pas.

Dharapani  28°27’10.46″N  83°22’32.49″E
 28°27’13.84″N  83°22’25.59″E
 28°27’18.61″N  83°22’20.13″E
 28°27’31.30″N  83°22’12.13″E
 28°28’10.04″N  83°21’34.87″E
 28°29’11.93″N  83°20’43.39″E
 28°29’50.02″N 83°20’21.43″E
pont  28°30’19.36″N  83°19’55.53″E
douche à la chute d’eau  28°30’21.05″N  83°19’55.47″E
 28°30’19.78″N  83°20’34.35″E
 28°30’32.46″N  83°20’53.83″E
Muri  28°30’58.27″N  83°20’41.22″E
après ce pt erreur  28°31’0.27″N  83°20’41.97″E
reprise bon trajet  28°31’43.09″N  83°21’10.50″E
 28°31’23.93″N  83°21’27.94″E
 28°31’17.34″N  83°21’39.39″E
Naura  28°32’9.06″N  83°21’59.03″E
 28°32’46.37″N  83°22’8.91″E
 28°33’3.78″N  83°22’38.30″E
Bhogara  28°33’52.14″N  83°22’45.56″E
 28°34’5.83″N  83°23’3.40″E
 28°34’17.79″N  83°23’0.74″E
 28°34’32.90″N  83°23’7.50″E
 28°35’17.13″N  83°23’5.08″E
Dobang  28°36’10.15″N  83°23’14.98″E
 28°36’55.59″N  83°23’27.06″E
pt arrêt long  28°37’43.82″N 83°23’33.42″E
 28°38’9.61″N  83°24’0.73″E
 28°38’48.55″N  83°24’17.39″E
passage à gué  28°39’4.95″N  83°24’34.35″E
Chauribang  28°39’20.35″N  83°24’30.80″E
 28°39’47.99″N  83°24’58.30″E
 28°40’31.48″N  83°25’40.21″E
camp des italiens  28°41’30,34″N  83°26’13,92″E
 28°41’50.41″N  83°26’24.15″E
 28°42’30.42″N  83°26’16.49″E
 28°44’2.85″N  83°26’49.13″E
camp des japonais  28°44’22.87″N  83°27’15.03″E
 28°44’23.98″N  83°27’44.49″E
 28°44’47.98″N  83°28’17.13″E
 28°44’52.47″N  83°28’41.76″E
368  28°44’53.14″N  83°29’0.97″E
369  28°44’53.20″N  83°29’15.04″E
 28°44’49.94″N  83°29’45.94″E
 28°44’51.69″N  83°30’4.13″E
 28°44’50.14″N  83°30’12.13″E
mauvais côté apparemment  28°44’47.48″N 83°30’17.98″E
 28°44’47.60″N  83°30’21.04″E
 28°44’50.24″N  83°30’22.22″E
 28°44’53.19″N  83°30’26.47″E
prox ancien cb Dhaulagiri  28°44’57.02″N  83°30’29.49″E
 28°45’4.14″N  83°30’35.92″E
 28°45’12.67″N  83°30’43.05″E
 28°45’19.59″N  83°30’47.76″E
 28°45’27.22″N  83°30’53.37″E
probable écart/ chemin  28°45’32.86″N  83°30’52.05″E
 28°45’36.09″N  83°30’55.16″E
vers la crête  28°45’40.01″N  83°30’55.87″E
sur la crête  28°45’42.17″N  83°30’55.33″E
Camp des Deleval  28°46’7.48″N  83°31’23.74″E
 28°46’24.59″N  83°31’41.10″E
 28°46’38.24″N  83°31’47.40″E
French pass  28°46’55.45″N  83°31’52.29″E
 28°47’0.30″N  83°31’59.41″E
 28°47’21.19″N  83°32’34.56″E
Hidden valley  28°47’44.89″N  83°33’14.39″E
 28°47’51.90″N  83°33’27.64″E
 28°47’51.76″N  83°33’34.53″E
 28°47’46.73″N  83°33’49.46″E
 28°47’46.25″N  83°34’7.96″E
373  28°47’48.70″N  83°34’32.94″E
Dhampus pass  28°47’46.26″N  83°34’47.55″E
 28°47’29.99″N  83°35’12.19″E
 28°46’50.80″N  83°35’43.79″E
 28°46’56.19″N  83°36’0.12″E
 28°46’23.05″N  83°36’56.37″E
 28°46’15.47″N  83°37’34.33″E
 28°45’57.13″N  83°37’59.37″E
 28°45’26.46″N  83°38’38.46″E
Yak Kharka probable  28°45’20.60″N  83°39’3.43″E
 28°45’39.24″N  83°39’33.99″E
 28°45’27.36″N  83°40’1.43″E
 28°45’11.14″N  83°40’10.23″E
 28°45’8.10″N  83°40’33.30″E
 28°45’4.12″N  83°40’51.58″E
Marpha  28°45’11.08″N  83°41’11.70″E

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Du 28 mars au 4 avril 2013

Introduction:

C’est en revenant du trek du Makalu, interrompu par le mauvais temps, que nous décidons d’aller au Sanctuaire des Annapurna. En effet, il nous reste deux petites semaines au Népal que nous voulons utiliser au mieux. Le Terai ne nous attire pas beaucoup et nous craignons la malaria, peut-être à tort. J’ai déjà été au sanctuaire des Annapurna, en mars 2001.  C’est donc une redite pour moi mais une première pour Sylvie. DSCF9997  treks du sanctuaire des Annapurna

Notre objectif:

Aucun sauf profiter d’un environnement exceptionnellement beau même s’il est truffé de touristes, pourvu que le temps soit plus clément que dans les vallées du Makalu…

Préparation:

Par la force des choses et par manque de nécessité,  aucune préparation n’est effectuée, à l’inverse des quatre derniers treks,. Le trek des Annapurna est l’autoroute à trekkers par excellence.  Il n’y a pas de possibilité de se perdre, même en le faisant exprès. Il aurait été possible de préparer une ballade à partir du sanctuaire lui-même pour se rapprocher des grands monstres qui l’entourent. La carte donne quelques itinéraires intéressants.

Permis :

Nous nous précipiterons en arrivant à KTM de retour de Tumlingtar (Makalu)  à l’office de tourisme pour obtenir le permis. Un samedi et fête de Holi,  notre chance semble très réduite de trouver les bureaux ouverts. Nous arrivons à  15h et le bureau de l’ACAP ferme à 16h mais nous avons oublié les photos d’identités. On nous indique où les faire à 10mn à pied. Les permis sortent de l’imprimante à 15h40. Formidable ! Par contre le bureau du TIMS est fermé. Nous maquillerons ceux du Makalu en ajoutant quelques noms de villages sur notre route. Nous verrons bien !

Sac à dos:

Ils sont allégés de toute nourriture et de la tente puisque nous serons hébergés par des guesthouses qui jalonnent fréquemment le parcours.

Accès:

A Kathmandu, les bus « turist» partent à 7h de Kanthi Path  (27°42’42.08″N, 85°18’54.54″E) après l’ambassade américaine, à 10mn de Thamel (KTM Pokhara en 8h pour 600Rs). Nous choisissons d’entrer dans le parc par Kande (28°17’32.63″N, 83°49’26.60″E) sur la route de Naya Pul car la carte Pocket Map au 62 500 ème  indique une altitude de 1725m alors que Naya Pul se situe plus loin et à 1070m. Nous espérons ainsi éviter trop de touristes sur la première partie du trek et quelques centaines de mètres de dénivelé. Le bus s’arrête à la demande. C’est sans compter le petit col pour passer Bhichok (2100m)

Agenda:

Arrivé le soir à altitude dénivelé En
28/3 Landruck 1587 445 7h
29/3 Sinuwa 2350 763 8h
30/3 Deorali 3151 801 7h30
31/3 ABC 4124 973 4h30
1/4 Dobhan 2520 -1604 7h20
2/4 Jinnu 1723 -797 7h30
3/4 Repos à Jinnu 1723
4/4 Siwai 1410 -313 3h30

  Le voyage et le trek au jour le jour

  • Jeudi 28 mars: de Kande à Landruck

DSCF9997 treks des Annapurna 2803 Il fait beau mais suffisamment brumeux pour ne pas apercevoir les pics des Annapurna depuis Pokhara. Un taxi nous emmène à la gare des bus vers Baglung  (28°13’56.77″N  83°58’57.48″E) pour 300rs. L’un d’eux part vers 8h (100Rsx2 jusque Kande). A Kande, nous prenons un petit déjeuner au bord de la route et recherchons l’entrée du chemin (28°17’32.63″N, 83°49’26.60″E). Avec nos sacs légers et le chemin bien construit, c’est une ballade agréable et bucolique. Nos droits d’entrée sont contrôlés à Pothana ou Bhichock. Les TIMS maquillés restent sagement dans nos poches… Nous arrivons à Landruk vers 15h40.

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  • Vendredi 29 mars :

DSCF10007 treks des Annapurna 2903

Levé à 6h15, et départ à 7h10 après un petit déjeuner copieux. Nous payons 1805Rs pour le diner, la chambre et le petit déjeuner. La première  partie du trajet est en descente très agréable  jusqu’à New Bridge. Les choses se gâtent ensuite avec une ascension de 900m jusqu’à Chhomrong.  Nous y déjeunons vers 12 :30 (veg chowein et milk tea pour 630Rs).

DSCF10007

Il faut ensuite entreprendre une descente aussi dramatique que la montée du matin. On se demande l’utilité de monter si haut pour redescendre aussitôt. Plutôt que de suivre le cours de la Modi Khola. Les genoux souffrent assez pour qu’on en vienne à imaginer que ce détour apparent a été conçu pour faire vivre les nombreuses boutiques et lodges de Chhomrong. Nous profitons de notre passage au grand dépôt pour acheter un peu de whisky à un prix abordable (250Rs pour 400Rs dans les lodges à ce niveau d’altitude).

DSCF10021        DSCF10023 Nous arrivons à Sinuwa à 15h. Vraies douches chaudes à 100Rs (50% d’augmentation 800m plus haut… )

  • Samedi 30 mars :

DSCF10023A  treks des Annapurna 3003

Levés à 6h. Il fait déjà un peu plus froid (9°c dans la chambre). La note augmente aussi avec l’altitude (2140Rs) Départ à 7 :35 . Maintenant que nous sommes sur le chemin principal, il y a foule sur le chemin, dans les deux sens. Il reste pourtant étonnamment propre. L’ACAP a fait un travail remarquable de nettoyage depuis il y a 12 ans. Le chemin était alors parsemé d’emballages plastiques, de bouteilles et de canettes métalliques.    

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Le Macchapuchare se distingue bien mais les nuages arrivent très vite sur les Annpurna au loin. Une petite pluie fine nous rejoint en fin de matinée. Nous déjeunons à Himalaya (patates sautées thé pour 720Rs). Nous commençons à nous demander si nous avons pris assez de roupies pour l’ensemble du trek.

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La pluie ne nous quitte pas jusqu’à Deurali où nous arrivons à 15h. Tous les lodges sont complets ! On nous trouve une place dans une remise à blankets. Ce n’est pas terrible. J’imagine qu’il en soit de même à ABC. J’obtiens du jeune patron qu’il nous réserve une chambre puisque tout le monde possède un téléphone.  Chose faite rapidement. Nous apprendrons le lendemain matin avant de partir que tout est déjà complet là-haut. Nous avons bien fait ! Le lodge est occupé par  un groupe de 22 touristes, probablement portuguais. Ils sont sympathiques mais il faut leur laisser la table quand vient l’heure du diner. Plus lents qu’eux, nous nous gênerons mutuellement pendant une grande partie du trek.

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Ces grands groupes sont devenus un inconvénient non négligeable de ce type de treks. J’imagine qu’il en va de même dans le Khumbu où j’étais relativement tranquille en 2002. Vive les trajets plus originaux !

  • Dimanche 31 mars :


DSCF10070 treks des Annapurna 3103

Levés à 6h. Il fait 6°c dans la chambre. Nous prenons le petit déjeuner en même temps que les sherpas pour dépasser tôt le couloir à avalanches entre Deorali et MBC. Nous en sommes à 2590Rs. Il est bien qu’ABC ne soit qu’à 4150m. Nous partons à 7h10 sous un ciel parfaitement bleu.  Le soleil met du temps à nous rejoindre dans cette vallée encaissée.  Plutôt que de traverser la Modi khola, nous restons sur sa rive droite. Déjà bien engagés, nous nous apercevons que le chemin principal passe maintenant de l’autre côté, d’une part probablement pour éviter les risques d’avalanche et d’autre part parce que notre chemin traverse des langues de neige glacée à pratiquement 45°.  Une glissade dans ces endroits pentus pourrait être fatale.

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Nous arrivons à MBC en une heure. Il y a foule ici. Les nuages arrivent par le bas à une vitesse impressionnante. Il reste moins d’une heure de marche quand nous sommes dans un brouillard léger, annonciateur de mauvais temps.          

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Le patron du Snowland lodge nous attend. La chambre est spartiate et propre. Nous passons une bonne partie de l’après midi et la soirée avec un couple de jeunes français, Mélissa et Johnny, en congé sabatique qui se balladent en Asie.

  • Lundi 1er avril :

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Le ciel est limpide au lever du soleil qui illumine en or les massifs entourant le sanctuaire. Nous sommes loin des grises vallées du Makalu. Il ne fait que 0 dans la chambre et -3°C dehors, bien chaud en comparaison des -7 et -17°C d’il y a 12 ans à la même période! Nous faisons une série de photos avant le petit déjeuner.    

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Le petit déjeuner est copieux comme d’habitude. La note aussi : 3640Rs mais nous n’irons pas plus haut !

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Nous partons vers 8h10 et nous retrouvons Johnny et Mélissa sur la rive gauche du torrent peu avant Deorali où nous déjeunons tranquillement ensemble. Nous repartons vers 13h pour arriver à 15h30 à Dhovan. Les premières gouttes de pluie commencent à tomber. Douches chaudes à 150Rs.

  • Mardi 2 avril :

DSCF10200 treks des Annapurna 0204

Le ciel est toujours bien dégagé à notre réveil. Départ à 7h30. La majestueuse stature du  Macchapuchare semble toujours nous protéger mais Sylvie chute deux fois sur la première demi-heure. Il faut faire attention aux racines qui barrent le chemin et à la fine couche de glace qui les recouvre !

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La grande descende se poursuit jusqu’à Bamboo suivie d’une bonne remontée puis d’une descente jusqu’aux escaliers monstrueux menant à Chhomrong. La suite se fait en partie sous une pluie de plus en plus dense. Nous arrivons déjà bien mouillés à Jhinnu vers 15h. Nous entrons dans le premier lodge (lodge Hot Springs) sans choisir. L’accueil est assez froid pour une fois. Il n’y a pas de serveur et il faut aller soi-même commander ses consommations à la réception. De plus nous y retrouvons le soi-disant guide qui nous poursuit depuis Sinuwa dans la montée. Son visage n’est plus qu’un amas de plaies et de pansements. On apprend qu’il s’est viandé dans la neige aux environs de MBC. Il ne frime plus maintenant.

Comme nous avons décidé de passer ici une journée, nous partons à la recherche d’un lodge plus sympathique dans Jhinnu lorsque la pluie a cessé. L’hotel Namaste nous offre un jardin rempli de fleurs et un accueil beaucoup plus chaleureux.          

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  • Mercredi 3 avril :

C’est encore une galère pour commander le petit déjeuner : cet hôtel est organisé pour recevoir les groupes avec leurs guides larbins qui s’occupent de commander les repas. J’en oublie mon omelette quotidienne. 1930Rs, les prix recommencent à baisser un peu avec la descente. Nous filons ensuite nous installer au Namaste. Ce sera notre plus courte marche du trek. Départ à 7h30, arrivée à 7h35 !

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On nous prépare la chambre que nous avons choisie puis nous partons vers les sources chaudes. Nous ne sommes pas seuls sur le chemin ! Les sources chaudes se situent près de la Modi khola. Des bassins ont été construits pour recueillir l’eau chaude et permettre aux touristes de s’y réchauffer après une douche obligatoire. Un gardien veille à la bonne hygiène du lieu, L’ACAP a décidemment fait du bon travail dans le parc.

Le bain nous fait un bien considérable après tous ces efforts. L’eau est à 37°c et nous passons un bon moment dans cet endroit agréable et bien organisé (50rs*2).

Nous passons le reste de la journée à buller. Un énorme orage éclate vers 14h. Nous sommes bien contents d’être à l’abri. Des trekkeurs trempés arrivent en courant et remplissent les dernières chambres et fils à linges de leurs vêtements mouillés. Dans la soirée, nous jouons  aux cartes avec des trekkeuses allemandes et un guide fort sympathiques.

  • Jeudi 4 avril :

Levé à 6heures, petit déjeuner à 6h30, départ à 7h30 après quelques belles photos de l’Annapurna sud (7219m) et de l’Hiunchuli (6434m) qui dominent le village.          

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Nous descendons vers New pul. La carte indique une nouvelle route le long de la Modi khola qui évite Gandruck et la longue route pour y aller. C’est par ce nouveau chemin que nous rejoignons Siwai, terminus de la route pour jeep Mahindra.

Nous avons cette même impression qu’à Num, dans la région du Makalu. Ici tout paraît sale et laid. Nous sommes malgré tout heureux de voir une jeep (300Rs/p) s’apprêter pour le départ vers Naya pul. Il y a aussi un bus (500Rs/p) qui dépose des passagers puis part pour Gandruck pour repasser à Siwai avant de repartir vers Pokhara.  C’est peut-être la meilleure solution.

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La jeep nous dépose à Naya pul après une bonne heure de route chaotique. Elle nous arrête d’abord au bureau de l’ACAP puis au bureau du TIMS.  J’ai un pincement au cœur en tendant nos TIMS du Makalu maquillés. Mais les gentilles fonctionnaires nous font un grand sourire en inscrivant nos noms dans un grand registre. Il finira dans une armoire bringue ballante et rouillée sur laquelle se dépose, au fil des années, une épaisse couche de poussière protectrice.

Un bus (150Rs/p) s’apprête à partir  au moment où nous rejoignons la route en surplomb de Naya pul. Il nous embarque pour Pokhara. La boucle est bouclée.



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Notre objectif:

Rejoindre le camp de base du Makalu, le dépasser pour accéder au premier des trois cols conduisant aux vallées du Solu Kumbu pour évaluer la faisabilité d’un passage futur en solo.

Contexte:

Mars n’est pas le meilleur mois pour entreprendre une ballade dans les vallées conduisant au Makalu : la région est réputée plus nuageuse et pluvieuse que la moyenne. Ce trek est choisi malgré cet inconvénient car il est autorisé de l’entreprendre en solo. C’est aussi un petit crochet à partir de l’Inde où je me trouve à ce moment en mission. D’autre part, notre autonomie sera mise à l’épreuve au bon niveau sur le plan matériel car les lodges de la seconde partie (après Tashigaon) ne seront pas encore ouverts et nous obligeront à être indépendant 7 à 10 jours.

Préparation:

Itinéraire : Les points GPS sont tirés de Google Earth. De grandes parties du trajet entre Tumlingtar et la vallée de Barun restent invisibles et rendent l’itinéraire très imprécis du fait de la mauvaise qualité des photos satellite et de nombreux passages en forêts. La vallée de Barun est mieux photographiée et les chemins plus visibles du fait de la plus haute altitude.

La carte Shangri la au 80000ème, achetée à Paris, s’avère fausse sur plusieurs points dont le passage délicat de la Shipton la, comparée aux photos satellites  (les passages de cols sont toujours par définition délicats). On peut se demander si une erreur aussi grossière (contournement d’un massif par le mauvais côté) n’est pas volontaire.

matériel: Nous avons allégé le matériel depuis octobre 2012 : la tente Power Lizzard UL de chez Vaudé à double toit ne pèse plus qu’un kilo. Le sac Exos55 de Osprey pour Sylvie  ne pèse plus qu’un kilo également. Les sacs de couchage BloodyMary de Valandré doublés de drap de soie Décathlon nous permette d’affronter le froid avec un peu plus de sérénité.

Nourriture : nous emportons jambon, fromage, chocolat, semoule, fruits secs, céréales,  laits deshydraté, sachets de capuccino  pour dix jours en totale autonomie à partir de Tashigaon. 500g de spiruline sont embarqués pour étudier sommairement ce complément alimentaire comme palliatif au manque de vitamines normalement apportées par les fruits et légumes frais et au manque de protéines lié aux faibles rations alimentaires. La quantité totale pèse 7.5kg.

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A l’expérience, une journée d’autonomie à deux équivaut à 1kg de nourriture emportée. Des sucres lents (pain ?) devront être trouvés pour remplacer cacahuètes, noisettes etc, trop dures à digérer pour les déjeuners.

Poids total emporté : Les sacs pèsent respectivement 11.8Kg et 15.3kg

Accès:

Nous avons choisi le trajet en avion de KTM à Tumlingtar bien que celui-ci soit cher (prix touriste AR 455USD pour 2 pour 30mn de vol) et incertain (annulations et retards dus aux conditions météo pour des avions ne décollant et n’atterrissant qu’à vue. L’alternative est de prendre trois bus successivement sur une durée minimum de 20 heures.

A partir de Tumlingtar, la route puis la piste de plus en plus défoncée conduisent maintenant jusque Num. Les deux premiers jours du trek classique peuvent être remplacés par deux trajets Tumlingtar – Khandbari (150Rs ?)et Khandbari –Num . Le dernier trajet 4 à 6 heures selon les conditions météo est facturé 600Rs,

Carte de situation:

Carte détailléedscf9735-position-treks


DSCF9735 situation trek du Makalu

 

Le voyage et le trek au jour le jour

  • Samedi 9 mars. Arrivé de Chennai via Delhi à KTM à 15 h. Négociation d’un taxi à l’aéroport pour Thamel : 400Rs (il semble que ce tarif soit raisonnable). A Thamel : négociation d’une chambre correcte (pas trop sale, assez grande, et surtout au calme) au Puskar pour 600Rs/nuit. Ce sera notre « camp de base ». Mon enquête trop succincte auprès d’une agence me conduit à confirmer le trek du Makalu (la Shipton la est réputée ouverte ( !). Achat facile des billets KTM Tumlingtar  dans cette agence (AR 2 personnes 455USD) Buddha air du 14/3 au 5/4.



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  • Dimanche 10 mars : prolongation de mon visa à l’Immigration Department (Kalika Marg 30mn de Thamel) réputé fermé pour cause de fête  (Maha Shivaratri festival ). Démarche très facile. Je récupère mon passeport après une heure. Ne pas céder aux pressions de personnes vous poussant à payer un complément pour récupérer votre passeport dans la foulée (il n’y a pas de sots métiers mais les touristes ont bon dos et tous les moyens sont bons pour leur faire ouvrir le porte monnaie).

Je pars en début d’am à pied vers Pashpatinath où se tient la « fête » avec Léo, un nouveau compère rencontré au Dep immigration. Foule insensée, ambiance survoltée. Nous sommes privilégiés et on écarte les foules devant nous  car nous devons payer 500Rs pour entrer  alors que les autochtones ne paient pas. Nous arrivons quand même à passer sans payer mais je ne pourrai plus en sortir sans preuve de paiement et sauf à passer par les égouts. Belle aventure !

C’est le seul jour de l’année où la consommation de cannabis est parfaitement légale partout. Les sadhus s’en donnent à cœur joie.

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  • Lundi 11 mars : j’obtiens sans problème et sans  élai nos TIMS et tickets d’entrée pour le parc du Makalu Barun au Nepal Tourism Board (10mn de Thamel) bien que Sylvie ne soit pas là. Photocopie de passeport et photos d’identité suffisent.
  • Mardi 12 mars : Je vais à pied à l’aéroport chercher Sylvie qui arrive de Paris pour mesurer le temps nécessaire en cas de grève. Les jours de grève, aucun véhicule ne peut circuler, les assurances ne couvrant pas les dégradations sur les véhicules causées par les manifestants (à ce propos, le Népal bat la France pourtant leader mondial dans sa capacité de nuisance par la grève. Nous connaîtrons 2 grèves : le 25/3 et le 7/4 en un mois). Parcours tranquille en 1h30. Compter 1 :40 avec un sac.
  • Mercredi 13 mars : dernier jours de repos. Nous préparons les sacs et savourons nos derniers repas occidentaux. Il faut reconnaître que Thamel est bien confortable pour cela.
  • Jeudi 14 mars : Nous partons en taxi pour l’aéroport avec une provision de croissants que nous mangerons sur place avec du thé en guise de petit déjeuner.  L’avion doit décoller à 10 :30 et nous arrivons par précaution vers 8 :30. Il est difficile de trouver un tea stall dans les environs de l’aéroport domestique pour  déguster nos derniers croissants. Notre vol s’affiche et nous nous enregistrons sans problème. Le vol sera finalement annulé vers midi car l’aéroport de Tumlingtar reste fermé pour cause de brouillard persistant.  On nous propose une place le surlendemain (vol du vendredi complet !) sans garantie que le temps soit plus clément… Nous choisissons de partir dans l’après midi pour Biratnagar à la frontière indienne en payant un complément d’une quarantaine d’euros .Il n’y a pas de petits profits! Vers 17 heures à l’aéroport de Biratnagar, le personnel de Buddha nous trouve un taxi pour Tumlingtar qu’il faut négocier durement. Nous passons de 22 000 à 14 000Rs. Nous emmenons un passager népalais qui paie 4000Rs  (cela démontre que la négo n’a pas été trop mauvaise)

Nous quittons vite la chaleur moite du Terai pour les routes et pistes défoncées en tôle ondulée qui montent vers les Himalaya. La route durera une bonne partie de la nuit jusque 2heures. A Tumlingtar, nous nous couchons sur des bancs à proximité des jeeps réputées à destination de Khandbari.

  • Vendredi 15 mars : Khandbari (348m) – Num (1530m)   DSCF9737 treks du Makalu 1503

Le sommeil est de courte durée. Nous sommes entourés par les porcs puis visités par des hommes venus satisfaire leurs besoins à proximité. Cet endroit de la ville est particulièrement sordide. Levés à 6 :00, il n’est même pas possible de manger une omelette et boire un thé dans un lieu unique. Quant au chapati, il n’a pas encore été inventé à cet endroit. Nous sommes bien entourés par contre et on nous propose une jeep pour Khandbari à des prix prohibitifs (3000rs). Exaspérés, nous partons à pied vers 7h sans même chercher à négocier. Agir plutôt qu’attendre dans l’indécision…

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Sans le savoir, nous empruntons la nouvelle route, beaucoup plus longue et poussiéreuse que l’ancien chemin. Un jeune homme qui se lave au bord de la route nous indique le bon chemin à prendre.

Pour ceux qui souhaitent faire ce trajet à pied : prendre à droite de la route principale au point 27°20’22.82″N 87°11’46.66″E puis suivre le chemin qui va croiser à plusieurs reprises la nouvelle route jusque Khandbari.

 

Nous arrivons à Khandbari vers 12heures, en même temps que la jeep de Tumlingtar. Nous nous reposons à l’ombre en attendant un hypothétique départ vers Num.

Les gens semblent plus sérieux ici et les tarifs sont clairement indiqués (600Rs). Nous partons vers 13h pour attendre une bonne heure dans le bled suivant. Un bus arrive qui déverse ses passagers dont certains montent dans la jeep. Nous avons le privilège d’être installés à l’avant.  Le temps se couvre jusqu’à l’incontournable pluie de fin de journée qui commence vers 17h, entraînant coulées de boues dans lesquelles le chauffeur perd parfois tout contrôle de sa direction. Il nous confie même sa peur comme pour se rassurer à un moment critique : « Danger road !  Danger road ! » Les sacs sont rentrés dans le véhicule et des feuilles de plastique dépliées pour éviter que les passagers ne soient totalement trempés (cela fait belle lurette que les vitres ont disparu).

Nous arrivons à Num vers 19h bien après que la nuit ne soit tombée. On nous cherche le propriétaire d’un guest house et il nous prépare un succulent dalbath arrosé d’un whisky local revigorant (ressuscitation kit).

Il faut juste savoir qu’il n’y a pas d’eau courante à Num. On vous servira généreusement un petit broc d’eau si vous demandez la douche.

  • Samedi 16 mars : Num – Seduwa, 6 :15, dénivelé 820m DSCF9747 treks du Makalu 1603

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Nous nous réveillons en forme vers 7 :15. Il y a un peu de soleil mais les nombreux nuages laissent présager d’un temps pourri dés le milieu de la journée. Aprés un petit déjeuner copieux (double omelette, nombreux chapatis arrosés de milk tea , nous entamons à 8 :45 la grande descente vers l’Arun (770m) dans des paysages bucoliques et tropicaux. Par manque d’entraînement, nous glissons à plusieurs reprises, sans mal car les sacs amortissent la chute. Nous rencontrons en bas deux kazaks revenant de Kongma. Ils nous assurent que les passes sont toujours bloquées par la neige et qu’un premier groupe de russes a du également renoncé avant eux. Nous ne reverrons plus de trekkeur avant notre retour.

La remontée se fait dans un ciel de plus en plus couvert . Quelques grosses gouttes commencent à tomber vers 13h.

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Il est possible de déjeuner et probablement dormir au point 27°34’12.10″N 87°16’16.00″E

 

Nous arrivons à Seduwa en 6 :15 à comparer aux 3.5h données par la carte ! Nous nous faisons enregistrer à la maison du Parc National du Makalu Barun. Les employés sont sympathiques mais la responsable soupèse discrètement mon sac pour voir le sérieux de notre expédition en nous confirmant que la Shipton la est fermée. Nous verrons bien. Elle nous conduit à un guesthouse proche, convenable et possédant une douche, un vrai luxe. Nous en profitons pour faire la première lessive car nous avons très peu de linge de rechange.

Diner+  nuité + petit déjeuner = 1600Rs

  • Dimanche 17 mars : Seduwa – Tashigaon, 7 heures , dénivelé 630m DSCF9761 treks du Makalu 1703

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Levés à 6 :30, départ à 8h. Nous nous engageons sur un mauvais chemin au sortir de Seduwa. C’est bien celui qui est indiqué sur le GPS mais ce n’est pas celui conduisant à Tashigaon ! Un jeune nous remet sur le bon chemin en nous faisant traverser les rizières et en clamant haut et fort en rigolant qu’il est notre guide. Remis sur la bonne voie, je tente maladroitement de lui donner un pourboire qu’il  refuse avec fierté. C’est à ce point que nous faisons la connaissance de Dawa, professeur à l’école de Chyaksadanda, entre Seduwa et Tashigaon. Il fait le trajet tous les jours de seduwa où il vit avec son épouse Renen que nous reverrons à Kongma, employée du Parc National et leurs deux enfants Harpana et Michael. Le monde est petit. Il nous accompagne bien que notre rythme soit fort lent. A Chyaksa, il nous présente au principal de l’école publique et nous fait visiter les classes. Un tremblement de terre à détruit un bâtiment il y a deux ans et rien n’a été reconstruit depuis. Les cours se font dans des conditions difficiles dans un bâtiment de bambou provisoire. Il nous demande de l’aider.  C’est peut-être une belle aventure qui commence. Nous le reverrons et explorerons la faisabilité à notre retour.

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Le chemin nous conduit tranquillement à Tashigaon 2200m) où nous arrivons vers 15h. Tashigaon est le dernier village permanent mais semble bien mort comparé à Seduwa. Le rumi nous occupe en fin d’après midi. Diner de dalbhat comme d’habitude. Diner + nuité + petit déjeuner = 2100Rs, tout augmente avec l’altitude…

  • Lundi 18 mars : Tashigaon – Kongma, 9 heures, dénivelé 1425m DSCF9786 treks du Makalu 1803

 

Départ à 7 :40. Les chapatis du petit déjeuner étaient un peu pourris, avec un goût de pénicilline et un arrière goût sucré (polysaccharides partiellement transformés en sucre probablement). Nous ne les avons pas finis bien que nous n’aurons plus que nos réserves dorénavant.

C’est la journée la plus difficile de l’ensemble du trek. Le trek est réputé difficile à cause de cette journée. Il est bien possible de dormir dans des abris de berger ou sous la tente sur le parcours mais le règlement du parc l’interdit théoriquement.

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Dés le départ, le chemin monte durement dans la forêt tropicale. Puis les plaques de neiges deviennent de plus en plus nombreuses. Il faut monter dans un goulot rempli de neige dans laquelle nous nous enfonçons parfois jusqu’à la taille. Le chemin n’est plus visible. Nous nous inquiétons de ces conditions et du temps qui passe. Notre seul point sûr dans la mémoire du GPS est celui de Kongma dont nous voyons la distance diminuer trop lentement. Cela fait bien longtemps que la neige tombe quand nous apercevons des drapeaux de prière en surplomb. Nous arrivons à un col proche de Kongma que nous distinguons peu de temps après vers 16 :00. Nous arrivons à 16 :40. Il était temps.

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Il n’y a pas de source apparente  à Kongma. Il faudra faire fondre la neige pour avoir de l’eau. Nous installons la tente sur un faux-plat à côté du guesthouse dont toutes les portes sont cadenassées.  Pour cela, il faut d’abord déblayer la neige du terrain. Je cherche ensuite du bois mort dans les massifs de rhododendrons alentour alors que la nuit tombe.

Le feu doit être activé continuellement pour ne pas s’éteindre. C’est en larmes que je fais fondre ma première gamelle d’eau… Couchés à 20h après un diner purée jambon rehydratés.

  • Mardi 19 mars : A kongma  

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C’est une journée consacrée à l’acclimatation. Nous profitons du soleil généreux en première partie de journée. La nuit a été un peu froide (-4°C au réveil dans la tente). Nous n’avons pas eu froid mais nous sommes loin des températures de référence auxquelles il est prévu de faire face (-15°C)

Le staff du Parc du Makalu nous rejoint en fin de matinée.  Ils se lancent dans une joyeuse partie de glissades dans la neige. L’un  d’entre eux, nouveau dans la région, voit la neige pour la première fois !  Ils nous diront à notre retour qu’ils avaient un pincement au cœur en nous laissant seul là haut !

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  • Mercredi 20 mars Kongma –  Kongma la  – retour, 2heures dénivelé 260m 

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Réveil à 5 :45 car l’objectif est d’aller tôt le plus haut possible en reconnaissance et sans le fourniment, laissé à Kongma.  Il a plu en fin de nuit et le ciel n’est pas d’un bleu limpide. Nous sommes au dessus d’une couche nuageuse compacte.  Nous partons après un petit déjeuner succinct à 6h au moment où la brume commence à nous rejoindre par le bas. C’est une course à forces inégales qui s’engage entre nous. Nous nous enfonçons de temps en temps jusqu’à la taille dans la neige. Il faut deviner le chemin entre des congères de plus en plus étendus.

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Nous atteignons le mani et les drapeaux de prières du col à 7 :40. Il fait grand beau temps et nous découvrons les chaînes de hauts sommets qui semblent nous narguer. En poursuivant notre route conformément aux points  GPS, nous avons de plus en plus de mal à progresser. Nous nous arrêtons au point  27°39’52.47″N  87°12’19.59″E à 3880m. L’accumulation de neige recouvrant le chemin devient telle que la progression nous semble irréaliste et dangereuse avec des sacs.

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Nous sommes déçus de ne pas pouvoir poursuivre. Il faudra revenir en automne.  Le panorama est magnifique mais nous n’en verrons pas plus cette fois-ci. Nous collectons du bois dans la descente et Kongma est dans le brouillard à notre arrivée. Nous profitons du temps libre l’après midi pour réfléchir au projet d’école de Chyaksa. Nous aurons beaucoup de questions à poser à notre retour.

  • Jeudi 21 mars : Kongma – Tashigaon en 6 :40  

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  Au réveil, la neige est en train de tomber dans un brouillard à couper au couteau. Du jamais vu ! J’allume le feu pour le petit déjeuner puis nous plions la tente mouillée dans les sacs en essayant de protéger au maximum les affaires de l’humidité. Départ à 9 :30. Le GPS est très utile dans le brouillard car il nous permet de suivre la trace du chemin à l’aller sans trop hésiter. Nous glissons à plusieurs reprises sans trop de mal.

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Rapidement des orages de grêle  nous accompagnent. Et l’eau s’infiltre partout dans nos affaires, chaussures et vêtements.  Un abris nous permet de déjeuner au sec . Nous arrivons à Tashigaon à 16:10.  Il n’y a plus qu’à étendre toutes nos affaires pour tenter de les faire sécher. Le chocolat est aussi un moyen de nous réconforter.

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Nous continuons à piocher dans nos réserves de nourriture pour éviter de trop en redescendre. Nous commandons 2 bières pour le diner avec de l’eau chaude pour les cappuccinos. La propriétaire qui n’a pas bien saisi nous apporte les bières baignant dans  l’eau chaude.

  • Vendredi 22 mars : Tashigaon – Seduwa en 4 :30

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Nous nous arrêtons à Chyaksa mais l’école est déjà fermée car une fête de 4 jours commence (les fêtes, comme en Inde, font concurrence aux grèves). Nous retrouvons Dawa avec qui nous descendons sur Seduwa. Nous planifions une journée de travail  dés le lendemain de bonne heure.

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  • Samedi 23 mars à Seduwa.

Première réunion avec Dawa et le responsable du Parc, Manjit, à 7heures. Ils collecteront les informations pour la cotation du projet pendant que j’écrirai un projet de convention. A 16 :00 tous les documents sont complétés et écrits sous word avec le seul ordinateur du village. Ici, il n’y a pas encore internet. On espère une liaison wifi avec Num, en face, dans les prochaines années.

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Dawa nous invite chez lui le soir pour partager la tongba et le dalbath. La tongba est une bière obtenue en versant de l’eau chaude à plusieurs reprises sur du millet à demi fermeté. L’eau chaude réactive la fermentation et crée une effervescence en 5 minutes.  La paille de bambou agit comme un filtre et permet d’aspirer le breuvage sans trop avaler de grains de millet.

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Voilà une bonne soirée qui nous permet de rentrer dans l’intimité d’une famille népalaise en apprenant quelques coutumes. Par exemple, la paille chez les Bhote se dépose en équilibre sur le dessus du  récipient alors qu’elle se dépose à côté sur la sous tasse chez les Sherpa. Leur accueil est chaleureux et nous sommes vraiment heureux  de commencer un projet avec eux. En rentrant, je titube un peu.

  • Dimanche 24 mars  Seduwa – Num

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Nous entreprenons l’interminable descente vers l’Arun après avoir salué Dawa à qui nous promettons de nous revoir bientôt. Nous croisons deux filles avec guide et porteur. Leur guide est bien gêné lorsque je leur dis que l’accès à la vallée conduisant au camp de base du Makalu est bloqué au niveau de la Kongma la par la neige. Nous les retrouverons peu de temps après dans les Annapurna  sans leur guide.  Elles n’auront pas davantage que nous été plus loin  que les hauteurs de Kongma…

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La montée est un calvaire car je me sens épuisé avec un rythme cardiaque élevé même à l’arrêt. Intoxication alimentaire ? Tongba excessive ? Sylvie est exaspérée par mes arrêts fréquents…

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Num est  devenu le terminus d’une route qui déverse tout ce que la civilisation possède de plus grossier : gasoil, tôles, sacs de riz etc. Ce village a probablement perdu  son caractère sans encore acquérir les facilités qui vont normalement avec le progrès. On nous promet de l’eau courante dans une guesthouse.  Il n’y aura qu’un broc à utiliser dans un coin de la cuisine qui sert de restaurant local.

Le patron nous propose du poulet avec des pommes de terre pour le diner. Formidable ! Une toute petite assiette vaut bien un robinet d’eau chaude.

  • Lundi 25 mars  Num – Tumlingtar – fin du trek.

Le patron nous apporte la note : 2750Rs. J’épluche le détail car le montant nous paraît fort élevé. C’est le poulet.C’est cher ici m’explique-t-il. Sa femme arrive en renfort : très cher. Un poulet coûte bien 2000RS (20€).

Je lui propose de me faire un prix raisonnable et, devant son mutisme,  lui donne 2000Rs en lui expliquant que je serais très intéressé  d’aller l’entendre s’expliquer avec la police sur les poulets à 2000Rs!

Une jeep nous redescend en 4h jusqu’à Khandbari. Un employé de banque nous aide à décaler nos réservations pour le lendemain. Nous apprenons qu’il y a une grève et qu’il faudra faire le dernier tronçon à pied. On ne rigole pas avec la grève au Népal !

Il nous reste juste 15 jours à passer au Népal du fait de notre retour prématuré. Plutôt que d’aller visiter les rhinos [raïnos] du Terai, nous décidons de retourner au Camp de Base des Annapurna (première visite en 2001), en espérant que le temps soit plus favorable…

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Vallée de Langtang



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Du 18 au 27 avril 2010

1. Intro & préparation :

C’est 8 ans après le dernier trek dans la vallée du Khumbu que nous préparons celui du Langtang, troisième voyage au Népal, mais le premier pour Sylvie.

Avec ceux des annapurna et du Khumbu, objets des deux premiers voyages, c’est le plus réputé du Népal, un des plus couru donc. Les risques sont grands d’être déçus. D’autant plus que les montagnes ne sont pas très hautes alentours, avec le Langtang Lirung culminant à 7246m.

L’éruption de l’ Eyjafjöll commencera de bloquer les vols internationaux le jour même de notre arrivée à Kathmandu, le 15 avril. Nous avons donc eu la double chance de ne pas être coincés en France et d’éviter les embouteillages de marcheurs sur le sentier principal.

Air India nous réservera quand même une surprise : les sacs sont restés à Delhi et n’arriveront  que le lendemain à KTM. Le phénomène était fréquent en 2010. Il est à parier qu’avec le nouvel aéroport, ces petits désagréments sont maintenant évités. L’expérience sera faite en mars 2013…

C’est avant tout une première expérience de la ballade en montagne à deux car nous partirons autonomes, avec tente et nourriture pour quelques repas hors des sentiers battus.

Car nous comptons bien sortir des sentiers battus pour aller d’une part tout au bout de la vallée et aussi de tenter l’ascension du Yala Peak (5500m) nécessitant un camp de base isolé entre Kianjin gompa et le sommet.

La préparation s’effectue sur Google Earth. Il sera très difficile de détecter a priori la position précise du Yala Peak et impossible de trouver des informations sûres pour son accès avant d’être sur place.

Poids des sacs au départ :13 et 14.8kg  avec deux jours d’autonomie.

2. Localisation

La vallée du Langtang se situe à une cinquantaine de kilomètres d’oiseau au nord de Kathmandu. A partir de Siabrubesi, dans une végétation de type tropical à 1450m, elle se termine à proximité de  la frontière avec le Tibet sur son glacier à environ 4500m (lieu dit Sarwa Kharka) après un cheminement d’une cinquantaine de kilomètres.

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3. Accès

Du fait de sa proximité de Kathmandu, le trajet peut aisément se faire à pied en passant par la Laurebina la (Gosain Kund)  ou, un peu moins aisément par la Ganga la plus à l’est. Nous avons choisi d’y accéder par le bus jusqu’à Syabrubesi pour gagner un peu de ce temps qui manque toujours cruellement.

Tout aussi cruel est le trajet en bus de Kathmandu à Syabrubesi. Départ à 6:30. 11 heures pour parcourir 110 petits km.

Attention : le bus ne part pas (en 2010 en tous cas) de la gare mais d’un emplacement très confidentiel à quelques centaines de mètres de là (la meilleure solution est de demander à la gare)

 

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Lama

2500

19-avr

Langtang

3450

20-avr

Kianjin gompa

3870

21-avr

Kianjin gompa Kimshung glacier  28°14’9.30″N  85°34’47.50″E

4518

22-avr

Langshisha kharka

4100

23-avr

Kianjin gompa

24-avr

Kianjin gompa Tsergo ri  28°12’46.39″N  85°36’2.38″E

4960

25-avr

Kianjin gompa Langshisha kharka  28°12’44.86″N  85°40’7.20″E

4100

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Lama

27-avr

Syabrubesi

1450

4. agenda & relevés d’étapes

Les relevés du GPS ont été perdus (première utilisation maladroite !). Il reste que l’usage d’un GPS est totalement superflu tant que l’on reste sur le chemin principal et jusque Langshisha kharka. Le vrai et confortable camp de base se situera à Kianjin gompa à partir duquel seront effectuées trois explorations en journée (Kimshung, Tsergo ri, Langshisha)


5. Carte du parcours principal
 

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6. Journal de bord

18 avril :

Après une bonne nuit au Tibet Guest House dans la rue principale de Siabrubesi, rustique et sympa, nous partons pour une grosse journée de marche avec un dénivelé de 1000m. La forêt très dense nous protège d’un soleil assez dur. Nous sommes parfois accompagnés par des singes très turbulents. Il paraît que ces coquins sont un peu drogués en cette saison avec les herbes qu’ils sélectionnent. Après Bambou, le temps se couvre et nous prenons nos premières gouttes de pluie 1 km avant Lama.

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A Lama nous nous installons dans le premier lodge. Une dizaine de marcheurs sont déjà arrivés. La place ne manque pas.

19 avril :

Nous reprenons la montée avec le torrent toujours bruyant à proximité. La forêt s’éclaircit peu à peu et nous réalisons que nous ne pourrons pas atteindre Kianjin gompa comme prévu. Nous traversons ensuite des pâturages sur lesquels des familles de tibétains se sont installées. La migraine s’installe avec l’altitude. Une pluie orageuse commence à tomber bien avant la nuit. Le lodge est spartiate et l’accueil toujours aussi sympa. Les prix montent avec l’altitude.

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20 avril :

Le ciel est bleu au petit matin et nous sommes entourés des premiers massifs enneigés. Nous partons un peu plus tard que d’habitude à 8 :10 et nous sommes déçus de voir l’horizon à l’est obstrué par les nuages. Mais le ciel se dégage sur la route et la beauté sévère du monde minéral dans lequel nous entrons nous émerveille. Kianjin gompa est niché au pied du glacier du Lirung. Notre halte de ce soir est aussi notre camp de base pour visiter la région. Les nombreux lodges nous donnent l’embarras du choix. Les prix des chambres et des repas sont fixes comme c’est la règle.

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La fromagerie installée dans le village nous pourvoira en précieux comté local.

21 avril :

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Levé encore un peu tard à 6 :15, nous découvrons les massifs et glaciers sous un ciel totalement pur. Un petit déjeuner de milkçay pain tibétain et omelette doit nous tenir assez au corps pour nous rendre au pied du Kimshun Glacier. L’itinéraire approximatif a été établi à partir de Google Earth et entré sur le GPS. C’est le premier vrai test de son usage car nous quittons les sentiers battus !

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Il nous faut souvent interpréter le chemin entre deux points et l’avance devient de plus en plus difficile dans les moraines et les arbustes broussailleux. Nous traversons le lit d’un glacier mort et un petit torrent. Nous longeons enfin la moraine du glacier Kimshun que nous gravissons en suivant des chemins de yaks plus ou moins prononcés. Nous les dérangeons alors qu’ils sont en train de brouter. Nous arrivons à 4500m sur le côté du glacier vers 11 :30, un peu essoufflés ! Sur la crête, le déjeuner frugal de quelques figues et barres de céréales est bien mérité. Nous admirons les « chutes de glace » en mangeant .Le glacier est silencieux. Il n’y a pas ces craquement quasi continus que l’on entend dans la Karakoram où les descentes sont encore plus vives.

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Le retour est plus direct, la plupart du temps en équilibre sur les rochers ou à travers les broussailles avant de rejoindre un chemin digne de ce nom. De retour à Kianjin vers 14 :30, nous prenons une douche bien chaude. Le chauffage de l’eau est solaire. La neige commence à tomber en milieu d’après midi, remettant en cause la sortie du lendemain vers Langshisha kharka. La préparation des sacs est malgré tout faite pour voyager léger demain.

22 avril :

Sylvie me réveille alors que le jour ne s’est pas encore levé. Elle a attrapé la tourista en ingurgitant quelque mauvaise bactérie. Elle décide de partir malgré sa fatigue et son mal mais elle renonce après le petit déjeuner au coin du feu de la cuisine. Je partirai seul pour Langshisha pour 2 jours.

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Dehors tout est tapissé de neige. Peu de centimètres. Départ à 7:30. Heureusement les points GPS me permettent de m’orienter dans le jour naissant sans voir de chemin. Je me retrouve sur une petite piste d’atterrissage. Il n’y a pas souvent d’avions par ici ! j’emjambe des fils de fer barbelés rouillés. Je sais que le chemin n’est pas loin.

Je dépasse le point correspondant à une montée possible vers le Yala Peak (photo ci-dessus). La pente semble rude mais possible sans sac à dos trop lourd. Le chemin vers Langshisha est trouvé. Il est en pente très douce dans le creux de la vallée. Il fait beau comme d’habitude le matin. Je déjeune vers 13 :30 au sommet d’un col ouvrant sur des massifs splendides vers l’est et les pâturages de Langshisha.

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J’arrive à Langshisha à 14 :30. Je dépasse les pâturages mais ce n’est pas très sérieux de continuer seul alors que le chemin n’est plus clairement défini. Je reviens sur Langshisha pour établir le campement. Le lieu est d’une grande beauté. Comme d’habitude, il est malheureusement pollué des reste de groupes passés depuis plusieurs années. Les taxes payées pour entrer dans le parc ne servent pas à organiser des nettoyages de printemps, visiblement.

Il n’y a pas âme qui vive sauf quelques yaks broutant nonchalamment. Je m’installe parmi eux sans attirer le moindre intérêt. Ce n’est pas plus mal. Je ne trouve pas de source dans les environs. Il me faudra aller puiser l’eau grisée par le mica dans le torrent.

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Il y a quelques huttes de bergers délabrées à proximité des drapeaux de prières. C’est un refuge possible en cas de tempête. L’une d’entre elles est couverte.

Je vois passer cinq chevaux qui semblent abandonnés. Comment font les propriétaires pour s’y retrouver ? Le lieu est visiblement à plusieurs kilomètres de la première habitation.

Le vent souffle fort d’ouest et le feu est très difficile à démarrer. Peut-être à cause de l’altitude ? Ici on doit avoir 60 – 65% de l’oxygène du niveau de la mer.

Après avoir plus ou moins filtré l’eau du torrent, je cherche du bois pour faire un feu. Il ne manque pas. Heureusement il ne neige pas ce soir. Dés que le soleil se couche, la température tombe drastiquement.

Après un repas de soupe et de pâtes, je ne tarde pas à me coucher. Le sac n’est pas de qualité suffisante pour bien me protéger du froid. Le sommeil est entrecoupé de réveils dus à ma respiration trop lente. Je ne suis sûrement pas encore bien acclimaté à l’altitude pourtant encore limitée.

Le 23 avril :

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Vers 4 heures, un grondement soutenu me réveille cette fois en sursaut. Je sors de la tente tapissée à l’intérieur d’une bonne couche de glace. C’est une avalanche mais je ne la distingue pas dans la nuit. Vers 5 heures je me relève pour faire du feu afin de me réchauffer. Une allumette suffit cette fois pour l’allumer : le vent est tombé. Petit déjeuner de pâtes, capuccino et barres de céréales. Je n’ai déjà plus de provisions…

J’entreprends ensuite l’ascension de la petite montagne donnant sur les pâturages. Je m’arrête à 4700m à 8 :30, heure limite que je me suis donnée. Cela me permet de découvrir les glaciers alentour et leurs retraits dus au probable réchauffement climatique. Ils illustrent en grandeur nature les études sur la vitesse du retrait que j’avais lues concernant la région du Langtang. A 9 :30, je suis redescendu.

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Un yak broute à proximité de la tente et je trouve que son insolence vaut une photo. Il prend très mal mon intrusion est décide de me charger sans que je m’en aperçoive. C’est dans le viseur que je m’en aperçois. Je saute sur le côté. Ce réflexe me fait appuyer sur le déclencheur.  Je l’ai échappé belle. Une corne dans le ventre à cet endroit doit équivaloir à une mort certaine après une longue agonie. Frissons rétrospectifs…

Je démonte la tente séchée par le soleil et prends le chemin du retour à 10 :00. Sur le chemin du retour, je regrette que Sylvie ne soit pas venue car ce lieu est magique, incomparable à tout ce que nous avons vu jusque là, en même temps limité, domestiqué par les pâturages, en même temps sauvage par son isolement et gigantesque  par la proximité des pics et des glaciers qui l’entourent.

J’atteins Kianjin à 14 :00. Visite du monastère et de la fromagerie avec Sylvie qui m’attendait sagement. Elle me raconte qu’un trekkeur français arrivé la veille a décidé de franchir seul la Ganga la. Je suis étonné car elle est visiblement enneigée. Nous ne saurons jamais s’il l’a bien franchie…

Le 24 avril :

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Aujourd’hui, c’est Tsergo ri ! 5000m, 1200m de dénivelé.

Première étape pour estimer la possibilité d’aller jusqu’au Yala Peak (5500m) puisqu’il n’y a plus qu’un plateau à traverser pour rejoindre ses contreforts. En fait, après la nuit glaciale à Langshisha kharka, je vois la faisabilité de l’expédition sous un autre œil. Il faudrait dormir 1000m plus haut vers 5100m, soit approximativement avec 7°c de moins encore…

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Nous partons vers 7 :20. J’ai perdu le tracé préparé avec l’aide de Google Earth en essayant de gagner de la place mémoire!  Il ne me reste plus que le point du sommet. Nous ne trouvons pas l’amorce du chemin en sortant de Kianjin. Nous décidons d’attaquer la montée en visant la direction du sommet que nous ne voyons pas. C’est un peu périlleux. La pente semble correcte pour l’instant mais nous ne savons pas quel type de terrain nous rencontrerons. Nous espérons trouver le chemin en prenant de l’altitude. Nous ne le trouverons qu’à l’arrivée, après avoir franchi quelques passages de plaques rocheuses instables.

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Arrivée à 12 :45 après un déjeuner venteux. Il fait froid là haut. Symboliquement c’est 5000m pour les 50 ans de Sylvie puisque c’est son premier 5000. Les nuages ont déjà bien commencé à s’amonceler sur les crêtes.

Le Yala Peak nous nargue. Nous le voyons très bien maintenant et son accès semble d’une facilité déconcertante. Les possibilités de campements sont multiples sur le plateau. De plus, j’ai vu sur la photo satellite de nombreuses retenues d’eau… Ce sera pour une prochaine fois avec des sacs de couchage adaptés !

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Nous trouvons facilement le chemin d’accés au Tsergo ri sur la crête d’une colline avoisinante chemin rouge fin sur 1ère photo). Nous sommes rétrospectivement stupéfaits en regardant notre chemin d’ascension (chemin bleu) : il attaque directement la montagne. Nous avons ouvert une nouvelle voie  😉

Nous dinons le soir avec un couple de tchèques volontaires établis à KTM.

Ayant renoncé à l’ascension du Yala peak, nous décidons de retourner à Langshisha Kharka pour me faire pardonner d’y avoir été seul. Cette fois, ce sera pour la journée.

Le 25 avril :

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nous partons à 6 :30 pour ne pas se faire prendre par le temps car l’aller retour se fera sur la journée cette fois. Nous arrivons à 10 :45. Le temps se couvre déjà mais le panorama reste extraordinaire. La fatigue des excursions précédentes et du jour se fait sentir et nous rentrons épuisés, gelés mais ravis à Kianjin vers 15 :30.

Le 26 avril :

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Nous entamons la grande descente à 7 :30 après des adieux affectueux à nos hôtes. Nous n’oublierons jamais la gentillesse de leur accueil.

La silhouette du Tsergo ri que nous connaissons bien maintenant nous accompagne une grosse partie de la matinée. Nous mangeons notre premier yaourt tibétain. Extraordinaire !

Nous nous retrouvons à Lama Guest House cette fois-ci, premier bâtiment à l’arrivée dans la descente, un grand hôtel où nous sommes les seuls clients ; nous passons la soirée avec le propriétaire, fort sympathique.

27 avril :

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Nous pensions avoir fait plus de la moitié du chemin hier mais la descente nous semble ne jamais finir vers Syabrubesi. Partis à 8 :30, nous renonçons au repas du midi après avoir attendu ¾ d’heure que l’on nous serve en vain. Nous achetons notre billet de bus pour être sûr d’avoir de la place le lendemain. Nous nous apercevons que le Yeti Guest House à KTM nous a fait payer notre billet aller deux fois plus cher !

Un bureau a été installé dans la rue principale à une enseigne chinoise. Des gros engins de travaux publics sont garés. La route vers la frontière chinoise est en cours de préparation.

28 avril :

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Le bus nous prend à 7 :00 comme prévu. 10 heures de route cette fois-ci pour rejoindre KTM. Mais nous aurons du temps pour nous y reposer !

7 Conclusion :

Nous n’avons pas fait tout ce qui était prévu. Il faudra remettre à plus tard notre ballade au Yala peak par exemple. Nous avons eu la chance d’aller à la rencontre des habitants de la vallée dans des conditions optimales. Les paysages sont magnifiques et n’ont rien à envier aux treks plus en altitude. Le fait d’avoir réussi à sortir des sentiers battus nous donne l’envie d’aller plus loin vers la liberté de plus longues conquêtes en recherchant l’amélioration de notre autonomie.

 

8 Annexe

Pauvreté d’argent vs pauvreté de temps – (21/4)

On dit souvent avec commisération satisfaite que les népalais sont pauvres. Beaucoup d’organisations occidentales sont ravies de lancer des projets de développement au Népal, comme cette fromagerie de Kianjin par une association suisse. Qu’elles soient louées pour le travail effectué lorsqu’il conduit à des exploitations pérennes et indépendantes, ce qui est bien le cas ici.

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