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Objectif:

Après avoir visualisé les zones où le trek individuel et autonome est impossible selon la réglementation népalaise (zones hachurées sur la carte), il faut maintenant déterminer les zones d’accès aux hautes montagnes de la chaîne himalayenne et en établir une liste. Ce travail permettra de construire des projets en autonomie: cibles, accès, agenda, dénivelés, matériels à emporter, etc.

Pourvu qu’il puisse aussi servir aux amoureux de la Montagne, ils peuvent, en retour, le compléter ou m’indiquer mes erreurs.

Carte:

 

ght-nepal-restricted-areas-comp5

Cliquer deux fois sur la carte pour obtenir un agrandissement suffisant

Analyse d’Ouest en Est

l’extrême ouest est interdit:

  • Muchu (5)
  • Darchula (12)
  • Bajhang (11)
  • Limi (5)

Zone A : Une première possibilité théorique est de rejoindre Gorakh Himal à partir du Great Himalaya Trail (GHT) à partir de Rodikot par exemple.

gorak-himal-1

La remontée vers Kang la et Namja la est également interdite (5) ainsi que la zone de Mugu (10).

Zone B:  Le lac Rara porte à discussions. De nombreux témoignages concourent pour affirmer que cette zone est autorisée.

lac-rara

 

Zone C: Au sud de la région de Dolpa (1), nous retrouvons la chaîne du Dhaulagiri. Des accès sont peut-être possible dans le Dhorpatan National Park. Quelques villages sont indiqués Arjewa, Durja Khani. On pourra trouver des traverses d’Est en Ouest sur le chemin menant au camp de base du Dhaulagiri pour explorer cette région (Beni, Dharapani, etc).

churen-himal

Zone D : Au Sud des zones Upper Mustang (2) et  Manang (9), deux zones intéressantes sont ouvertes; celle du Dhaulagiri lui-même et du massif des Annapurna. Nous ne reviendrons pas sur ces zones dont les accès sont connus – (Annapurna 2ème trek le plus fréquenté). Il n’empêche que beaucoup d’explorations originales sont possibles comme, par exemple, le camp de base Nord de l’Annapurna.

Jusqu'au Camp de Base des AnnapurnaDSCF0811

Zone E : Entre le parc du Manaslu (3) et Rasuwa (6), une petite zone pourrait être ouverte donnant sur Ganesh 3  et Paldor à partir du GHT, rejoint par Trisuli.

paldor

Zone F : Le Langtang, associé à l’Helambu etc. dont le trek jusque Kianjin gompa est le 3ème plus fréquenté du Népal. Par contre, toute la région isolée s’étendant à l’Est et au Sud de Kianjin, à partir de laquelle commence la haute montagne, peut être explorée, Tilman’s pass etc.

 tilmanspass

En continant vers l’Est, la zone du Rolwaling, Dolakla (4), est également interdite selon mon interprétation de la réglementation.

Zone G : Le Solukhumbu est globalement accessible. La remontée vers le Tibet à partir de Thame semble pourtant interdite (Solukhumbu (8)) alors que tous les trekkeurs sans guide, effectuant le trek des trois Hauts Cols du Khumbu, passent sans jamais se faire arrêter (dit-on et c’est aussi notre expérience). Cela indique tout l’écart qui existe entre la réglementation et son application par les autorités locales… 😉

Le Solukhumbu est le siège du trek le plus fréquenté du Népal jusqu’au camp de base de l’Everest et Gokyo. Il faut noter, néanmoins, beaucoup de zones à explorer: régions du Khunde, de Dudh Kund, la route conduisant à Amphu lapsta la et vers le Makalu. Toutes ces zones et probablement beaucoup d’autres sont autorisées, peu fréquentées et faciles d’accès.

amphu-laptsa

Zone H : Le Makalu est également libre et relié au Khumbu par West pass et Sherpani la par des routes difficiles mais autorisées. La région à l’Ouest et au Sud du chemin menant au camp de base peut aussi être explorée librement : vallée d’Isuwa, hauts de Shersong, glacier du Barun. Ces zones sont très peu fréquentées. Toutes les autres zones sont interdites (au Nord et à l’Est du chemin principal) : Sankhuwasaba (7)

Sherpani pass

A la suite et à l’extrême Est du Népal, toute la zone de haute montagne (Kanchenjunga) est malheureusement interdite: Taplejung (1)

En conclusion: 

Les trois treks les plus fréquentés, dans l’ordre : Khumbu vers EBC, Annapurna, et Langtang se situent dans les rares zones accessibles aux trekkeurs autonomes. Ce sont les zones autorisées les plus larges. Sauf pour les Annapurna, ces zones sont pourtant en frontière avec le Tibet. On peut donc s’étonner (et se réjouir car la plupart des montagnes les plus hautes se situent normalement à la frontière) des opportunités laissées par la réglementation alors que toutes les autres zones frontalières sont interdites…

Ces quatre zones autorisées (D,F,G) avec H étant très larges, permettent de sortir facilement des sentiers battus et d’accéder à la haute montagne pour peu qu’une préparation minutieuse soit effectuée.

Enfin, les autres zones (A,B,C,E),  peut-être oubliées par la législation, inconnues et pour la plupart difficiles d’accès, peuvent devenir le siège de projets ambitieux.

A nous de passer du rêve à la réalité!

Tableau récapitulatif des treks autonomes autorisés

 

tableau-recap-treks-autonomes

 

 

 

 

 

 

 


 

Où peut-on se promener dans les Himalaya népalaises en toute autonomie?

ght-nepal-restricted-areas-comp5

 

Cliquez sur la photo à deux reprises, une fois à partir de l’article, une fois sur la photo elle-même, pour avoir un agrandissement satisfaisant. Les chiffres, portés à la suite des noms de zones, renvoient aux lignes du tableau de l’annexe 12 de la réglementation. 

Pour cette première partie, seules les zones exclues sont étudiées. Les zones de A à G sont analysées dans l’article suivant « Népal Autonome : zones autorisées »

Marcher dans la montagne comporte en soi pas mal de risques: des erreurs d’appréciation des difficultés à surmonter, une météo défavorable ou brutalement agressive, des éboulements détruisant le chemin sur plusieurs kilomètres, une dégradation de la santé (Mal Aigu des Montagnes, intoxication alimentaire, refroidissement,…), une chute, le matériel qui tombe en panne, l’attaque d’un ours 😉 etc.

Doit-on ajouter à cette liste noire, le risque d’un contrôle inopiné, au détour d’un village, pour être refoulé faute du permis et de l’accompagnement obligatoires?  L’Aventure pourrait subitement se transformer en débâcle…

Si la question est simple et souvent posée dans les forums, les réponses sont imprécises.

L’expérience peut certes parler: certains ont franchi des barrières de contrôle sans permis. D’autres ont obtenu un permis grâce à une agence complaisante et sont partis, seuls, sans guide. Les points de contrôle ne se ressemblent pas, l’humeur des hommes change comme la météo. Passer à un endroit à un certain moment ne veut pas dire pouvoir passer toujours et partout. Bakchich et Chance peuvent entrer dans la danse. Chacun pourra apprécier le niveau de risque qu’il accepte pour son projet.

Nous n’avons pas trouvé de carte pour éliminer le risque de circuler dans une zone interdite aux trekkeurs autonomes.

L’objectif de ce travail est donc de positionner le plus précisément possible toutes les zones aujourd’hui interdites sur une carte des Himalaya népalaises.

Mais que nous dit la loi?

restricted-areas

Les « restricted areas » sont définies par la réglementation népalaise : Immigration regulation clause 39, 1994 Appendix -12. Ce sont des zones où seuls les groupes (au minimum deux trekkeurs) peuvent légalement se promener, accompagnés d’un guide et parfois d’un officier de liaison.  Un permis, obtenu au Département de l’Immigration par l’intermédiaire d’une agence agréée, est nécessaire avant d’entreprendre le voyage.

J’espère que ce travail pourra être corrigé avec les remarques et les précisions que vous apporterez et dont je vous remercie à l’avance.

 

 


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Pic 7 et Isuwa la partiellement cachée sur la droite. Photo prise en Octobre 2015 au niveau de shersong

Nous pourrons échanger avec ceux qui sont intéressés par ce projet et, notamment sur les éléments objectifs pour construire et affiner le trajet. 

Objectif:

Joindre la vallée d’Isuwa à partir de Tashigaon et trouver un passage sur sa rive gauche vers le col d’Isuwa. Franchir ce col pour rejoindre le camp de base du Makalu dans  la vallée du Barun.

Mode Opératoire :

Plus de 33 kilomètres à partir de Tashigaon jusqu’au col d’Isuwa et cela sans aucun chemin apparent sur 28 km. Possible, impossible? Je n’en ai aucune idée avant de partir. J’ai vu qu’un trekkeur a laissé des photos géolocalisées sur une petite partie du chemin. En admettant qu’elles soient correctement positionnées, un segment de plus de 10 kilomètres doit être défriché avant de le rejoindre.

situation-tashigaon-isuwa

situation Tashigaon Isuwa MBC

De Tashigaon (2200m) , il faudra remonter avec un sac à dos de 18 à 20kg jusqu’à la crête qui mène à Kongma.

J’avais repéré un embranchement de chemin peu fréquenté en 2013 et 2014 pour s’enfoncer dans la forêt en descente au point bas de la crête (M35 = N 27.6456, E 87.2117, Altitude 3204m). Je ne sais pas si cet embranchement se poursuit vers Isuwa la. C’est mon espoir. Comme c’est mon espoir de rencontrer un terrain à peu près continu, sans trop de failles ou de blocs de roches infranchissables. Les difficultés seront au mieux nombreuses. La pente a été calculée et reste acceptable, en apparence, jusqu’au camp de base.

Je prévois 3 jours pour rejoindre un camp de base que j’établis à N 27.758543, E 87.04710, 4410m. De là et si tout va bien, il me sera possible d’accéder au col d’Isuwa à 5419m soit un dénivelé de 1000m qu’il faudrait monter en deux jours.

Un total de 5 jours est donc nécessaire a minima. Prévoir une semaine.

Un repérage sur Google Earth me fait penser que la rive droite est plus praticable mais nécessite de pouvoir traverser l’Isuwa khola. Des témoignages confirment ce sentiment à Tashigaon. Personne n’est capable de confirmer cependant s’il est possible de rejoindre Isuwa la par Tashigaon. Quel sera le débit d’Isuwa khola? Y-a-t-il des troncs d’arbres couchés en travers du torrent pour le traverser, comme j’ai pu voir sur une photo, mais beaucoup plus en amont? Je touche ici à la vraie aventure: ouvrir un chemin sur plusieurs dizaines de kilomètres. Elle peut conduire à un échec rapide et sans appel car l’entrée classique dans la vallée se fait par l’autre rive beaucoup plus en aval et plus en altitude.

D’après GE, la vue à partir du col d’Isuwa est vraiment extraordinaire et si la tentative réussit, ce serait une grande victoire par le gain d’une expertise importante pour de futurs treks de bons niveaux et originaux dans la région. En effet, de la passe d’Isuwa, tout est permis, en particulier rejoindre le Camp de base du Makalu, l’extraordinaire virée vers le Kamape ri, le Sherpani, West pass et le Khumbu, effectuer une boucle Tashigaon Isuwa la, MBC, Kangle, Tashigaon plutôt que l’antenne traditionnelle par la seule et superbe vallée du Barun.

Bibliographie:

Très pauvre pour l’instant.

Aucune trace n’est enregistrée sur Wikiloc actuellement.

Un forum russe donne beaucoup d’informations précieuses pour le passage du col, dans les 2 sens avec photos à l’appui. Voir Isuwa la.doc. A partir de ces données, les WP pourraient être assez précisément positionnés.

 

 

 

 

 


Dudh Kund Pokhari

Les photos peuvent être élargies en cliquant dessus

Du 13  au 27 Mai 2016

Impressions Générales

Cette aventure dans les montagnes avait quelques ambitions:

  • partir de Khanbari, la grande ville du district du Sankuwasabha au Nord Est du Népal, pour joindre le Solu afin de revenir à Kathmandu par Salleri en jeep.
  • Faire une ou deux escapades, selon nos formes physiques, vers le Kongde et vers Dudh Kund pour tenter l’ascension d’un petit 6000.

Mais il faut pour cela accumuler les nombreuses montées : 13 877 mètres cumulés, plus de 44 tours Eiffel  et descentes, parfois vertigineuses, que compte ce trek. Nous avions négligé les efforts qu’il faudrait déployer pour entrer dans le Solukhumbu, au coeur du Pays Sherpa.

Le beau temps ne sera pas toujours au rendez-vous et la pluie nous empêchera de bénéficier, parfois, des beaux panoramas.

Porter la tente, le brûleur, l’essence et la nourriture sur tous le trajet est payer un lourd tribu pour trois petit jours d’autonomie. La liberté n’a pas de prix et nous serons récompensés par les paysages grandioses de Dudh Kund. Les nuages de basse altitude condamneront malheureusement toute tentative d’ascension. Partie remise!

Les nombreuses forêts de rhododendrons traversées laissent augurer un spectacle multicolore au printemps. Cette période est à privilégier sans hésitation!

Pour autant, ces 15 jours nous auront permis de découvrir de magnifiques villages, hors des grandes routes, dans des conditions sommaires parfois, mais toujours accueillis avec de larges sourires et ce sens de l’hospitalité des gens qui ne connaissent pas le superflu.

Préparation:

Sur Google Earth, avec Lonely Planet et Voyage Forum. Une question n’a pas reçu de réponse: comment aller vers le camp de base du Kongde reste un mystère à élucider. Avis aux amateurs!

Les sacs sont moins chargés que d’habitude car nous prenons un minimum de nourriture (2.25Kg). Nous comptons nous ravitailler au plus proche des segments où nous serons en autonomie complète. Nous ne trouverons pas de fromage dans les différentes boutiques. Il faudra se contenter des soupes chinoises aux nouilles et de biscuits.

15.6 Kg pour moi et 9.5 Kg pour Sylvie, incluant la tente Easton 1Kg qui fera des siennes après la tempête de neige sur Camp 1: elle a bien tenu mais les attaches sur le double toit se sont toutes décollées avec l’humidité le lendemain à Dudh Kund! Vice de fabrication! On verra comment réagit le revendeur… (08/2016 : retournée réparée avec les pièces décollées cousues). Nous aurions du renoncer à aller plus loin avec un temps plus clément!

Réchaud MSR XGK EX: La pompe a été remplacée suite à la panne d’octobre 2015 à 5473 m d’altitude.  avec 500ml d’essence donnés à Khandbari (attention, il faut descendre à Tumlingtar pour acheter de l’essence).

Finira-t-on par trouver du matériel fiable? Les prix élevés et les marques ne semblent pas être la panacée.

Matelas: Thermarest Néoair XLIT – très utiles

Sacs de couchage: Valandré Bloody Mary

Accès et Budget

Oman Air est le mieux-disant et le moins-disant cette année avec un aller retour pour 475€ (jusqu’où ira-t-on!) avec un bon service et des escales courtes.

Vol intérieur pour Tumlingtar avec Yeti Airlines à 123 USD l’aller simple. Sans problème. Retour sur Kathmandu de Phaplu en jeep. 11 heures de route, 1500Rs/personne. Départ à 5h30. Achat des places la veille dans le lodge proche de l’aéroport. La route est fort belle sur une bonne part du trajet. On arrive (on doit partir aussi du même endroit) au point 27.718078 85.347132 , proche de l’aéroport et du Buddhanath. Conseil: acheter 1 place supplémentaire pour éviter d’être à 4 sur une banquette de 3.

Moins de 900€ dépensés sur 30 jours, souvenirs compris. Compter entre 1500 et 4000Rs par jour à deux. Les prix indiqués dans le journal de bord seront généralement donnés pour deux personnes.

Situation

Situation trek Khandbari Phaplu

Agenda

agenda trek Khandbari Phaplu

Evolution de l’Altitude

altitude distance trek Khandbari Phaplu

Altitude à l’Etape

altitude soir trek Khandbari Phaplu

Dénivelés par jour
dénivelés jour trek Khandbari Phaplu

Cette année, les dénivelés cumulés quotidiens sont calculés à partir de la trace du GPS.  En effet, la difficulté principale de ce trek réside dans les montées et descentes importantes nécessaires au franchissement des vallées pour se rendre dans le Solu.

Tracés et points GPS:

Les tracés, réglés à un point tous les 30m pour éviter la saturation de la mémoire, sont en libre accès sur Wikiloc, avec quelques points significatifs, indiqués dans le livre de bord . L’ensemble des points GPS est donné sur une feuille Excel dans la rubrique Tableurs / Spreadsheets Excel

Le nouveau GPS Garmin Etrex 10 est formidable. Il consomme moins de piles que le précédent: un jeu tous les 5-6 jours environ. Il se raccorde à l’ordi pour copier les tracés et les waypoints. Finies les fastidieuses copies manuelles, chiffre par chiffre, avec le petit joystick exaspérant.

Les points de la feuille excel ont été corrigés après le trek, lorsque cela était nécessaire. Les distances entre points sont par contre approximatives. Les distances quotidiennes sont, elles, exactes. Enfin, et comme d’habitude, les chemins empruntés ne sont pas obligatoirement les meilleurs. Ils peuvent changer avec le temps, les éboulements et la construction de nouvelles routes. Chacun reste responsable de son itinéraire.

A signaler:

  • La nouvelle route nous a fait passer par un col imprévu après Kattike Ghat. Il doit être possible de le contourner en prenant la vallée d’Irkhuwa comme l’indique la carte.
  • Nous avons volontairement évité le centre de Bung en le contournant par la droite.
  • Nous avons suivi la carte en allant de Panggom à Taksindu par Bupsa. C’est une grosse erreur car cet itinéraire nécessite une demi journée supplémentaire de marche en montée. Sauf d’aller à Lukla, il faut descendre directement vers Karikhola à partir de Panggom. Le chemin est physiquement bien visible de loin, mais pas sur la carte (Jiri Pikey Peak 1:125 000).

Journal de Bord:

Vendredi 13 Mai, de Khandbari à Chalise (970m) wp K14

Levé 5h15, t=21°c, départ 7h15, Arrivée 17h, 22km en 9h45, cumul ascension 1160 m, cumul descente 1398 m

Solu 2016 descente vers l'Arun

Ce n’est pas si simple de sortir d’une ville à pied, même avec le GPS. Nos amis de Khandbari nous ont bien proposé de nous mettre sur le bon chemin. Mais c’est une question de fierté… Nous voulons surtout nous évader au petit matin pour marcher le plus possible sans pluie. Après quelques hésitations, nous entamons la grande descente vers l’Arun. Nous rejoignons une piste qui doit lier Tumlingtar à l’amont de l’Arun, sur la berge opposée à Kattike, juste avant le pont de singe qui relie à ce village. Solu 2016 joli maison vers Kattike

Nous traversons de très beaux villages et il n’est pas rare de trouver de petits restaurants. Il commence à tomber une pluie fine vers 9h30 qui s’arrête assez rapidement. Le chemin est agréable et nous déjeunons à Kattike, de l’autre côté de l’Arun. Nous y apprenons qu’il y aurait 3 jeeps par jour jusqu’à Ghote bazar (aller simple à 500 Rs?). Les seules jeeps que nous voyons ont le capot grand ouvert et semblent avoir rendu l’âme. On ne sait d’ailleurs pas d’où elles viennent. Nous continuons à pied et, comme toujours lorsqu’une route vient d’être ouverte, la piste est difficile à trouver. Suivre la route reviendrait à faire des détours considérables.Solu 2016 rizière vers Chalise

Nous franchissons un col imprévu à 928m. Nous n’avons pas trouvé d’alternative, celle notamment qui était réputée suivre les cours de l’Arun puis de l’Irkuwa khola. Nous nous arrêtons à Chalise. La première maison, à l’entrée du petit village, nous offre l’hospitalité. Il n’y a pas de guesthouse par ici. Nous faisons une toilette sommaire avec le petit tuyau d’eau souffreteux, dans le jardin, au diable notre stupide pudeur! Et ce soir, ce sera bien sûr dalbath. (800Rs avec la nuitée et thé tibétain)

Solu 2016 incontournable dalbath à Chalise       Solu 2016 proprio de Chalise

Samedi 14 Mai, de Chalise à Tendo (1372 m)

Levé 5h30, t=20°c, départ 6h30, Arrivée 17h, 16.5km en 10h30, cumul ascension 1194 m, cumul descente 617 m

Solu 2016 vers Tendo

Il a plu une bonne partie de la nuit et ce n’est qu’au lever du jour que le tambourinement des gouttes sur les tôles du toit s’est tu. Il fait beau au lever. Nous avons droit au thé tibétain pour le petit déjeuner et nous finissons les restes de la veille: bananes et rootis. Le chemin monte d’abord régulièrement. Il faut prendre garde à couper la nouvelle route aux bons moments pour éviter les rallonges interminables.Nous arrivons assez vite au village qui précède Gothe bazar, Tabutar. C’est en fait le terminus actuel des véhicules à 4 roues. Nous sommes heureux de quitter cette sorte de civilisation. Il y a une guesthouse sympathique à Gothe bazar, c’est la première depuis Kattike. Après Gothe bazar, la voie se rétrécie pour devenir un étroit chemin. Nous nous arrêtons plusieurs fois pour prendre un thé ou un jus de mangue dans des petits estaminets.Solu 2016 vers Tendo 3Solu 2016 vers Tendo 2Solu 2016 vers Tendo 4

Nous arrivons à Tendo sous un déluge de pluie. Heureusement, nous trouvons une bonne âme pour nous accueillir car il n’y a pas de guesthouse dans ce village.

Dimanche 15 Mai, de Tendo à Djobari (2215 m) wp62

Levé 5h50, t=18°c, départ 7h10, Arrivée 12h, 4.2km en 4h50, cumul ascension 931 m, cumul descente 75 m

Solu 2016 vers Djobari 1

Il a plu toute la nuit et il pleut toujours au réveil. Nous ne nous hâtons pas. De plus, nous sommes lessivés par les deux jours de marche précédents. La pluie s’arrête pendant le petit déjeuner (thé et biscuits). Nous mettons moins d’une heure et demi pour rejoindre Phedi où il y a deux lodges à l’entrée du village. Nous ne prenons pas la précaution de remplir nos gourdes d’eau avant la grande montée et nous devrons quémander un litre d’eau dans une maison isolée. Nous arrivons à Djobari fort tôt mais nous décidons de prendre du repos dans un petit lodge dont il faut retrouver le propriétaire avant de pouvoir s’installer. Nous nous récompensons des efforts de la matinée avec une bière et des biscuits en guise de déjeuner.

L’école est en reconstruction juste à côté du lodge. Les dégâts sont probablement une conséquence du tremblement de terre d’Avril 2015. Beaucoup de maisons sont endommagées, cadenassées ou en reconstruction sur la route. Les villageois remontent la charpente pendant que les enfants suivent leurs cours dans un bâtiment provisoire. La classe est perturbée par notre arrivée et nous nous transformons en distraction locale et improvisée.Solu 2016 vers Djobari 2Solu 2016 vers Djobari 3

Lundi 16 Mai, de Djobari à Salpa (3357m) wp67

Levé 5h40, t=15°c, départ 7h20, Arrivée 15h45, 8.4 km en 8h30, cumul ascension 1394 m, cumul descente 247 m

Solu 2016 vers Salpa 1

Premier changement de pile pour le GPS. Il fait plutôt beau ce matin et nous prenons notre temps pour le petit déjeuner de thé et biscuits achetés au magasin du lodge. Je paie 1800Rs pour l’ensemble nuit, bière, dalbath avec esprit de pomme, biscuits, jus de mangue et thés.

Le village s’étend en hauteur et nous découvrons un autre lodge, plus centré, avec un vrai restaurant. Nous ne trouverons plus de point d’eau courante jusque Salpa. En effet, nous passons par des crêtes et la terre devient sablonneuse.

Solu 2016 vers Salpa 3

A mi chemin (lieu dit Kharka sur la carte), nous dévions sur la droite, selon les conseils de plusieurs passants et contre l’indication du GPS. Cette déviation nous fait passer par le lac alors que la carte prévoit qu’il est en retrait de la voie principale. Celle-ci a peut-être disparue dans un éboulement? Un orage nous surprend au début de la déviation et nous avons juste le temps de nous protéger dans une cabane-étable. Nous hésitons entre revenir vers le village abandonné qui précède ou tenter notre chance vers le lac pour camper, à moins d’un kilomètre théoriquement. Nous traversons une impressionnante forêt de rhododendrons. Certains sont encore en fleurs. Le spectacle doit être magique au printemps.

Nous n’avons plus qu’un litre d’eau et nous découvrons, à la place du lac, une cuvette totalement sèche sur un lit sablonneux avec quelques cabanes WP65. Il est presque 15h. Impossible de rester. Un passant nous indique que Salpa est juste de l’autre côté d’un col presque vertical. Nous voilà repartis. Contre les indications du GPS, le lac se trouve de l’autre côté du col, atteint en une demi heure. Il est encaissé et n’offre aucun panorama. Des ouvriers travaillent à l’aménagement de ses berges sacrées. Il est envahi par les brumes et ne donne pas envie d’y établir un campement.

Solu 2016 vers Salpa 4 Solu 2016 vers Salpa 5

Nous découvrons Salpa, assis sur une crête. Le village semble abandonné et il n’y a pas davantage d’eau courante. Salpa semble avoir pour vocation unique d’accueillir les pèlerins. Il y a heureusement une bâtisse ouverte. La propriétaire nous offre le gite dans une remise très sommaire où s’entasseront des porteurs et sa famille au cours de la nuit.

Mardi 17 Mai, de Salpa à Gudel (1975 m) wp70

Levé 5h45, t=6°c, départ 7h15, Arrivée 15h45, 14.7 km en 8h30, cumul ascension 337 m, cumul descente 1691 mSolu 2016 vers Gudel

 

La nuit a été entrecoupée d’arrivées bruyantes de porteurs. Nous avons renoncé aux blanquettes, franchement poisseuses. La propriétaire qui reste une femme d’affaire malgré la crasse ambiante nous réclame 1800Rs dont 1200Rs pour le dalbath!

Alertés par des sons plus ou moins concordants, nous assistons au petit matin à une procession partant du grand gompa face au lodge, conduite par un jeune homme coiffé de plumes et soi-disant en transe. Peu importe! Je suis surpris de voir les pèlerins le prendre en vidéo et en photos. Je ne fais rien d’autre. Vive la religiosité lorsqu’elle n’incite ni à la haine ni à la violence!

Il n’a pas été question de la moindre toilette à Salpa et nous nous arrêtons près d’un torrent pour nous laver et faire une petite lessive. wp68. Le soleil est de la partie pour notre bonheur. Ce versant est aussi très bucolique, tapissé de rhododendrons.

Solu 2016 vers Gudel 2

Solu 2016 vers Gudel 1

Un panneau rouillé indique Sanam et une habitante nous recommande de poursuivre la route dans cette direction. Nous préférons continuer par la vallée pour éviter un nouveau col, inutile. Le chemin de la vallée est moins emprunté et plus difficile à suivre. Le temps reste beau jusque 14h30, au moment où un chilien nous double comme un bolide. C’est notre premier trekkeur en 4 jours et même le premier depuis que nous sommes dans le Makalu.

L’orage arrive pendant que nous devisons. Les panchos, fréquemment utilisés jusque là, sont inutiles du fait des bourrasques de vent. Il est bien temps d’arriver à Gudel avant d’être trempés. Le lodge qui s’offre à nous, Kopila Guesthouse, est d’une propreté remarquable. Du jamais vu!

 

Mercredi 18 Mai de Gudel à Khiraule (2539 m) wp72

Levé 5h30, t=14°c, départ 6h40, Arrivée 17h30, 9.4 km en 10h50, cumul ascension 1264 m, cumul descente 712 m

Solu 2016 vers Kiraule 5

Tout a bien commencé avec un petit déjeuner digne du Khumbu. Sylvie est frappée brutalement par une tourista alors que nous avons à peine entamé la descente. Nous nous arrêtons en urgence. Le rythme de la marche s’en ressentira dans la journée. Nous attaquons le versant opposé en abandonnant le chemin principal pour éviter le centre de Gudel en déviant franchement sur la gauche. La traversée des petits hameaux est fort sympathique mais le chemin se perd souvent dans les terrasses des champs. Nous demandons plusieurs fois notre direction aux habitants, un peu surpris de nous voir passer là…

Solu 2016 vers Kiraule 1Solu 2016 vers Kiraule 4

Nous nous arrêtons dans un lodge superbe, aux bois cirés pour le déjeuner Panch Pokhari Lodge wp71 . Nous prenons notre temps (1h30) pour bien apprécier ces lieux luxueux. Nous sommes loin des haltes sommaires du Makalu. Nous reprenons notre interminable montée vers Khiraule. lentement et en goûtant la tranquillité et le charme bucolique de la région. Un petit paradis s’ouvre à nous et nous nous arrêtons plus souvent que pour récupérer notre souffle, pour profiter de ce que nous offre le chemin.

C’est fort tard que nous arrivons au lodge indiqué à plusieurs reprises par les habitants. Il jouxte un temple au temenos circulaire, composé de manis et bordé de grands pins. Magnifique!

Solu 2016 vers Kiraule 6

La nuit est tombée lorsque nous sortons de la salle à manger, repu de dalbath et de raksi. Le panorama, aussi loin que se portent nos regards, est tapissé de petites lumières, autant de maisons, comme les étoiles, innombrables. Les lieux sont silencieux et respirent la sérénité. Nous ne sommes pas montés pour rien.

La nuit est un peu chère, 500Rs, mais quand on est aux portes du Paradis, on ne compte pas.

Jeudi 19 Mai, de Khiraule à Inkhu khola (1982 m) wp74

Levé 6h, t=8°c, départ 8h, Arrivée 15h15, 8.3 km en 7h15, cumul ascension 615 m, cumul descente 1136 m

Solu 2016 vers Inkhu khola 1

Il a plu une bonne partie de la nuit après la journée ensoleillée d’hier. Il fait gris ce matin et il nous faut rejoindre les deux stupas impressionnants qui gardent le col. Nous traversons des nappes de brouillard. La descente vers Inkhu khola est difficile. Nous traversons Nadjingsur un plateau qui possède trois lodges corrects. Nous arrivons au pont vers 15 heures et nous n’avons pas le courage de remonter 700m pour atteindre Sibuje. Nous touvons un lodge rustique juste après le pont mais qui possède une douche! (1800Rs diner, nuité, petit déjeuner)

Solu 2016 vers Inkhu khola 2Solu 2016 vers Inkhu khola 3

Les gorges de l’Inkhu khola sont spectaculaires. Le temps est malheureusement fort nuageux et les averses commencent à tomber à partir de 16 heures.

Solu 2016 vers Inkhu khola 4

Vendredi 20 Mai, de l’Inkhu khola à Panggom (2900m) wp78

Levé 6h, t=15°c, départ 7h30, Arrivée 15h20, 7.1 km en 7h50, cumul ascension 1234 m, cumul descente 365 m

Il a plu toute la nuit et ça continue ce matin. Les ponchos n’ont jamais autant servi! Nous nous arrêtons à Sibuje dans le brouillard (wp75) pour le déjeuner à 10h50. La montée nous a épuisés alors que nous ne sommes qu’à mi hauteur. Nous nous restaurons d’une soupe au nouilles, d’une omelette et de thé (800Rs). Ces arrêts sont autant d’occasions de partager la vie quotidienne des familles népalaises.  Une averse nous coince une bonne heure. Nous repartons dans le brouillard. Il y a des lodges de bon standing (wp76).

Une averse nous surprend de nouveau et c’est sous les ponchos que nous continuons…

Solu 2016 vers Panggom 1

Un chemin indique « Pangome Gompa » et nous tentons d’y aller, contre les indications du GPS. Nous rebroussons chemin car nous n’avons pas idée où il peut nous mener. On découvrira ce Gompa sur une hauteur en arrivant à Panggom. Un chemin y conduit. Il était donc possible d’emprunter la bifurcation pour passer par le gompa tout en rejoignant Panggom.

Solu 2016 vers Panggom 2

Le lodge (Himalaya Trekkers) qui nous accueille est neuf et bien entretenu. Il possède même une douche chaude! Bon dalbath et excellent raksi à base de millet, « barli » et coing? diurétique en tous cas! 2000Rs pour le dîner la nuitée et le petit déjeuner.

Une soirée dansante se prépare avec des filles assez délurées. Nous sommes prévenus mais nous ne sommes pas invités! Dans un si petit village, cela paraît étonnant. Ces filles sont probablement accueillies dans un hostel attenant au lodge. Il est aussi probable qu’elles aillent dans une école Hillary. Sa fondation en a créées beaucoup dans la région. Dans ce cas, on peut affirmer que c’est une grande réussite.

 Samedi 21 Mai, De Panggom à Jubhing (1656 m) wp 79

Levé 6h30, départ 7h30, Arrivée 17h, 13.1 km en 9h30, cumul ascension 1115 m, cumul descente 2416 m

Solu 2016 vers Jubhing 1

Nous puisons dans nos réserves pour le petit déjeuner car la gérante a des messages à envoyer et n’a pas trop le temps de s’occuper de nous…  Alors que nous étions déjà parti vers Bupsa, elle nous indique, d’une fenêtre de son lodge, un autre chemin pour aller vers Taksindu. Nous n’en tenons pas compte. La descente se transforme bientôt en montée assez raide, illogique puisque nous devons rejoindre la vallée. Sylvie se prend un pied dans une racine alors qu’elle glisse. Toute sa jambe retient son poids et celui de son sac en torsion. La première douleur passée, toute la jambe reste endolorie. Elle décide de repartir lentement et en boitant. Je prends son sac. Nous sommes heureusement proches de Bupsa.Solu 2016 vers Jubhing 2Solu 2016 vers Jubhing 3

La route vers Bupsa conduit à Lukla et Namche. C’est un grand détour pour aller vers Taksindu car il faut inutilement plonger dans la vallée de Kharikhola. Nous nous arrêtons dans le premier lodge, très propre. Le propriétaire nous donne une pommade anti inflammatoire et nous recommande de ne plus faire d’effort aujourd’hui. Repas 850Rs. Le genoux allant mieux, nous repartons vers Taksindu sur la piste importante qui conduit de Jiri et Phaplu à Namche. Les convois de mulets sont presque discontinus. Le chemin est tapissé de crottin pestilentiel et glissant. Il faut parfois repousser les bêtes avec le bâton  pour ne pas se faire bousculer. Pour ne rien gâcher, c’est une fête nationale bouddhiste aujourd’hui. Des discours répétitifs, diffusés par haut-parleurs, nous accompagnent une grande partie de l’après-midi. Nous nous arrêtons à Jubhing. Les lodges, ici, n’ont plus la qualité de ceux rencontrés depuis quelques jours.

Solu 2016 vers Jubhing 4

Dimanche 22 Mai, de Jubhing à Nunthala (2198 m) wp80

Levé 5h45, t= 17°c, départ 7h20, Arrivée 12h, 5.7 km en 5h40, cumul ascension 741 m, cumul descente 192 m

Solu 2016 vers Nunthala 2

La journée précédente nous a coûté 1250 Rs déjeuner et 1650 Rs nuit et dîner. la moyenne des dépenses s’établit 25-26€/jour

Le ciel est bien dégagé ce matin et nous pouvons apercevoir quelques hauts sommets du Khumbu. La marche commence pour une descente peu commode dans le crottin de mulets vers la Dudh khola. Puis commence la montée sous le soleil qui nous scie les jambes. Le genoux de Sylvie va mieux.

Les piles du GPS sont changées pour la seconde fois à 11h10.

Solu 2016 vers Nunthala 3

Nous arrivons à Nunthala pour déjeuner (superbe Himalayan Trekker Lodge). Le village est particulièrement beau et propre. Pour un peu, on se croirait en Suisse. Les gens sont souriants et cela nous donne envie de rester. La décision est prise après le déjeuner: après midi de repos avant les 4 prochains jours de montée. Nous vaquons dans la rue principale et reprenons nos forces.Solu 2016 vers Nunthala 5Solu 2016 vers Nunthala 6

Lundi 23 Mai, de Nunthala à Taksindu la (3053 m) wp DK01

Levé 5h30, t= 16°c, départ 6h50, Arrivée 11h15, 5.7 km en 4h35, cumul ascension 926 m, cumul descente 70 m

Solu 2016 vers Taksindu la 3

Est-ce que Nunthala est dotée d’une Hillary School? De grands bâtiments surplombent le village, comme nous en avions vus à Panggom. Nous montons sans difficulté en comparaison d’hier. Le soleil est tamisé d’une légère brume. Le panorama est malheureusement bouché partiellement par les nuages. La vue reste magnifique. Après enquête à Taksindu, nous décidons de poursuivre jusqu’à Taksindu la où se trouve un lodge récent et point de départ pour Dudh Kund, le lac de lait.

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Nous sommes dans la brume maintenant et Sylvie mangerait un poulet même avec ses plumes (dit-elle). Nouvelle après midi de repos dans un lodge bien confortable.

Solu 2016 vers Taksindu la 4        Solu 2016 vers Taksindu la 2

 

Mardi 24 Mai, de Taksindu la à Camp 1 (3884 m) wp 81

Levé 5h30, t= 9°c, départ 7h30, Arrivée 15h15, 8.3 km en 7h45, cumul ascension 1037 m, cumul descente 210 m

Solu 2016 vers camp 1 1JPG

Le départ se fait dans le brouillard. Sylvie bougonne car elle ne voulait pas partir par ce mauvais temps. J’espère qu’il se lève avec l’ascension. Le chemin est très bucolique et bien marqué. Il traverse une belle forêt de rhododendrons dans la première partie qui devient mixte ensuite. Nous déjeunons lorsque deux népalais nous doublent: ils rejoignent un campement de hauts pâturages. Ce sont les seuls humains que nous croiserons au cours de ces trois jours. Il se met à pleuvoir par intermittence vers 14 heures.

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Nous découvrons de beaux massifs de rhododendrons jaunes, encore bien fleuris à ces altitudes.

Nous avons fait à peu près la moitié du chemin jusque Dudh Kund quand nous trouvons un lieu correct pour un campement. Il pleut toujours et nous montons la tente dans des conditions difficiles.  Il nous faudra nous contenter de l’eau qu’il nous reste car nous n’avons pas encore trouvé de source sur le chemin.

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Mercredi 25 Mai, de Camp 1 à Dudh Kund pokhari (4626 m) wp 83

Levé 6h00, t= 0°c, départ 7h30, Arrivée 15h20, 9.7 km en 8h15, cumul ascension 954 m, cumul descente 237 m

Solu 2016 vers Dudh Kund 1

La pluie s’était arrêtée dans la nuit pour reprendre de plus belle. Elle est accompagnée de rafales de vent puis de neige. C’est une vraie tempête. La température chute brutalement. Nous craignons que la tente ne s’envole et que les sacs, protégés par les ponchos, ne tombent dans le ravin. Je me lève avant le lever du jour pour vérifier l’installation. Le spectacle est dantesque avec un quartier de lune et quelques étoiles apparentes dans des pans de ciel dégagé, et, au loin, les grands massifs maintenant découverts, surplombés d’une couche noire, inquiétante. J’enlève la neige qui s’accumule sur le double toit, faisant se toucher les deux parois. Je me recouche en espérant que la tempête cesse rapidement.

Lorsque le temps se calme, le ciel est totalement nettoyé. Un tapis de neige recouvre les alentours. Après le petit déjeuner, Sylvie n’est pas convaincue de continuer. J’ai décidé de continuer coûte que coûte, maintenant si près du but. Elle devrait alors descendre seule jusqu’à Taksindu la. La perspective de la traversée de la forêt lui fait changer d’avis.

Solu 2016 vers Dudh Kund 2Solu 2016 vers Dudh Kund 3

Premier point d’eau courante à wp 82. Sylvie est particulièrement lente et je commence à douter de nos capacités à parvenir au lac aujourd’hui. Je décide de porter son sac. Je monte sur un dénivelé de 500m environ avec 28 kg et quelques crampes me feront souffrir à l’étape!Solu 2016 vers Dudh Kund 4

Le temps se bouche rapidement avec la montée des brumes provoquées par la chaleur des premiers rayons du soleil. Il se met à neiger mais il n’y a pas d’orage. La brume se retire de temps en temps pour nous faire apercevoir des sommets majestueux et des falaises gigantesques, si proches maintenant. Nous arrivons à Dudh Kund exténués. Surprise! il n’y a pas de lac mais un alignement de murs bas. J’ai oublié que le lac est plus au Nord. Il faut continuer…

Le lac lui-même est plus petit que je ne pensais. Son niveau a beaucoup baissé à voir les différentes strates laissées sur ses berges. Les massifs se découvrent par intermittence. Nous installons la tente sur une étendue de sable fin.

Solu 2016 vers Dudh Kund 5

Jeudi 26 Mai, de Dudh Kund à Taksindu la

Levé 6h00, t= 7°c, départ 9h00, Arrivée 17h35, 17.6 km en 8h35, cumul ascension 554 m, cumul descente 2136 m

Dudh Kund Pokhari

Les montagnes ne sont pas apparues le soir et il a neigé cette nuit. La température reste cependant trop élevée pour avoir un temps clair et sec. Nous faisons sécher les sacs et les affaires aux timides rayons du soleil matinal. Je me promène pour capter les rares moments où les paysages se découvrent. L’endroit est splendide. Je ramasse quelques vieilles pièces de monaie

Solu 2016 Dudh Kund 1 Solu 2016 Dudh Kund 2 Solu 2016 Dudh Kund 3 Solu 2016 Dudh Kund 4 Solu 2016 Dudh Kund 5

J’en profite pour repérer les passages possibles pour monter sur une crête ou sur un sommet. Ce sera peine perdue pour cette fois-ci: le temps est beaucoup trop instable pour pouvoir continuer. Le temps se gâte rapidement. Nous nous décidons à redescendre dans le brouillard et sous la pluie intermittente. Nous sommes heureux de retrouver le lodge de Taksindu la.

Vendredi 27 Mai, de Taksindu la à Phaplu (2490 m) wp 84

Levé 6h30, t= 14°c, départ 8h30, Arrivée 13h30, 14.7 km en 5h, cumul ascension 421 m, cumul descente 997 m

Solu 2016 vers Phaplu 1

Nous prenons notre temps ce matin. Il y a du soleil même si les massifs sont déjà dans les nuages. Nous n’avons pas de regret d’avoir abrégé notre séjour là haut. La route est carrossable à partir de Taksindu la, au moins par les tracteurs et les motos. Il faut faire attention de ne pas quitter la piste qu’elle coupe fréquemment pour éviter de monstrueux détours. Le chemin traverse de très jolies forêts de pins centenaires.

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Solu 2016 vers Phaplu 3Solu 2016 vers Phaplu 4

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Le trek s’achève à Phaplu, ville un peu glauque, comme toutes les villes frontière.

Solu 2016 vers Phaplu 6

Nous réservons la jeep du retour dans le lodge. Rendez-vous à 5h pour un départ ponctuel à 5h30.

 

 

 


Du 8 au 27 octobre 2015

Sherpani pass vue de Kamepe ri

Avant-Propos:

Pour cette troisième exploration des vallées du Makalu, nous avions vu gros: Surplomber Shersong pour découvrir simultanément l’Everest et le Kanchenjunga, aller jusqu’au pied du Cho Polu, enfin vaincre un sommet de plus de 6000m pour admirer (de très près) le Barun Tse!

J’avais recruté un partenaire sur trekkingpartners.com  pour sécuriser la progression, toujours risquée en haute montagne. Mal m’en a pris puisque l’individu m’abandonna à Kongma, prétextant un sac trop lourd, des pieds endoloris et le mauvais temps! Il me faudra, à l’avenir, prêter plus d’attention à la sélection des candidats à l’aventure!

Il a donc fallu rabattre un peu mes ambitions mais le plus important a été effectué (mon premier 6000 en solitaire!). De  plus, l’extraordinaire vallée du Barun, pour la première fois, s’est découverte sous un superbe soleil d’automne.

Par chance, j’arriverai à me déplacer malgré la crise du pétrole qui secoue le Népal. Peu de jours après mon retour, les vols intérieurs seront annulés pour cause de pénurie… Après le tremblement de terre du 25 avril dernier, il faut que les népalais soient particulièrement sereins pour supporter avec autant de calme tous ces malheurs et toutes ces privations sans broncher!

001Kathmandu

Les trekkeurs seront plus nombreux qu’en Mai 2014 sur les chemins du camp de base.  Après, ce sera la grande solitude, rompue par quelques corbeaux tentant de me voler ma maigre pitance. J’aurai tendance à sympathiser davantage avec les guides et les Sherpas qu’avec certains touristes fort exigeants et parfois même irascibles. Je suis de plus en plus opposé aux voyages organisés expédiant des gens sans effort en altitude et laissant dans la montagne des tas d’ordures comme souvenirs éternels de leurs passages (voir en annexe : La trekkeuse et ses porteurs).

Préparation:

Le même matériel est utilisé qu’en mai 2014. J’embarque cette fois-ci 4.5 kg de nourriture pour 6 jours prévus d’autonomie sur le glacier du Barun. Je suis chargé de 20 kg avec l’eau et l’essence (c’est trop, mon dos s’en ressentira).

Les routes sont inscrites à partir de Google Earth sur le GPS comme d’habitude. Le glacier du Barun a été mis sens dessus dessous, probablement par le tremblement de terre du 25 Avril, et, dans cet enfer d’éboulis et de crevasses béantes, mes prévisions de routes ne serviront pas à grand chose…

Situation:

situationSituation parcours Glacier Barun effectué

Accès et Budget:

Je voyage de nouveau avec Air India (620€, bon service). Il est facile de trouver moins cher mais les escales sont souvent fort longues… Au retour, nous arriverons avec plus d’une heure de retard à Delhi mais l’avion pour Paris nous attendra sagement. Yeti Airlines, comme les autres compagnies, a augmenté ses tarifs en 2015 (247€ AR). J’ai utilisé des jeeps privées pour le trajet Khandbari – Num (600Rs à l’aller, mais 3000Rs au retour) par crainte de pénurie de pétrole mais aussi pour le confort!

Sur place, au Népal, la dépense, tout compris et sans trop compter, a été de 500€ (avec 4 jours d’autonomie « gratuits »). Avec les vols domestiques et internationaux, la dépense totale s’élève à 1370€, incluant visa et accès au parc. Pour une telle aventure et lorsque l’on regarde les catalogues, cela reste vraiment très bon marché!

Il faut compter en moyenne 15 à 20€/jour pendant le trek lui-même, quand on ne consomme pas de bière (350 à 500Rs la bouteille, lui préférer le raksi local 😉

Agenda:

Agenda

Altitude à l’étape:

Altitude à l'étape

 

Altitude = f(Distance):

Altitude f distance

Dénivelé Total Quotidien:

Dénivelé Jour

Le Trek au Jour le Jour:

Jeudi 8 Octobre: de Num à Seduwa –

départ 11h35 – arrivée à 17h55 – altitude 1564m

Le voyage en jeep a été très confortable. Sur la route, les montagnes convoitées se découvrent déjà au loin. C’est un appel à l’aventure!002 seduwa

Ce n’est pas vraiment la grande forme pour ce premier jour qui n’est pas le plus facile. De Num, Seduwa paraît toujours fort proche, à la même altitude et juste séparée par la vallée de l’Arun. Juste: il ne faut pas oublier la descente de 750 m puis la montée de 820 m. Nous ne nous pressons pas et nous arriverons à la tombée de la nuit à Seduwa.

003 seduwa

Du 9 au 11 Octobre: Interruption dans la région de Seduwa, Robesha, Tashigaon

Voilà trois jours d’interruption pour mener à bien les audits nécessaires à l’avancement des projets en commun avec Friends of Nature. Grâce à Dawa, je découvre une cascade bien agréable pour prendre un bain à une petite demi-heure du village.

005 seduwa cascade

 

Lundi 12 Octobre: de Seduwa à Tashigaon

Lever 6h45, départ 8h40, arrivée 13h15, altitude 2200m

La marche est facile aujourd’hui. Il faut prendre garde de ne pas accrocher de sangsues, en marchant autant qu’il est possible sur les pierres du chemin. La seconde moisson de riz de l’année a commencé et l’activité bat son plein dans les champs.

J’en profite pour visiter l’école de Tashigaon, récemment équipée. L’accueil est chaleureux. Le temps s’est couvert dans la matinée mais nous évitons la pluie. Je m’installe dans le seul lodge ouvert.

006 Tashigaon

Mardi 13 Octobre: de Tashigaon à Kongma

Lever 6h, T intérieure 14°C, départ vers 8h, arrivée 15h30,  altitude 3614m

Le temps est beau en début de matinée et se couvrira fortement dans la montée pour terminer par un orage très violent en soirée avec grêlons et neige. Le climat tropical a brutalement laissé place à l’hiver.

Ce jour est probablement le plus difficile de tout le parcours avec l’ascension de 1450m qu’il impose. Le « partenaire » montre des signes de fatigue et de mauvaise humeur anormaux et alarmants. Le seul avantage de la situation est qu’elle est réversible. C’est comme cela que je me réconforte en me demandant comment j’arriverai à le traîner jusqu’au glacier du Barun…

Nous déjeunons à mi parcours dans un petit restaurant (N 27.642,  E 87.2152, 2939m) appartenant au fils aîné de la propriétaire du lodge de Kongma et ouvert pour la circonstance. C’est une affaire de famille sur toute la route jusqu’au camp de base…

Je repère l’embranchement probable du chemin pour la vallée d’Isuwa (Ishuwa)  sur la crête (N 27.647117° E  87.209821°). Ce peut être un futur trek. Il n’est pas dit que le chemin se poursuive très loin. La descente puis la progression en pleine jungle, si le chemin disparaît, me paraît compromettante.

Il pleuviote quand nous arrivons à Kongma où deux nouveaux lodges se sont construits depuis 2014. Je reste fidèle en m’installant dans le plus ancien.

Dans la soirée, alors que la neige commence à blanchir les alentours, un guide m’affirme que le mauvais temps durera une semaine encore car la pluie doit nettoyer la terre du sang des animaux sacrifiés pendant la fête hindoue du Dashain. C’est pratique. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, le « partenaire » m’apprend qu’il m’abandonne à mon triste sort…

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Mercredi 14 Octobre Acclimatation à Kongma

La pluie a remplacé la neige dés le matin. J’avais envisagé de franchir les quatre cols pour arriver à Dobato dés aujourd’hui, en négligeant l’acclimatation, précaution pourtant nécessaire. Le mauvais temps me persuade qu’il vaut mieux rester à Kongma. Je passe une bonne partie de la journée au lit, sous 3 couches de blanquettes pour ne pas me refroidir.

Je rencontre deux jeunes trekkeurs allemands qui me reconnaissent. Ils ont organisé leur trek avec les renseignements de mon livre de bord de mai 2014 et reviennent du camp de base. Voilà une agréable surprise liée à la célébrité naissante de mon site! Ils espéraient aller jusqu’à Sherpani mais ils ont abandonné, sans accompagnement… Dommage que nous ne nous soyons pas croisés plus tôt.

Jeudi 15 Octobre: les quatre cols jusque Dobato

levé 6h15 – T intérieure 7°C – départ 7h20 – arrivée 13h30 – altitude 3900m

Comme j’ai l’habitude à Kongma et au-dessus, c’est une course perdue à l’avance avec les nuages. Le soleil commence à peine à donner que des brumes s’arrachent déjà des coteaux gorgés d’humidité. Celles-ci montent pour s’accumuler vers 4000m. Je pars avec le soleil et arrive à Kongma la à 8h. J’aperçois encore la chaîne de montagnes à l’Est, dominée par une couche de nuages de haute altitude. Parmi elles doit se cacher le Kanchenjunga (8586m et troisième sommet du monde). Il paraît qu’on le voit d’ici par temps dégagé. Les sommets coiffant la vallée d’Isuwa, sont quant à eux, totalement cachés.

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La vallée de Tashigaon à Num est toujours sous le clair soleil du matin. Elle me semble déjà bien loin.

Une pluie fine me rejoint vers le 3ème col (Shipton la, 4230m) qui se transforme bientôt en neige jusqu’à mon arrivée à Dobato. La marche est mille fois plus facile que l’année dernière car le chemin est libre de toute neige ou glace. Je fais cependant attention à chaque pas de ne pas glisser sur les pierres humides. J’attrape un léger mais persistant mal de tête, malgré l’acclimatation d’hier. Un cachet d’ibuprofène ne le supprime pas complètement. Je me force à manger sur la route en m’abritant sous le toit d’un bâtiment nouvellement construit.DSCF3163

La neige redouble à proximité de Dobato et je suis heureux de retrouver Pemba Sherpa qui m’accueille avec sa bonne humeur habituelle. Nous déjeunons ensemble d’un délicieux dalbath aux abats, arrosé de thé.DSCF3166DSCF3169

Vendredi 16 Octobre – Acclimatation forcée à Dobato

Vers 5h30 du matin, le crépitement sur le toit de tôles de la neige glacée me réveille. C’est plus qu’un mauvais présage. Je ne me précipite pas pour un départ aux aurores… Il neigera toute la journée et je commence à désespérer de la météo. Apparemment, le sang des sacrifices de Dashain ne se lave pas facilement. J’essaie de gérer ma journée pour que le temps ne s’écoule pas trop lentement. L’arrivée de trekkeurs, dans l’après-midi, me donne l’occasion de discussions animées. Six français arrivent de Yangle avec une armée de porteurs. Une trekkeuse m’apostrophe brutalement car elle trouve honteux d’utiliser les services d’enfants de 12 ans et portant des charges élevées (30 kg). J’ai beau essayer d’argumenter en lui disant qu’elle devrait faire pression sur son agence de voyage, que je n’y suis pour rien, que je suis moi-même simultanément guide, porteur, et trekkeur, rien n’y fait mais le temps passe et c’est le principal. Voir annexe « la Trekkeuse et ses Porteurs ».

Samedi 17 Octobre – de Dobato à Yangle kharka

levé 6h – T intérieure -1°C – départ 7h – arrivée 13h40 – Altitude 3620m

Comme pour me rassurer des doutes d’hier et me surprendre, il fait plein soleil ce matin! De quoi punir ceux qui ont renoncé trop rapidement à cause du mauvais temps et récompenser ma ténacité! J’ai laissé un peu de vivres à Pemba car je ne pourrai d’ores et déjà pas rester 6 jours sur le glacier du Barun. Il est inutile de me surcharger inutilement.


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La brume monte de l’Est, poussée par un vent glacial. Les éboulis bordant le Barun ont été un peu consolidés depuis mai 2014 et la progression se fait un peu plus aisément. A Yangle que je retrouve sous la brume, le jeune propriétaire me reconnait et je retrouve un couple d’espagnol rencontré à Seduwa. Ils reviennent du camp de base où ils ont eu beau temps. Cela me redonne confiance et courage. Encore une bonne soirée au coin du feu.DSCF3196

Dimanche 18 Octobre – de Yangle à Shersong

levé 5h45 – T intérieure +1°C – départ 7h – arrivée 15h06 – Altitude 4698m

C’est la troisième journée difficile du trek avec un dénivelé de plus de 1000m. J’estime que l’acclimatation double à Kongma et Dobato doit suffire.  Cette année, le lodge de Langmale est ouvert et permet un arrêt de sécurité pour les trekkeurs sans tente.

J’ai la surprise de découvrir la magnifique vallée du Barun sous le soleil. Les paysages sont grandioses, en même temps encore très verts mais bordés de falaises ocres et sombres, gigantesques. Plus loin se profilent les hautes montagnes enneigées que je dois rejoindre en deux petits jours maintenant.

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Un léger mal de tête m’accompagne sur toute la montée. Le vent d’Est reste glacial et le soleil peine à me réchauffer dés que je m’arrête pour souffler un peu.

Je n’ai croisé qu’une jeune maman et son bébé de toute la journée. Elle me demande où se trouve mon guide et mes porteurs. Quand je lui réponds que je suis seul, elle reste très dubitative. Cette situation lui semble totalement improbable. Elle me quitte avec ses doutes.DSCF3233

Je retrouve mon camp à Shersong et je plante ma tente dans le même enclos. L’ibuprofène supprime la migraine. La soupe au poulet mélangée aux grains de semoule est un régal.

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Camp de Shersong, bordé par les Pics 6 et 7

Il n’y a déjà plus personne ici. C’est l’orée du monde minéral.

Lundi 19 Octobre – de Shersong au Camp du Barun

levé 6h07 – T intérieure -4°C – départ 8h25 – arrivée 15h24 – altitude 5122m

Le grand beau temps persiste! Je peux profiter de la vue sur les pics 6 et 7  (6758m) d’un côté et le Makalu (8485m, cinquième sommet du monde) de l’autre.

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Le Makalu, 5ème sommet du monde – 8485m

Tout est couvert de givre. Il me faut beaucoup de temps pour démonter le campement, sécher le duvet et la tente. Le duvet sèche sur un muret de pierre. La tente restera mouillée au pliage.

Je pars donc fort tard mais j’arrive rapidement au camp de base, à 10h40. Le lodge de Pasang est cadenassé. J’apprends qu’elle s’est mariée cette année et est partie vivre à la frontière du Tibet. Je profite de la halte pour déjeuner d’une plâtrée de riz et de patates arrosée de thé dans le dernier lodge ouvert (700Rs!)DSCF3248

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emplacement du Sandy Camp, avalé par le glacier

Je m’engage ensuite sur le chemin de Sandy Camp. Tout va bien jusque 5000m. Je suis ensuite des cairns que je n’avais pas vus l’année dernière. Comme ils m’emmènent vers une sorte de plateau, je ne m’inquiète pas en pensant que j’ai peut-être trouvé une solution pour gravir la centaine de mètres séparant le glacier de la moraine où se situe Sandy Camp. Malheureusement, je dois constater que le chemin se termine sur des éboulis dangereux car totalement instables. Il est impossible d’y progresser, même lentement. Un bloc de granit qui lâche me blesse le tibia. Le GPS m’indique que je suis encore à 1.4 km de Sandy Camp. Je ne reconnais rien de la configuration de l’année dernière. Plus j’avance, moins j’arrive à deviner où se trouve Sandy Camp. A 14h30, il faut que j’accepte l’évidence: Sandy Camp a disparu. La moraine, avec tout le versant de la montagne a glissé dans le glacier. Lui même est méconnaissable. Il se compose d’immenses cratères, de monts de caillasses et de crevasses béantes.DSCF3263

Je continue de progresser dans les éboulis en pente et finis par apercevoir sur le glacier un petit promontoire à peu près horizontal. Je m’y achemine lentement. Cette plate forme de sable fin est craquelée de petites crevasses. Le sol est instable partout mais c’est bien là qu’il faut que je m’installe pour la nuit. Je n’ai pas d’autre option.

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Camp sur le Barun

 

 

Je dois retourner sur mes pas pour chercher  l’eau du dîner et du petit-déjeuner dans une crevasse. Quand je remonte, je chasse un corbeau qui a commencé à déchirer mon sac de provisions. Il était temps!  Il n’a pas eu le temps de les entamer. Mon nouveau campement est plus bas de 80m par rapport à Sandy Camp disparu. A la nuit tombante, je peux quand même apercevoir le sommet de l’Everest derrière le Lhotse.

Mardi 20 Octobre – Du camp du Barun au Camp de Base du Kamepe Ri

Levé 5h49 * T intérieure -6°C – départ 7h45 – Arrivée 12h40 – Altitude 5472m

La progression semble à première vue moins difficile que la veille. Il n’en est rien. Les amas d’éboulis restent très peu propices à la marche. Je tombe en me tordant la cheville droite. Une petite douleur apparaîtra ensuite dès la moindre torsion. Je suis rassuré d’avoir emporté une chevillère et des bandes de compression.DSCF3259

 

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Vers le glacier latéral de Sherpani

J’avais prévu d’aborder le glacier latéral de Sherpani par le bas, c’est à dire par le glacier du Barun plutôt que par le promontoire formé par la moraine. La destruction de la moraine de Sandy Camp  ne me laisse pas le choix: c’est devenu la seule voie possible. Je m’engage dans un goulot assez étroit par lequel s’écoule l’eau de fonte du glacier. Ici, rien ne tient, que ce soit les pierres au sol ou les parois de terre et de pierres creusées par le torrent.

J’ai aussi des difficultés pour reconnaître le camp de l’année dernière. Tout semble avoir été chamboulé, ici aussi. Avec moins de violence. Je trouve des empruntes de pas qui me confirment que des trekkeurs sont passés par ici récemment. On m’avait averti à plusieurs reprises que deux groupes avaient tenté de rejoindre Sherpani pass.

Je profite du soleil pour faire une petite lessive et me laver un peu. L’eau du petit torrent a tendance à dévier pendant l’après midi avec son débit croissant du fait de la hausse de température. Il vient envahir mon campement! Je construis une petite digue avec des pierres et de la terre pour qu’il reste dans son lit d’origine.  Ma cheville ne me fait plus mal.

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Coucher de soleil sur le Makalu, vu du Camp de Base du Kamepe Ri

La fermeture du double toit, qui fonctionnait déjà mal, dysfonctionne totalement. C’est peut-être du au sable fin? Je peste car c’est le pire endroit où cela pouvait se produire! Je répare en perçant le tissu et en cousant tout au long, une fermeture plus ou moins étanche avec ma corde au diamètre trop important. La réparation me permettra de conserver un peu de ma chaleur.

Mercredi 21 Octobre – Ascension du Kamepe Ri – 6132m

Levé 5h40 – T intérieure -9°C – départ 7h – arrivée au sommet 12h (N 27.864611°, E  87.017533°) retour CB 15h24

Ascension Kamepe ri

C’est le jour J. Tout les efforts qui précèdent ont été effectués pour vaincre ce sommet. Si les monstres qui nous entourent, Baruntse et Makalu sont inaccessibles, l’ascension, entamée l’année dernière jusque 5850m, semble, elle, faisable sans matériel particulier. Le camp de base est parfaitement placé et le temps, comme depuis plusieurs jours maintenant, est totalement dégagé.


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La progression commence par l’ascension d’une pente composée de blocs de granit plus ou moins cohérents. Elle est plus facile que le chemin pour accéder au camp de base. L’absence de sac à dos facilite aussi la tâche. La vue se dégage progressivement tout autour vers le Makalu et le glacier du Barun, vers les cols de Sherpani, les glaciers immaculés et les sommets qui se découvrent par derrière vers le Khumbu. La pente relativement douce me conduit jusqu’à 6050m environ. Je croyais qu’il s’agissait pratiquement de l’altitude sommitale, selon les indications de mon GPS. Cependant, je suis encore loin du sommet, composé d’un double pic oublié par Google Earth! Je commence à apercevoir la première pointe que je dépasse en la contournant. Elle en cache une seconde que je dois rejoindre par une crête délicate car il faut contourner des obstacles qui donnent dans le vide. 
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Le Baruntse et ses glaciers

Au sommet, je peux découvrir le Baruntse ainsi que ses glaciers et les massifs plus au Nord Ouest: le Cho Polu et le Lhotse principalement. L’Everest se devine, caché pour sa plus grande part par le Lhotse.
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Je déjeune au sommet et décide d’entamer la descente par un canal d’éboulis au Sud, qui me semble plus sûr que le chemin de la montée. Cette descente, composée de poussières et de graviers se poursuit par des blocs de plus en plus gros pour donner sur le glacier de Sherpani.

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J’installe mes crampons pour le plaisir de marcher sur la glace. En progressant, je trouve des traces de pas à la file indienne. Ces traces se dirigent vers Sherpani Pass et confirment qu’un groupe au moins s’est dirigé récemment vers ce col.

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Glacier de Sherpani

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En descendant, je découvre, au pied du glacier, un camp appelé « Swiss Camp ». L’endroit serait superbe s’il n’était les tas d’immondices laissés par les groupes organisés, qui ne respectent rien. Des vieilles tables métalliques, de nombreuses paires de chaussures éventrées copinent avec des réchauds, des sacs et des bouteilles de plastiques. Des trekkeurs autonomes, même sans conscience, ne pourraient pas laisser de tels souvenirs puisqu’ils ne seraient simplement pas capables de les porter jusque là! Voir Annexe « la trekkeuse et ses porteurs »

Je rentre de mauvaise humeur au camp.

Kamepe ri, en Scherpa signifie la montagne sans neige. Neige se dit ka en Sherpa en allongeant le A, comme en Turc kar (le R ne se prononçant pas, provoque un allongement naturel du A). L’étymologie est probablement commune. Ces petits détails de l’Histoire de l’Humanité me passionnent.

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C’est au tour du réchaud de me lâcher au cours de la préparation du dîner. J’ai beau nettoyer le gicleur et la canalisation d’arriver de pétrole, je n’arrive pas à le rallumer. C’est peut-être la pompe. La panne est brutale en tous cas et j’ai les mains noires de suie. Il n’y a pas même moyen de me laver: tout cour d’eau est gelé depuis longtemps. Ce dernier événement m’incite à renoncer à rester un jour de plus pour tenter de rejoindre Sherpani Pass. Je me contenterai de la belle victoire d’aujourd’hui. C’est ce qu’on doit appeler la Sagesse!

Jeudi 22 Octobre : du Camp de Base du Kamepe Ri au Camp de Base du Makalu

levé 6h06 – T intérieure 0°C extérieure -7°C – départ 9h05 arrivée 18h15 – Altitude 4844m

Plus que les ennuis matériels, le retour vers MBC me contrarie. Je sais que, quelque soit le chemin, il sera dangereux et épuisant. Comme je suis arrivé avec difficulté par la lisière du glacier, je choisis de revenir par un trajet plus central. Je commence le retour en suivant une série de cairns sur le glacier de Sherpani. Ceux-ci disparaissent dans le goulot rejoignant le glacier du Barun.

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Dans ce champ de bataille pour géants, il me faut parfois perdre plus d’une demi-heure pour éviter une crevasse se découvrant au dernier moment: il n’y a aucune visibilité d’ensemble. Je descends sur une rampe de glace pour gagner un peu de temps. Je tente aussi d’éviter les plus gros monticules et entonnoirs d’éboulis. Le temps passe et j’avance très lentement, environ 300 m/h rapportés à une ligne droite. Lorsque je parviens enfin à la limite aval du glacier, je continue en longeant la berge du torrent naissant en espérant ainsi rejoindre le camp de base sans tracas. Je m’aperçois que ce n’est pas la bonne solution car il faudrait suivre les longs détours formés par ses méandres. D’autre part, l’eau tumultueuse empêche souvent la progression sur la berge. Je décide donc de rejoindre le début du chemin, en surplomb, à l’aide du GPS.

Je n’ai pas encore rejoint le chemin quand la nuit commence à tomber. Heureusement, une demi-lune, déjà levée, suffit à éclairer chichement les obstacles à mon acrobatique progression. Je dois marcher encore plus d’une heure avant de retrouver le camp de base.

C’est un sentiment particulier que celui d’entendre de nouveau des voix au loin et de sentir la fumée du feu de bois. Je m’engouffre dans le seul lodge ouvert, épuisé par 9 heures de marches aléatoires et parsemées de chutes. Mon dos en gardera un souvenir douloureux pendant plusieurs semaines.

Je passe le reste de la soirée avec un couple de français, locataires d’une maison à Patan. Ils veulent rejoindre le Khumbu en passant par Sherpani avec leur guide. Bon courage!

Vendredi 23 Octobre – de MBC à Yangle kharka

Levé 7h – T intérieure -5°C – départ 7h45 – arrivée 15h

Il fait un temps superbe au camp de base. Le Makalu, majestueux, trône toujours si près de nous.DSCF3356

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Pic 7. On distingue probablement Isuwa la sur sa droite.

Le chemin ne présente plus aucune difficulté, surtout avec le sac allégé de 4 kg de nourriture. Le temps se couvre progressivement dans la matinée et la neige commence à tomber bien avant l’heure du déjeuner. Je ne peux plus mettre mes gants car mes doigts sont blessés et endoloris par les nombreux rattrapages sur les blocs de granit d’hier.

Je croise un cortège nombreux de japonnais montant vers le camp de base. Certains sont équipés de parapluies. Dans le brouillard et la neige, ce spectacle est fantasmagorique.

Je me force à m’arrêter et m’installe dans une baraque abandonnée pour me mettre à l’abris du vent et de la neige. Il n’y a pas âme qui vive ici. La nature s’est couverte d’un manteau blanc. En repartant, je peine à trouver le chemin de temps en temps. J’arrive enfin à Yangle kharka qui ressemble à une carte de Noël. Le lodge est cadenassé et je crains de devoir passer une nouvelle nuit sous la tente. Le propriétaire me fait signe de l’autre côté du Barun: il regroupe ses 13 yacks avec ses compagnons puis il me rejoindra. Je peux m’installer à l’étage, resté ouvert.

C’est moi qui le rejoins pour finir car il me refait signe. Dans une petite baraque en bois, une fête improvisée a commencé: Onze des yacks sont parqués. Deux se sont enfuis dans la jungle mais ils seront retrouvés. A chaque jour sa peine… Cela n’inquiète personne. Le troupeau est maintenant prêt à rejoindre Tashigaon pour l’hiver.

Mon verre de tchang ne tarit pas car mon hôte le remplit dés que le niveau baisse un peu. Je reprends aussi des forces avec un délicieux mélange de viandes et de riz. Puis vient le temps des danses pour accompagner la musique népalaise traditionnelle. Je m’écroulerai plusieurs fois lorsqu’il faudra rentrer au lodge et je ne me souviens plus comment j’ai franchi le petit pont de bois recouvert de neige glacée enjambant le Barun…

Samedi 24 Octobre – de Yangle à Dobato

Levé 6h15 – T intérieure -4°C – départ 8h10 – arrivée 16h45

C’est de nouveau sous un beau soleil que je continue la descente de la vallée du Barun. Le petit vent d’Est glacé recommence à souffler. Mon dos, quant à lui, me fait mal assez rapidement et je suis obligé de m’arrêter plus souvent pour le soulager. Je ne rencontre personne sur la route sauf deux trekkeurs montant vers le camp de base.

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Dans la grande et interminable montée pour atteindre Dobato, le temps se couvre rapidement et le lodge m’apparaît finalement dans un brouillard glacé. Un brouhaha animé s’en échappe. Il est rempli et déborde de porteurs, de guides et de quelques rares trekkeurs. Certains ont installé des tentes. Un couple d’allemands s’est installé dans le dortoir. Je tente d’investir un lit qui semble libre. L’homme sort de son duvet comme un ressort bandé qui se détend brutalement. Il me jette un regard assassin. Je lui demande s’il a un problème. Il ne daigne même pas m’adresser la parole! Son guide, fort gêné, arrive à sa rescousse. « Vous ne pouvez pas rester à cet endroit, il faut vous installer ailleurs » « tous les lits sont-ils occupés? » Pas de réponse. « S’il vous plait, installez-vous avec les porteurs ». Ce n’est pas que cela ne me plaise pas mais je refuse par principe. Je vide mon sac sur le lit pour bien montrer que je ne capitulerai pas devant une telle arrogance de la part de ces touristes et une telle soumission de la part des Népalais. Pour finir, ces derniers n’en sont pas mécontents et nous passerons une très bonne soirée ensemble. J’apprendrai le lendemain que ce couple déplaisant ne paiera même pas ses lits et laissera leur guide régler leur addition sur son propre salaire…

Dimanche 25 Octobre – De Dobato à Kongma

Levé 6h30 – T intérieure -1°C – départ 8h – arrivée 14h25

Le temps est mitigé ce matin, avec quelques coins de ciel bleu qui disparaîtront rapidement. Dés que j’arrive au premier des quatre cols, le brouillard m’enveloppe. Les dieux locaux me préservent de la pluie et de la neige. Je n’aurai jamais parcouru ces passages sous un temps clément. Une équipe d’italiens sympa s’est installée à Kongma avec sa propre cuisine. Cela limitera nos échanges.

La propriétaire du lodge téléphone à Num (Japanese Sherpa Lodge) pour me réserver une place en jeep privée pour le retour à Khandbari. En effet, la pénurie d’essence rendrait le trajet aléatoire en jeeps publiques.

Lundi 26 Octobre – de Kongma à Seduwa

Levé 6h06 – Départ 7h25 – Arrivée à Tashigaon 11h15 – Arrivée à Seduwa 16h45

C’est une longue journée de marche en descente dans un climat redevenu doux. Ma place de jeep est confirmée le soir pour le lendemain vers 13 heures.

Mardi 27 Octobre  – de Seduwa à Num

Levé 5h40 – départ 6h45 – arrivée 11h45

Fin du trek.

Annexe : La Trekkeuse et ses Porteurs

C’était à Dobato et il avait plu toute la journée. Ce genre de jours, le temps passe très lentement et il faut prendre son mal en patience. Il n’y a rien à faire que de grignoter le moins vite possible le seul bouquin embarqué… ou de se vider l’esprit en essayant de se réchauffer au plus près du foyer.

Quel temps fera-t-il demain? « Plus la pluie tombe, moins il en reste dans le ciel » dit l’optimiste. « Une grosse dépression a envahi le pays. Elle est bien accrochée à la chaîne de l’Himalaya » dit le pessimiste.  Si cela continue, les cols seront bientôt fermés! …

C’est de ce genre de torpeur que m’extrait une trekkeuse arrivant de Yangle Kharka. L’après-midi est à moitié avancée, comme coincée entre une matinée maussade et une soirée qui ne veut pas arriver. Je l’examine en détail: elle est trempée, les traits tirés et semble en colère. La montée vers Dobato est un supplice en temps normal et la pluie a du transformer chaque pierre en piège redoutable pour les chevilles. Je compatis par une petit sourire solidaire. Ma mimique est une invitation à la conversation.

Après s’être à peu près égouttée, elle se rapproche de moi d’un pas guerrier.

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Du 6 au 29 novembre 2014

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Lhotse et Everest vus du Kalapatar

(vous pouvez agrandir les photos en cliquant dessus)

1. Impressions générales :

Boz51 (Voyages Forum) nous avait donné l’envie d’effectuer ce trek avec son article et ses photos de fin 2013. Qu’il en soit remercié !

Si les vallées du Solu Khumbu sont très fréquentées, elles n’en sont pas moins dangereuses. Les hélicoptères sont innombrables qui vont chercher les touristes insouciants souffrant du mal des montagnes parce qu’ils ont monté trop vite.

Prendre les chemins de traverse par les 3 cols (Kongma, Cho et Renjo la) permet de profiter au maximum de la beauté des montagnes tout en évitant la promiscuité de ces longues files de randonneurs cliquetant leurs bâtons de marche en cadence, commandés par un « guide » en tête et un autre en queue… Ils ne peuvent, par bonheur, que marcher dans les vallées pour rester entiers.

Trois cols à plus de 5300m, un petit sommet à 5640m et 170km en 23 jours dont 10 à plus de 4500m, ça use. Surtout que nous portons 18kg et 14kg sur le dos. Tente, nourriture, réchaud pour être autonomes. L’autonomie se paie au prix fort ici. Les nombreux lodges, au confort certain, sur les chemins principaux, rendront la décision de plus en plus difficile de planter notre tente sous des températures hivernales (-10 à -20°C la nuit)

Mais quel temps ! Un soleil éblouissant à perte de journées, pendant tout le trek. De quoi presque se lasser des couchers de soleil quotidiens sur nos monstres préférés… Nous avons eu de la chance quand nous pensons au drame du 14 octobre[1]. La montagne reste maîtresse de nos destins.

Et puis, ne négligeons pas un avantage d’être nombreux sur ces plus belles montagnes du monde. Nous avons rencontré des hommes et des femmes animés de la même passion, avec qui nous avons passé des soirées formidables à reconstruire, à la hâte, le Monde.

Le Népal reste étonnamment en dehors du monde malgré des abords parfois très modernes : par exemple téléphoner en France instantanément à 5180m d’altitude, face au Toit du Monde. En même temps, l’aéroport de Lukla est un baraquement insalubre (et celui de Kathmandu ne vaut pas mieux) dans lequel nous attraperons un gros rhume à attendre un avion incertain.

Enfin, cet endroit est artificiellement développé depuis qu’Edmond Hillary, premier homme à vaincre l’Everest en 1953 avec Tengzing Norgay , en a fait un lieu de pèlerinage pour tous ceux qui veulent avoir vu, une fois dans leur vie, le Toit du Monde. Ce n’est pas là que nous découvrirons la vie authentique des népalais. On ne peut pas tout avoir.

[1] Le 14 octobre 2014, en moins de 24 heures, un cyclone, né dans le golfe du Bengale, a déversé plus de 150 cm de neige sur les massifs des Annapurna. Totalement prévisible et totalement imprévu, il a tué d’un coup plus de 40 marcheurs dont la moitié de « guides » insouciants et de porteurs, ensevelis sous les avalanches au niveau de la Thorung la, en particulier.

 2. Situation:

 

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 3. Agenda:0001c

4. Etapes :

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 5. Altitude :

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 6. Dénivelés quotidiens :

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7. Matériels embarqués:

Nous prévoyons 5 jours d’autonomie en nourriture avec un ravitaillement partiel par les lodges, soit 3.8kg composés de saucisson, semoule, pain type Wasa, comté, muesli, lait lyophilisé, chocolat,  fruits secs, barres de céréales, palets bretons, spiruline (10g/j) sur tout le trek.

Chaussures : LOWA – Tibet pro gtx. Les miennes commencent à souffrir sérieusement après le Dhaulagiri et le Makalu

Sacs à dos : Osprey exos 58, Gregory Wander 70

Tente : Easton Kilo (plus d’espace que la précédente mais moins facile à monter: on fait vriller la tringle longitudinale en carbone sans comprendre pourquoi)

Réchaud : MSR XGK EX avec 500ml d’essence achetée à KTM. On redescendra avec 300ml.

Matelas: Thermarest Néoair XLIT

Sacs de couchage: Valandré Bloody Mary

Nous emportons pour la première fois des crampons Microspike Kahtoola qui s’avéreront très pratiques d’utilisation et utiles lors du passage des Cho et Renjo la.

8. Accès et coûts :

Nous avons pris des billets Air India via Go Voyages (629€ par personne). Un retard programmé la veille du retour nous a fait rater la correspondance pour Paris. Air India a été correct en nous installant dans l’hôtel de la zone internationale à ses frais. Par contre, Go Voyages a été en dessous de tout en nous informant d’une modification d’horaires sans nous indiquer les changements !

Le billet KTM Lukla Aller retour est acheté 330USD par email chez Yéti Air (Tara Air = filiale). C’est un coût élevé pour un service catastrophique. La compagnie n’est que partiellement responsable car ce sont les aéroports de KTM et Lukla qui dysfonctionnent totalement. J’ai préféré  rentrer en hélicoptère (coût 500USD, vol Tara Air retour en cours de remboursement)  car Sylvie, séparée sur un autre vol avait pu rentrer sur KTM alors que je restais à Lukla avec mon avion en panne ! Voir l’Annexe2 « Lukla, la souricière »

Compter une dépense quotidienne pour deux de 3000 à 5000 Rs (25 à 42€) selon l’altitude du lodge, comprenant le petit déjeuner, le déjeuner et le diner avec une chambre correcte et non chauffée (ce n’est pas une option).

Une publicité particulière pour le lodge Namaste à Gokyo dont la cuisine est excellente sans parler du service !

9. Points GPS (Garmin Etrex Vista H) et tracés :

Ils sont listés dans l’Annexe 1. Ils indiquent les points par lesquels nous sommes passés. Nous ne prétendons pas que ce soient les meilleurs ou uniques chemins pour arriver aux étapes, en particulier lors de la traversée des glaciers puisqu’ils bougent! Les altitudes indiquées par le GPS sont proches de celles indiquées par Google Earth

Le GPS est un confort pour ce type de trek. Il n’est pas indispensable. Il permet d’évaluer la distance restant pour parvenir à l’étape et de se rassurer quand le chemin s’efface un peu. Il faut dire que les conditions climatiques étaient très favorables. Certains passages des trois cols ou des deux glaciers dans le brouillard auraient nécessité l’usage du GPS pour un minimum de sécurité.

10. Le trek au jour le jour

1er jour De Lukla à Phakding (2633m) 7.5km en 3.5 heures, dénivelé -224m

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Bien que cela paraisse bizarre, nous sommes partis avant l’heure de l’aéroport de KTM. Il faut dire qu’à Lukla, c’est l’enfer. A peine un avion a déversé à la hâte son lot de marcheurs frais qu’il se remplit de trekkeurs épuisés pour filer chercher son envol sur la curieuse piste pentue et si courte ! Les  hurlements des moteurs lancés à peine puissance, avant le décollage, sont entrecoupés du bruit des pâles des hélicoptères qui prennent leurs envols ou atterrissent sur un petit terrain juste à côté.
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Il fait beau à Lukla et ce doit être un événement car l’activité fébrile de l’aéroport cache mal  l’inactivité probable des jours précédents, due au brouillard, au vent ou à l’âge du capitaine.

Nous avons hâte de nous enfuir, le temps de répartir les charges des sacs à dos. Le chemin est large, en descente et il fait bon. Nous marchons en tee shirts et le poids des sacs se fait à peine sentir. Il y a du monde sur la route et nous devons avoir croisé en une heure la quantité équivalente qui passe par le Makalu en une bonne année.

Traversée de villages pimpants garnis de lodges avenants alternant les forêts tropicales. Ca ne durera pas, au moins pour ce qui est de la végétation…

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2ème jour de Phakding à Namche Bazar (3384m) 10.4km en 7h10, dénivelé +751m

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T intérieur au réveil à 6h15 +9°C. Départ à 7h30

Il fait un soleil radieux de nouveau et il n’en faut pas plus pour nous mettre de bonne humeur.

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Nous achetons sans trop perdre de temps nos TIMS 2*2000Rs puis nos entrées dans le parc de Sagarmatha 2*3000Rs. Il vaut mieux ne pas resquiller car nous serons contrôlés plusieurs fois par des militaires sur la route avant Namche.

Si le TIMS a une utilité discutable, l’entrée du parc permet au moins de nettoyer les chemins. Il ya 12 ans, ils étaient parsemés de détritus. Aujourd’hui, ils sont réellement propres. Les chemins s’écartant de la voie principale ne font malheureusement pas l’objet de la même attention…

La journée est plus difficile car il faut affronter la terrible montée menant à Namche. J’espère ne pas arriver trop tard car c’est jour de marché. Mais les sacs décident de notre allure d’escargots.

La beauté des montagnes commence à apparaître au travers des pinèdes et nous découvrons au détour d’un virage, la silhouette encore éloignée de l’Everest.

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A Namche, le marché est encore en place quand nous arrivons. Nous y faisons un petit tour après nous être installés dans un des nombreux lodges. Ici le téléphone fonctionne toujours (Ncell) et fonctionnera jusqu’à Gorakshep.

3ème jour Acclimatation à Namche Bazar

La journée est consacrée au repos et à une petite ballade aux environs de Namche. Nous repérons le chemin pour aller à Tengboche. Nous nous promenons dans les pâturages surplombant la ville pour rentrer déjeuner. Le temps se couvre dans l’après midi. La brume monte progressivement des basses vallées pour envahir la ville et disparaître avec la nuit.

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4ème jour de Namche Bazar à Tengboche (3857m), 11.3km en 6h10, dénivelé +473m

Namche Tengboche

T=12°C au lever à 6h.

Le grand ciel bleu est au rendez-vous et nous prenons notre temps pour le petit déjeuner. C’est le moment pour se mettre en forme afin d’affronter les montées vers la haute montagne. Nous avons normalisé nos commandes devant le luxe des menus offerts : un small pot (1 litre !) de café au lait pour deux, un pancake au miel pour moi et du porridge pour Sylvie. Bref, le « ressuscitation kit » qu’on ne peut trouver que dans les zones de forte affluence touristique quand on sait qu’un repas, quel qu’il soit au Népal lorsqu’il n’est pas composé exclusivement de Dahlbat n’est pas un repas.

Nous ferons toujours attention de laisser les convois de mulets ou de yacks du côté versant du chemin. Un français est mort, peu de semaines auparavant, bousculé par le chargement d’un animal. Il est tombé dans le ravin et son corps n’a pas été retrouvé.

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L’Ama Dablam fait sa première apparition à un détour du chemin. Nous devons nous rendre au pied de cette magnifique montagne puis la contourner pendant une dizaine de jour.
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Nous arrivons à Tengboche à 13h30. Ce beau monastère, entouré de lodges en pierres sèches, nous accueille sur un promontoire aux panoramas superbes que nous pouvons même admirer de notre chambre. Nous assistons à des cérémonies bouddhistes auxquelles nous ne comprenons rien après un déjeuner copieux.

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La nappe de brume n’arrive pas à franchir les coteaux que nous avons gravis dans la matinée et le ciel reste lumineux pour le spectacle des crêtes en feu au coucher du soleil.

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Je ne dénombre pas moins de 35 personnes dans la salle à manger bien chauffée au feu de bouses de yack séchées, dans la soirée. Nos premières parties de Rumi commencent, solution idéale pour passer agréablement le temps en attendant le diner.

5ème jour Acclimatation à Tengboche, chörten à 4183m

Nous avons du temps et nous cherchons l’acclimatation à l’altitude en priorité. L’aspect magique du lieu est une opportunité pour passer la journée agréablement à nous reposer. Les migraines sont peu présentes et gérées à l’Ibuprofène.

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Le matin est consacré à rechercher et emprunter le seul chemin menant aux montagnes alentour. Je me rends à un petit chörten coiffant un sommet. Cela me permet de découvrir le glacier et le massif du Kangtega (6685m), l’Ama Dablam (6856m) ainsi que le massif du Nuptse (7861m), du Lhotse (8414m) et en arrière plan, déjà, l’Everest (8848m).

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6ème jour de Tengboche à Pangboche (3955m), 4.4km en 2h20, dénivelé +98m

Tengboche angboche

T=+2°C au levé à 6h.

Nous partons à 7h40. Les files de trekkeurs sont déjà en route. Nous devons apprendre à gérer leurs doublements  ou croisements sur des chemins parfois étroits. Notre étape est courte et nous continuons la marche à notre rythme tranquille pour préserver l’équipage !

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Nous traversons Pangboche pour nous installer dans le dernier lodge. Cela nous permet d’explorer facilement le chemin pour aller au Camp de Base de l’Ama Dablam.

On en profite pour se baigner dans le torrent. L’eau doit approcher les 3 ou 4°C. Le séchage au soleil est un vrai bonheur. La soirée se passe en compagnie d’Hervé, trekkeur solitaire. Il est bien le premier que nous rencontrons sans guide. Cela crée des mouvements de solidarité.

7ème jour de Pangboche au CB de l’Ama Dablam (4572m), 6.2km en 3h20, dénivelé +617m

Pangboche Ama Dablam BC

T=1°C au lever à 6h. Nous partons à 8h20 pour arriver à 11h40 au camp de base. La montée est rude et Sylvie a un mal de tête persistant. Ce n’est pas bon signe. Le camp de base lui-même doit être un fond de lac bien plat. De nombreuses tentes d’alpinistes y sont installées.

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Nous nous installons à quelques centaines de mètres à l’écart pour laisser place au rêve. D’autant plus que le camp est un peu en renfoncement et ne dispose pas de la plus belle vue.

Il fait toujours aussi beau mais le petit vent glacé a vite fait de nous transpercer. Nous déjeunons de pancakes préparés le matin à Pangboche et de saucisson. Celui-ci provoque une indigestion qui nous coupe les jambes l’après midi et la soirée, expérience malheureuse à ne pas renouveler !

Nous restons couchés dans la tente qui passe brutalement de 35 à 0°C au moment du coucher du soleil. C’est une longue nuit d’attentes et de sommeils entrecoupés.

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8ème jour du CB de l’Ama Dablam à Pangboche, 6.2km en 1h45, dénivelé -617m

T=-4°C au réveil à 6h. Nous attendons que le soleil donne sur la tente pour aller préparer le petit déjeuner de muesli au lait et cappuccino. Le ciel est un peu laiteux ce matin. Nous replions le camp doucement pour partir vers 10h45. Nous arrivons au lodge à 12h30, épuisés mais les maux de tête et nausées sont pratiquement effacés. Nous avons l’après midi pour nous remettre définitivement de l’intoxication alimentaire. Le soleil est de nouveau radieux.

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Je lave les cheveux de Sylvie avec l’eau chauffée sur notre réchaud. J’essaie de me raser et renonce définitivement à ce type d’exercice inutile pour la durer du trek. On verra à KTM.

La soirée se passe en compagnie d’un groupe d’espagnols, autour du poêle à bouses. Je me réveille la nuit avec une migraine et des difficultés pour respirer. Le manque d’oxygénation provoque les maux de tête. Nous ne  sommes pas encore bien acclimatés.

9ème jour de Pangboche à Dingboche (4339m), 5.9km en 3h45, dénivelé +384m

Pangboche Dingboche

T= 0°C au lever à 7h.

Nous partons tard vers 9heures car nous ne souhaitons pas rejoindre Chukhung aujourd’hui. L’expérience de la nuit nous prouve que  nous ne sommes pas encore au point pour les hautes altitudes.

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La montée est progressive aujourd’hui et nous profitons d’un panorama de plus en plus grandiose. Il nous faut prendre garde de prendre la bonne bifurcation car nous abandonnons la grande voie qui mène au camp de base de l’Everest. Dingboche, où nous nous arrêtons vers 12h45, est maintenant sur la route de l’Island Peak et du Renjo la, premier des trois cols que nous voulons gravir.

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Je pensais que le chemin serait désormais désert mais il n’en est rien. Ce n’est plus la foule mais il y a encore quelques groupes de marcheurs sur la route. A Dingboche, des commerces permettent un éventuel approvisionnement en nourriture.

Nous trouvons un lodge qui donne sur l’Island peak et le Lhotse. La salle à manger est admirablement située, en surplomb, pour assister au coucher du soleil sur le Lhotse. Le steak de yack est excellent et nous redonne des forces. Quant à la chambre, elle est gratuite.

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10ème jour de Dingboche au Camp du Lhotse (4912m), 7.3km en 3h, dénivelé +572m

Dingboche Camp du Lhotse

T=0°C au lever à 6h30. Départ à 7h55. La montée est continue et douce. Nous arrivons à Chukhung vers 10h50 pour un prendre un thé et repartir vers 11h30. Il nous faut tâtonner pour trouver le chemin vers l’Island peak. Il devient plus confidentiel car majoritairement emprunté par les grimpeurs.

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Nous trouvons vers 13 heures, à mi chemin du CB de l’Island peak, un emplacement avec vue sur le glacier du Lhotse et l’Ama Dablam. Le sol sablonneux est gelé et il faut un caillou pour enfoncer les piquets de la tente dans le sable. Il n’y a plus d’eau liquide ici et il faudra faire fondre la neige pour les repas.

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Je monte en fin d’après midi sur la moraine pour assister au coucher du soleil. Le ciel se voile de plus en plus et les éclats dorés sur les sommets sont un peu tamisés.

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Diner de semoule agrémentée d’un cube bouillon, fromage, palets bretons et chocolat.

11ème jour du Camp du Lhotse à Chukhung (4726m), 2.2km en ¾ d’heure, dénivelé -186m

T=-11°C au réveil à 7h. Lever à 8h30 pour essayer de bénéficier des rayons du soleil, malheureusement absents.

La nuit a été froide mais la respiration semble meilleure. Le ciel est pour la première fois gris ce matin.  Nous ne partons qu’à 10h30 car il faut du temps pour faire le petit déjeuner : Le gicleur du réchaud est bouché et il faut le démonter pour pouvoir allumer le feu.

Chaque piquet colle terriblement au sol gelé. Il faut creuser un cône tout autour de chacun avec le dos de la lame de l’Opinel pour les décoller de leurs gangues de sable glacé.

La descente sur Chukhung est rapide. Nous trouvons un « resort » fort sympathique qui ne coûte pas plus cher qu’un lodge… Du fait du temps bouché, nous annulons la montée au Chukhung ri. C’est dommage car Yannick, rencontré plus tard, nous dira que le spectacle en haut est de toute beauté.

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Nous partons dans l’après midi en reconnaissance du chemin menant à la Kongma la, première passe de notre périple.

Le ciel se dégage en fin d’après midi pour un d’autant plus superbe coucher de soleil qu’inattendu sur le Lhotse et la vallée

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12ème jour de Chukhung au Camp du Khumbu (4906m), Kongma la (5514m), 9.3km en 9h40, dénivelé +180m

Chukhung Camp du Khumbu

Nous nous levons un peu plus tôt, à 5h30 car la marche sera longue aujourd’hui. Le temps de l’acclimatation est achevé. Le chemin vers la passe de Kongma est bien tracé et monte régulièrement sur sa première partie. Le soleil a vite fait de nous rejoindre et de nous réchauffer.

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La dernière partie est rude par contre car il nous faut franchir ce qui paraît être une vraie falaise. Sans tracé GPS ou physique, la progression serait aléatoire.

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Arrivés sur le col lui-même vers 13h10, le spectacle est grandiose, avec un ciel totalement limpide.

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Quelques volutes se forment au sommet du Lhotse et un lac d’un vert émeraude s’étend à nos pieds. Nous déjeunons sur la passe elle-même dans un recoin à l’abri du vent.

La descente est un vaste pierrier tapissé de glace à certains endroits. Nous  avons laissé nos Microspikes au fond de nos sacs et nous ne sommes pas fiers de cette impréparation. Il nous faut parfois descendre sur les fesses pour éviter une chute fatale.

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Nous arrivons vers 16h10 au pied de l’imposante moraine du glacier du Khumbu. Nous hésitons à la franchir car il est tard. Nous ne voulons pas prendre le risque de nous perdre sur son dos parsemé de crevasses et de lacs glacés. Nous décidons donc d’installer la tente sur un lit de sable gelé déjà à l’ombre. Ici comme au premier campement, nous ne trouvons pas de torrent pour l’approvisionnement en eau.  Il nous faudra fondre de la neige pour préparer le repas de semoule mélangé à une soupe au poulet turque achetée à Namche bazar. Voilà la mondialisation vécue sur le terrain !

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Beau coucher de soleil sur le Pumo ri (7165m). C’est notre nouvel ami après avoir abandonné l’Ama Dablam.

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Nous nous couchons vers 6 heures après une partie de Rumi peu confortable : les pièces de papier sont instables sur les duvets… et il fait -12°C dans la tente.

13ème jour du Camp du Khumbu à Lobuche (4931m), 1.7km en 2h, dénivelé +25m

Camp du Khumbu Lobuche

T=-3°C au lever à 8h30. Nous adoptons la même tactique qu’au premier camp en attendant confortablement dans nos duvets que le soleil vienne lécher les parois gelées de la tente.

Nous traînons volontairement car l’étape sera courte aujourd’hui : il s’agit de traverser le plus grand glacier du monde.

Nous terminons à peine notre petit déjeuner lorsque deux gaillards déboulent de la passe. Il doit être 10 heures. Yannick et Fin sont partis à 6h ce matin de Chukhung et sont déjà au pied de la moraine en fin de matinée. Ils nous envient de pouvoir nous installer où nous voulons avec la tente mais ils sont aussi 4 fois plus rapides que nous. Ils espèrent traverser le glacier en 20 mn. Ils y passeront 1 heure pleine en traversant sans se préoccuper des cairns. Nous mettrons quant à nous 2 heures.

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14ème jour de Lobuche à Gorakshep (5172m), Kala patar (5640m), 9km en 2h50 + KP, dénivelé +241m

Lobuche Gorakshep

Il n’y a pas loin de Lobuche à Gorakshep et il nous faut nous habituer de nouveau aux longues files organisées de trekkeurs aux bâtons cliquetant en rythme. La passe de Lobuche est un goulot d’étranglement dans lequel la patience n’est pas une option.

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A Gorakshep, les lodges ne manquent pas et les prix continuent d’augmenter. Je négocie 300Rs une chambre à 500. Ils se rattraperont sans difficulté sur les repas. Nous y retrouvons Yannick et Fin qui redescendent tout juste du Kala patar. Quelle énergie ! Nous déjeunons ensemble avant qu’ils ne redescendent vers Lobuche. Plus fins négociateurs, ils n’ont pas payer pour leurs chambres (d’ailleurs, ils ne paient jamais).

Nous partons vers 13h vers le Kala Patar pour arriver au sommet vers 15h15. Notre objectf est d’y attendre le coucher du soleil. Mon GPS indique 5640m, conforme au point relevé sur Google Earth. Yannick lui-même a relevé cette altitude à 10m près. Pourtant, l’altitude officielle n’y est que de 5545m. Je vois une petite colline en contrebas qui pourrait être l’« ancien » Kala Patar. C’est bizarre. Peut-être que l’Etat népalais veut éviter un classement dans la liste des trekking peaks, soucieux de ménager la poule aux œufs d’or ? Il ne faut pas le répéter mais il lui serait facile de collecter 5000€/jour en taxant la montée. Si cette hypothèse est juste, le trek sans guide obligatoire au Népal a de beaux jours.

Nous attendons deux longues heures que le soleil daigne se coucher. L’expérience est irremplaçable mais il nous faut gérer le froid.

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Sylvie descend une petite ½ heure avant moi et je la rattrape dans la nuit. Il faut dire que son imperméable orange fluo doit être visible de la Lune. Toujours  imprévoyants, nous avons oublié nos frontales. Nous mettons ¾ heure pour rejoindre le lodge.

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15ème jour à Gorakshep. Aller retour au CB Everest (5247m) 4.6km en 3h30

Gorakshep EBC

T=-1°C au lever à7h30.

Je pars seul à 9h30 vers le camp de base de l’Everest, laissant Sylvie se reposer de sa descente d’hier. Un de ses ongles de doigts de pieds a explosé.

Sans le sac à dos, je me sens des ailes.  J’y arrive vers 11h20. Il y a quelques trekkeurs mais aucune tente n’est plantée sur la moraine. Nous prévoyions initialement d’y camper mais nous avons préféré le confort du lodge… Je ne regrette pas la promenade car les paysages sont très différents des ceux qui ont précédé. Il s’agit d’entrer autant dans le glacier que sur son dos. C’est un monde de blocs de glace aussi gros que des icebergs comme figés dans leur chute vers la vallée.

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L’absence de tente s’explique peut-être par la grève déclenchée par les Sherpa en mai 2014, à la suite de l’avalanche tuant une douzaine d’entre eux et laissant leurs familles dans un dénuement total. C’est un droit de risquer sa vie pour assouvir ses passions. Entraîner avec soi des individus qui le font pour survivre me semble choquant.

16ème jour de Gorakshep à Dzongla (4831m), 11km en 6h, dénivelé -341m

Gorakshep Dzongla

T=-1°C au lever à 6h30.

Mauvaise nouvelle ce matin : le gérant du lodge nous apprend que le gouvernement a décidé de fermer l’aéroport de Lukla du 26 au 28 novembre car un sommet du SARC[1] se déroulera à KTM. Notre avion doit partir le 30 et il risque d’y avoir foule à Lukla dans l’attente d’un retour sur KTM. Sans compter sur la météo qui peut très bien conjuguer ses efforts pour coincer des milliers de trekkeurs plusieurs jours supplémentaires.  Cette nouvelle nous gâche le moral. Elle sera confirmée à Lobuche et Gokyo.

L’heure est à la descente. Nous nous dirigeons maintenant vers la seconde passe qui joint les vallées du Khumbu et du Ngozumba.

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La descente vers Dzongla, en contournant en hauteur un lac superbe, est douce. Nous avons abandonné à Lobuche la route principale qui descend vers Namche. A Dzongla, plusieurs lodges se font concurrence malgré la faible fréquentation du chemin.

[1] SARC = South Asian Association for Regional Cooperation. Au cours de ce « sommet » sera décidée la construction d’un barrage hydroélectrique, cofinancée par le Népal et l’Inde pour un montant d’un milliard de dollars. Sanjaya (Friends of Nature) avait raison, lorsqu’en mai 2014,  il prédisant que l’ « Or du Népal » étaient la force hydroélectrique à capter dans les montagnes et  à distribuer sur tout le sous-continent indien. Il rêvait même, je me souviens, d’une voiture électrique pour tous les népalais.

On comprends mieux pourquoi Lukla est une souricière (annexe 2): l’aéroport de Kathmandu comprend sur un même lieu les parties domestique et internationale. Il n’est pas possible de gérer simultanément ces deux types de vols. Lorsqu’il faut vraiment faire atterrir des vols internationaux (cas évident de la réunion du SARC), il faut annuler tout ou partie des vols domestiques. C’est ce que fait ici le gouvernement dans sa grande sagesse!

17ème jour de Dzongla à Dragnag (4717m), Cho la (5369m) 9.1km en 8h30, dénivelé -120m

Dzongla Dragnag

T=-5°C au lever à 5h30.

Nous partons à 6h45 pour une nouvelle marche éprouvante. Nous avons sorti nos microspikes cette fois-ci ! Nous nous déplaçons de nouveau dans un environnement grandiose et sous un ciel d’azur. Après une pente à 45°, nous arrivons sur le glacier. Les crampons sont très efficaces sur la glace et nous nous sentons en sécurité.

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Le spectacle sur la passe est aussi magnifique et de nombreux cumulus se forment lorsque nous arrivons vers 11h15. Nous y déjeunons de biscottes, de comté et de chocolat Aldi… Le vent froid nous transperce comme à Kongma la.

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Le glacier du Ngozumba n’a rien à envier à celui du Khumbu. Il nous faudra le traverser demain.

La descente est aussi vertigineuse que la montée mais moins stable avec des gros cailloux qui ne demandent qu’à descendre avec nous. Il nous faut, à la suite, remonter un petit col imprévu qui culmine quand même à 5150m avant de rejoindre Dragnag, déjà dans l’ombre, à 15h15.

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Avec les jours et surtout avec les nuits, l’esprit du trek a changé. Il était question initialement d’équilibrer une partie confortable en lodges avec une partie autonome, inconfortable mais permettant de jouir des montagnes, isolés dans les endroits les plus extraordinaires. Bien que les conditions ne soient pas plus dures qu’autour du Dhaulagiri ou dans le Makalu, nous perdons le courage d’installer la tente dans le grand froid, diner succinctement alors que le steak de yack et un poêle bien brûlant nous attendent à quelques kilomètres… C’est ainsi que nous renonçons progressivement à nous installer au camp de base du Cho Oyu…

Nous passons la soirée avec Didier, professeur breton à la retraite. Il marche dans l’autre sens avec un ami et sans guide.

18ème jour de Dragnag à Gokyo (4758m), 4km en 3h20, dénivelé +47m

Dragnag Gokyo

T=-4°C  au lever à 7h

Nous partons à 8h10 en longeant le pend de la montagne vers le nord afin de rejoindre le chemin qui traverse le glacier du Ngozumba. Il est bien marqué sur le sol et nous suivons scrupuleusement les cairns. De temps en temps nous entendons la chute des pierres sur la glace déjà réchauffée par le soleil.

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Les montées et les descentes sur le dos du glacier sont plus fatigantes que nous avions prévu. Le très beau temps de la matinée se couvre progressivement. Nous arrivons à 11h30 au Namaste lodge conseillé par Didier : la cuisine y est excellente. Coïncidence ou repère des bonnes fourchettes, nous y retrouvons Yannick et Fin.

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Nous n’oublierons pas le Sizler de Yacks légumes frites.

Au téléphone, Tulsa de Yéti Airlines nous rassure. L’aéroport se rouvre le 28 et la fermeture n’aura pas d’incidence sur l’embarquement du 30 novembre. Soi disant.

On se paie le luxe d’une douche chaude l’après midi !

19ème jour à Gokyo. Aller retour vers le Cho Oyu (4965m), 8.8km en 3h30

Gokyo vers Cho Oyu

La respiration a été difficile cette nuit, avec la migraine qui va avec. Tout rentre dans l’ordre avec de l’ibuprofène.

T=-5°C au lever à 7h.

Je passe un contrat verbal avec Sylvie : nous marcherons vers le Cho Oyu pendant 2 heures, pas plus… Le ciel est particulièrement clair ce matin. Nous dépassons d’un kilomètre le 4ème lac sans pouvoir apercevoir l’Everest sur la droite car il nous manque un petit kilomètre supplémentaire… Nous découvrons à gauche le Cho Oyu (8188m) et à droite le Gyachung Kang (7952m).

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Sur le chemin du retour, nous croisons Arnaud et Christine. Nous nous retrouverons au Namaste !

20ème jour de Gokyo à Lumde (4400m), Renjo la (5366m), 11.5km en 9h40, dénivelé -358m

Gokyo Lumde

T=-4°C au lever à 5h30. La journée sera fatigante aujourd’hui car nous devons franchir notre troisième et dernier col, Renjo la. Nous partons à 7h20 pour atteindre le col à 12h30. Nous souffrons dans la montée mais les microspikes sont de nouveau très utiles. Nous en profitons pour couper le chemin tortueux en traversant les surfaces gelées.

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Nous déjeunons au col où la vue est de nouveau superbe. Nous apercevons le Makalu (au fond à droite du Lhotse) au pied duquel je me trouvais en mai. Cette fois et à l’inverse du point de vue du Kala Patar, l’Everest est le plus haut, également en apparence.

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La descente est aussi éprouvante. Cela est du, probablement, à l’accumulation de fatigue depuis le départ du trek. Sur la route, avant la grande descente vers Lumde, il y a des endroits magnifiques pour établir un campement au bord d’un torrent.

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21ème jour de Lumde à Namche Bazar (3384m),  19.1km en 7h, dénivelé -1016m

Lumde Namche

T=-1°C au lever à 8h. Nous avons pris notre temps au petit déjeuner avec Arnaud et Christine.  Ils marchent plus vite que nous mais nous nous retrouvons tous les soirs dans les mêmes lodges.

J’avais prévu une étape à Thame mais nous continuons vers Namche. Cela nous permet de gagner une journée pour gérer le départ de Lukla qui risque d’être difficile.

Nous passons du monde minéral et clair au monde des forêts et des brumes. En descendant, le temps se couvre et nous rentrons dans les nuages qui s’accrochent aux coteaux de la montagne.

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La nuit est en train de tomber quand nous arrivons à Namche. La boucle est bouclée.

22ème jour de Namche à Phakding (2633m), 10.4km en 6h20, dénivelé -751m

Le ciel est gris sur Namche et le restera jusqu’à Phakding. La vallée en contrebas semble plongée dans la pénombre d’un conte de Tolkien. Nous téléphonons pour essayer de partir un jour plus tôt de Lukla.

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23ème jour de Phakding à Lukla (2857m), 7.5km en 3h, dénivelé +224m

Le ciel reste gris toute la journée. Nous avons une impression de froid plus importante ici qu’en haute altitude. Aucun avion n’a atterri ou décollé aujourd’hui. Nous verrons bien demain.

Fin du trek.

Annexe 1 : Liste des points GPS

Coordonnées réelles Khumbu 2014

Voir le tableur complet avec agenda, dénivelés, possibilité d’organiser son propre trek etc. par l’onglet Autonomie Outils/Tableur spreadsheet Excel

Le site n’accepte pas les fichiers en .kmz. Le tracé se trouve sur Wikiloc, accessible à partir de cette page, sur le côté droit. 

Annexe 2 : La souricière de Lukla

Pour sortir du Khumbu, il y a plusieurs solutions. Prendre l’avion , c’est en apparence la plus simple et la plus rapide : en à peine une demi heure, vous faites le trajet jusqu’à Kathmandu dans un bimoteur digne d’Indiana Jone. Statistiques : un crash par an, il suffit de l’éviter.

Vous pouvez sinon allonger votre trek de 5 jours en revenant par Jiri, sachant qu’il faudra additionner 11 heures de bus bien frappées pour rejoindre KTM. Pas de statistiques concernant les bus.

Enfin, la légende dit que vous pouvez aussi passer par un village nommé  « Salery ». Le trek Lukla – Salery ne prend que 2 à 3 jours. Une jeep vous emmènerait ensuite vers Kathmandu en 17 heures sur un chemin qui n’a vraiment pas l’air carrossable sur la carte. L’enquête ne nous permet pas déterminer où arrive cette jeep hypothétique et les gens interviewés à Kathmandu sont pour le moins perplexe.

Reste l’hélicoptère qui peut voler dans des conditions de visibilité un peu moins exigeantes que l’avion, mais c’est beaucoup plus cher. Les prix montent sans limite lorsque les avions ne décollent plus. 400, 500, 700 USD. Business is business.

Car il faut savoir qu’avions et hélicoptères ne se déplacent qu’à vue, qu’ils ont à franchir des cols élevés dés le décollage puisque Lukla est entourée de monstres aux sommets enneigés.

Il faut aussi savoir que la météo à Kathmandu est très différente de celle de Lukla : Quand il est possible d’envisager un décollage au petit matin à Lukla parce qu’il n’y a pas encore de vent et que les brumes de la nuit se sont dissoutes avec le froid, Kathmandu baigne souvent dans un brouillard à couper au couteau. Quand le brouillard se lève enfin à Kathmandu, les vents se sont levés sur les cols et la brume envahit déjà le tarmac de Lukla.

Dans ces deux situations, les responsables des tours de contrôle, s’ils ne boivent pas le thé, interdisent tout décollage.

Bref, Lukla est une souricière.

Si vous décidez malgré tout de revenir à Kathmandu en avion, il reste trois règles d’or à respecter.

  1. Acheter un billet pour le premier vol du matin. Il vous rend prioritaire devant les cohortes de vol de la journée.
  2. Rester Zen et laisser poliment passez devant vous à l’enregistrement les groupes encadrés de guides graisseurs de pattes.
  3. Prier Sainte Claire pour que le temps ne se dégrade pas avant que vous ayez embarqué dans le zinc libérateur.

Une aventure vraie pour illustrer le processus:

pour lire la suite


Au Coeur du Pays Sherpa : De Khandbari à Phaplu en passant par Dudh Kund

Khanbari, Chalise, Tendo, Djobari, Salpa, Gudel, Khiraule, Inkhu khola, Panggom, Jubhing, Nunthale, Taksindu la, Dudh Kund Pokhari, Phaplu

Les Trois Passes du Khumbu

Lukla, Namche bazar, CB Ama Dablam, Chhukung, Camp du Lothse, Kongma la, Periche, Gorakshep, CB Everest, Cho la, Gokyo, Renjo la, Namche bazar.

Le Tour du Dhaulagiri

Beni, Dharapani, Muri, Dobang, Camp des Italiens, French Pass, Hidden Valley, Marpha

Makalu de Num au Belvédère d’East Pass

Num, Seduwa, Tashigaon, Kongma, Dobate, Yangle karkha, Shersong, MBC, Sandy camp, Camp du Col

Vallée de Markha

Spituk, Jingchang, Ganda la, Shingo, Skiu, Sara, Markha, Hankar, Kongmaru la, Chuskyu, Sumdo

 


Guide pour l’Utilisation des Tableurs des Trajets Réalisés

(par Onglet GPS/tableurs – spreadsheet)

trajets réalisés comp

Les points sont placés a posteriori sur le tracé de la photo satellite Google Earth 

Objectifs:

1°) Un tableur Excel est créé à partir de chaque tracé enregistré par le GPS au cours des treks. Ce tableur permet de visualiser les étapes, les dénivelés, les distances réellement effectués. Il permet surtout de construire un nouveau projet en modifiant les étapes.

2°) Il sera possible, aussi, de projeter les points du tableur sur les photos de Google Earth (GE) avec le logiciel  GPSVisualizer

Remarque: Les tracés enregistrés par le GPS sont des fichiers .kmz. Ils ne sont pas téléchargeables sur WordPress. Il n’est donc pas possible de les mettre à disposition directement. (ils pourront cependant être envoyés par email à la demande).

Mode Opératoire:

1°) préparer un projet de trek à partir d’un trajet réalisé

Les trajets réalisés sont transcrits par un ensemble de points sur les photos satellites de Google Earth, positionnés sur les chemins que nous avons parcourus. Le GPS a une précision de positionnement d’une dizaine de mètres et il est réglé pour enregistrer sa position tous les 20m. Il faut donc tenir compte de l’approximation résultante lors de l’utilisation de ces données indicatives.

L’ensemble des points est enregistré dans un dossier GE puis exporté à l’aide de GPSVisualizer. A l’issue de cette exportation, l’ensemble des points pour un tracé donné, est consignée dans un tableur Excel permettant d’afficher :

En entrée :

  • la feuille de calcul « GPS » avec, pour chaque points GPS: son nom GE, son nom réel si nécessaire, ses deux coordonnées, son altitude, sa distance au point suivant*, et l’indication d’une étape éventuelle. Le calcul donne les pentes point par point et des altitudes, dénivelé, distances aux étapes

*Les distances entre points sont approximatives et relevées sur GE. En effet, la distance entre points n’est pas enregistrée par le GPS. Il faut donc faire un relevé en recherchant les virages souvent fréquents et aigus en montagne. Ils ne sont pas toujours visibles, particulièrement en forêts.  Des approximations sont donc inévitables.

En sortie :

  • Un agenda. Il indique les étapes, les distances parcourues, les dénivelés, et l’altitude aux étapes
  • La courbe des altitudes en fonction de la distance parcourue
  • La courbe des altitudes en fonction des étapes
  • Le graphique des dénivelés totaux pour chaque jour, utile pour prévoir des étapes raisonnables et éviter le mal des montagnes
  • Et pour chaque trek des feuilles optionnelles éventuelles.

Pour chaque trek réalisé, un tableur est constitué. Les liens vers ces tableurs sont enregistrés, au fur et à mesure, dans l’article « Tableurs des tracés réalisés / Spreadsheets of the realized traces » sous l’onglet « GPS ». Ils sont référencés par rapport aux livres de bords correspondants dans la rubrique « Treks »

2°) Projeter les points du trajet sur Google Earth:

Il s’agit de faire l’opération inverse. aller sur http://www.gpsvisualizer.com/map_input?form=googleearth

Aller dans la boîte de données et inscrire les intitulés en les modifiant comme suit : « name, latitude, longitude » (effacer « desc ») pour faire correspondre chaque colonne à son intitulé.

Il faut ensuite ajouter une virgule de séparation à la suite de chaque nom et de chaque latitude (possibilité de le faire automatiquement sur Excel).

Cliquer sur « create KML file ». Il n’est pas besoin de modifier les autres paramètres du logiciel, l’altitude étant calculée au sol, directement par GE.

Cette fois, les trois colonnes des points de la feuille « GPS » du tableur, correspondant au nom et aux deux coordonnées sont copiées et collées dans GPSVisualizer.

transcription Excel à GE comp

Il suffit de cliquer sur le nom du fichier en .mkz créé pour projeter les points dans GE. Il faut repérer le chemin passant par chaque point. Celui-ci est rarement un segment de droite.

projection des points sur GE

 

Avertissement:

Les utilisateurs de ce mode opératoire sont responsables des risques qu’ils prennent en s’aventurant en montagne ou ailleurs. Le GPS ne suffit ni à protéger des risques naturels,  encore moins des fautes d’appréciation liées au manque d’expérience ni à garantir que les chemins n’ont pas changé. La montagne a toujours raison, elle est implacable avec ceux qui s’y frottent sans précaution et même parfois avec les autres!


Générer la Carte d’un Projet de Trajet

situationExemple de trajet à générer

Avant propos:

La liberté est notre bien le plus précieux. (Je suis et resterai Charlie, je n’oublierai jamais les attentats perpétrés contre la Liberté à Paris les 7, 8 et 9 janvier 2015)

Notre bien le plus précieux peut se partager à l’infini sans qu’il rétrécisse. C’est pourquoi ce mode opératoire est mis à la disposition des trekkeurs désireux de partir en autonomie dans la montagne – ou ailleurs 🙂

Cette mise à disposition complète la collection des livres de bord (Onglet Treks), avec cet espoir d’obtenir en retour vos contributions, remarques et améliorations ainsi que vos trajets qui pourront élargir notre bibliothèque.

Les utilisateurs de ce mode opératoire sont responsables des risques qu’ils prennent en s’aventurant en montagne ou ailleurs. Le GPS ne suffit ni à protéger des risques naturels,  encore moins des fautes d’appréciation liées au manque d’expérience ni à garantir que les chemins n’ont pas changé. La montagne a toujours raison, elle est implacable avec ceux qui s’y frottent sans précaution et même parfois avec les autres!

Objectif:

Lorsque l’on veut créer un trajet dans une région pour laquelle il n’existe pas de données à importer automatiquement dans le GPS (cas du Népal, de l’Inde), il est nécessaire de créer ce trajet par soi-même.

Mode Opératoire:

Un trajet est un ensemble de segments passant par des points qui se suivent. Chaque point se définit par ses coordonnées GPS, son altitude et la distance le reliant au point suivant. Chaque point est nommé et contenu dans un dossier.

Les trajets doivent être créés sur un support sûr, fournissant ces quatre données de base: nom, les deux coordonnées, altitude et distance entre points. Le support choisi est Google Earth (GE).

1 ère étape:  Identifier les points par lesquels passera le trajet. Ils sont nommés et placés un par un sur le support (GE), dans un dossier spécifique.

Le nombre de points dépend :

  • De la précision que l’on souhaite donner et
  • De la capacité à déceler où passe réellement le trajet (forêts, chemins inexistants, imprécisions de la photo satellite)

écran point GE comp

Photo satellite donnée par Google Earth

Seconde étape: Le dossier doit ensuite être exporté vers le tableur, il est donné en fin d’article:

  • Soit manuellement vers la  feuille « GPS ». Pour cela, chercher pour chaque point les coordonnées, copier et coller dans les cases correspondantes de la ligne attribuée au point, copier ensuite son altitude.
  • Soit automatiquement , à l’aide de GPSvisualizer . Dans ce cas, qui est à privilégier car il est beaucoup moins fastidieux,
    • enregistrer le dossier GE des points du trajet comme fichier dans un répertoire de votre ordinateur (dans GE: « enregistrer le lieu sous »)
    • aller ensuite sur GPSvizualiser (http://www.gpsvisualizer.com/convert_input). Demander l’extraction des altitudes (« add dem elevation data ») puis convertir le fichier (il est en .mkz) en fichier « plain text ».
    • Ce fichier « plain text » est ensuite ouvert et copié (« sélectionnez tout » puis ctrl V) pour être collé dans une feuille excel vierge.
    • repérer les quatre colonnes correspondant aux trois données de base : le nom, les coordonnées, l’altitude

GPSVisualizer compMasque de saisie de GPSvisualizer


GPSVisualizer2GPSvisualizer a traduit les données en texte 

GPSVisualizer3 comp Le fichier est collé sur une feuille excel vierge

  • Après s’être assuré que le nombre de points est inférieur au nombre de lignes dans la feuille GPS, coller les données colonne par colonne dans la feuille « GPS ». Si les noms GE ne sont pas les mêmes que ceux des lieux, indiquer les noms des lieux réels dans la colonne « nom GE ou nom du lieu si différent de nom GE« . Si les noms GE sont identiques aux noms des lieux, lorsqu’ils existent, recopier les noms GE dans la colonne « nom GE ou nom du lieu si différent de nom GE« . En effet, c’est dans cette dernière colonne que les noms d’étapes seront cherchés au moment du calcul.  S’il n’y a pas assez de lignes, il suffit d’en insérer puis de rafraîchir* la zone de calcul (zone grisée).
  • collecter les distances entre chaque point et renseigner la feuille « GPS ». Il faut donc faire un relevé en recherchant les virages souvent fréquents et aigus en montagne. Ils ne sont pas toujours visibles, particulièrement en forêts. Des approximations sont donc parfois inévitables. L’indication de la pente calculée entre points permet dans ce cas d’évaluer une distance probable.
  • Il ne reste plus qu’à déterminer les étapes en indiquant « n » dans la case intersection entre colonne « N » et la ligne du point de l’étape. Cette recherche peut être réitérée en modifiant les positions des n pour obtenir des étapes conciliables avec les objectifs (durée, distances, dénivelés)
  • Le tableur calcule les pentes les dénivelés, distances aux étapes.

feuille GPS vierge compla feuille de calcul « GPS » vierge

feuille GPS renseignée comp

la feuille de calcul « GPS » est maintenant renseignée

*Rafraîchissement éventuel d’une zone de calcul:

Lorsque des cellules sont supprimées ou ajoutées dans la zone des données (zone blanche à gauche),  les indices de certaines cellules de la zone de calcul (zone grisée au milieu) deviennent fausses dans les lignes à la suite de l’ajout ou la suppression. Dans ce cas, sélectionner comme indiqué dans les photos ci-dessous, les cellules de calcul d’une ligne au dessus de la zone d’ajout/suppression (colonne K à T) (1), pointer le coin bas et droite de la zone sélectionnée, clic gauche de la souris (2), descendre jusqu’au bas de la zone de calcul en maintenant le clic gauche de la souris (3)   🙂

rafraichissement1 compla suppression d’une ligne entraîne  une erreur sur les zones de calcul

rafraichissement2 comp (1) et (2) sélectionner les zones de calcul sur une ligne au dessus et pointer sur le coin bas droit

rafraichissement3 comp (3) en maintenant le clic gauche de la souris descendre jusqu’en bas de la zone de calcul

 

En sortie, on trouve:

Un agenda. Il indique les étapes, les dénivelés, les distances parcourues et l’altitude aux étapes

0001c

Remarque: pour la présentation, les zones de l’agenda non renseignées par le calcul (trek inférieur à 23 jours) peuvent être complétées manuellement avec des informations sur le voyage à la suite du trek.

la courbe des altitudes en fonction de la distance parcourue (noms des maxima à ajouter manuellement)

0001b

la courbe des altitudes aux étapes (noms des étapes à ajouter manuellement)

0001a

le graphique des dénivelés totaux pour chaque jour, utile pour prévoir des étapes raisonnables et éviter le mal des montagnes (conseil: dénivelé/jour < 500m)

0001d

remarque :  les 500m/j max ne sont pas respectés dans cet exemple pour les jours 2, 7 et 10

Tableur de calcul: tableur vierge

Aux utilisateurs éventuels, merci d’apporter votre soutien en commentant et proposant vos améliorations et compléments


De Num au Belvédère d’East Pass

Du 7 au 26 Mai 2014

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Cliquez sur les photos pour les agrandir – points GPS en annexe de l’article. 

Objectifs :

Après l’arrêt forcé à Kongma en avril 2013, du fait des chutes de neige tardives ayant bloqué l’accès à la Shipton la, j’organise une nouvelle virée vers le Makalu, 5ème sommet du monde trônant à 8434m.

L’objectif initial est de le contourner jusqu’à la « East Pass » 6150m, point final du projet, pour l’avoir bien en face, juste 2300m en dessous.

En marge de la rencontre de nos amis de Khandbari, Seduwa et Chyaksa danda, il s’agit d’une ballade en 17 jours sur un dénivelé total de 5400m, sur une distance de 130km aller retour

 

Résumé et Introduction:

Les vallées et crêtes menant aux monstres de hautes montagnes du massif du Makalu ne démentent pas leur réputation : le ciel sera fort encombré jusqu’au Camp de Base du Makalu (MBC). La pluie sera de la partie parfois dés la fin de matinée. En montant, le temps s’éclaircit pour laisser place à un ciel parfaitement limpide pendant mes quatre jours et trois nuits d’isolement après MBC. Ce répit  inespéré m’est laissé pour me fondre dans un univers fabuleux, qui marquera  mes rêves autant que mes tibias : la virée est dangereuse sur une grande partie du parcours, sans chemin, dans les éboulis de roches de parfois plusieurs centaines de kilos en équilibre instable.

Je n’irai pas jusque East Pass, objectif ultime de ce trek car l’énorme et incontournable glacier le précédant ne porte aucune trace de passage. Les risques sont trop grands. Je la contemplerai de mon belvédère improvisé et point culminant à 5850m, joli lot de consolation…

Avec trois marcheurs étrangers croisés en trois semaines, on peut dire que le parcours est confidentiel. Cette région Sherpa vaudrait pourtant d’être mieux connue, tellement chaleureuse qu’il n’est pas besoin de savoir parler leur langue pour échanger et passer des soirées longues et inoubliables en partageant sans modération rocksi (arak en Sherpa : alcool de millet distillé une fois), sucuti (viande de yak séchée recuite au feu de bois) et l’immuable dalbath.

Il est précieux de découvrir leur culture mélée de jovialité, de candeur et de franchise.  En espérant qu’elle reste longtemps accrochée  aux versants sublimes de leurs montagnes sacrées.

 

 

Préparation :

Le trajet et les étapes sont positionnés à l’aide de Google Earth (GE) et les points entrés dans le GPS Garmin.

5  Jours d’autonomie sont prévus (2.6kg de nourriture + tente).

Le poids total emporté s’élève à 18kg, inclus, l’eau, l’essence et le sac photo. Sacs à dos : Gregory Wander 70 ; Tente : Vaudé Power Lizard SUL 2 places ; Réchaud :  MSR XGK EX avec 400ml (100ml  suffiront) d’essence achetée à une station service de Kathmandu ; matelas: Thermarest Néoair XLIT

Sacs de couchage: Valandré Bloody Mary

Voyage accompagné de mes amis de Friends of Nature jusque Tashigaon puis solitaire jusqu’au belvédère d’East Pass.

 

Situation et parcours:

DSCF1373 situation


DSCF1373 trajet

Accés :

Turkish Airlines, « meilleure compagnie européenne »,  ne démentira pas sa récente réputation. Très bon voyage pour 584€, c’est l’accés le plus direct à KTM. Pourvu que ça dure… Les billets KTM Tumlingtar ont été achetés par internet, c’est une nouveauté appréciable. De Tumlingtar à Num, les jeeps partent lorsqu’elles sont pleines (14 passagers : 150Rs jusque Khandbari (une petite heure) puis 600Rs jusque Num (4-5 heures)

Une route est en construction pour continuer, dit-on jusque Tashigaon (pas trop vite !)

 

Budget :

Vols international : 584€ , vol KTM Tumlingtar : 184€, visa, droit d’entrée dans le parc, hébergements et repas KTM et trek : 420€, soit au total moins de 1200€

 

Agenda :

agenda

Altitude à l’étape :

Altitude à l'étape

altitude distance

dénivelé jour

Le trek au jour le jour

Mercredi 07-mai de Num à Seduwa

Dénivelé 49m     6km en 4 h30 ; altitude le soir 1572m

DSCF1406a Num Seduwa

 

Après 3 heures d’attente, nous préférons payer la dernière place qui restait désespérément vide pour pouvoir enfin partir. 4 heures de jeep enfin entre Khandbari et Num sur une piste chaotique ouverte il y a cinq ans. Nous avons de la chance cette fois-ci car la pluie ne tombe pas.
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La marche ne commence que vers 13heures après l’incontournable dalbath à Num, sensé donner des forces pour le parcours. Il faut s’habituer au sac, bien lourd, qui me déséquilibre à chaque faux pas.

La descente de Num est vertigineuse. Elle évite une véritable falaise qui tombe dans le lit du Barun.

J’ai beaucoup de mal à suivre Sanjaya, habitué au chemin. Nous arrivons peu avant la tombée de la nuit à Seduwa. Nos amis nous y attendent et les retrouvailles se fêteront à la Tomba locale (bière de millet qui continue de fermenter avec les ajouts successifs d’eau chaude dans le mélange. Une tourista se dessine en perspective. C’est malheureusement une bonne idée d’éviter la tomba et le tchang sauf si l’eau servant aux breuvages a suffisamment bouilli ou a été traitée préalablement.

 

Jeudi 08- et  vendredi 09-mai. Interruption du trek. Séjour à la Ferme de Friends Of Nature entre Chyaksa Tashigaon


                   

C’est une occasion idéale pour entrer dans les maisons Sherpa et partager leur vie quotidienne. Mes amis traduisent mais pas besoin de mots pour apprécier le tchang préparé par la maîtresse de maison devant nous. Le principe est de ne pas laisser les verres se vider. Il faut qu’ils soient toujours pleins. Nous assistons aussi à la distillation de ce breuvage qui prendra le nom de Rocksi au Arack ou encore Local. La source froide se situe dans la marmite supérieure et doit être changée régulièrement pour permettre la condensation du distillat.

A l’inverse du tchang et de la tomba, cette boisson est tout à fait sûre pour le système digestif. A consommer cependant avec modération.

A la ferme de Friends of Nature, nous tuerons aussi le poulet qui améliorera considérablement  le dalbath. Sur ces terres, l’expérimentation de la culture du kiwi a débuté au printemps. Ce sera bientôt une source de vitamines pour toutes les populations de la vallée (environ 4000 personnes)

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samedi 10-mai  jusqu’à Tashigaon, 

DSCF1407 Seduwa Tashigaon

Dénivelé 628m en 8.45km à partir de Seduwa. altitude le soir :2200m

Nous continuons à marcher dans les rizières et je découvre mes premières sangsues. Elles s’accrochent aux semelles ou aux vêtements lorsqu’on les frôle. Elles s’infiltrent ensuite sous les vêtements pour boire le sang en toute tranquillité. Elles sont nombreuses entre Seduwa et Tashigaon mais je n’en verrai plus par la suite. Pour les éviter, il faut marcher au maximum sur les pierres et éviter les bords des chemins.

La campagne reste paisible et chaude. Le temps couvert ne permet pas de distinguer les montagnes environnantes.

A Tashigaon, nous fêtons mon départ en solo le lendemain avec force bières. Le manager du parc me met en garde sur les difficultés du parcours et me fait comprendre qu’il peut être sage de ne pas aller jusqu’au Camp de Base. J’en prends acte sagement mais je brûle d’impatience de me coltiner enfin aux vraies difficultés du parcours. Il sera moins sage que moi en s’enfilant 14 bières de 66cl dans la soirée.

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Dimanche 11-mai : de Tashigaon à Kongma      

DSCF1495 Tashigaon Kongma

 

Dénivelé : 1429m en 6.45km, altitude à l’arrivée : 3629m

Lever à 5 :20, départ à 6 :20. Arrivée à 13 :45

La montée de Tashigaon à Kongma est pratiquement continue dans la forêt. Je profite de cette dernière journée en ambiance tropicale. Les oiseaux se répondent à l’infini. Les derniers rhododendrons illuminent d’éclats rouges le chemin. La montée est un obstacle. Il ne faut pas chercher à aller plus vite que de raison. L’air ne manque pas encore mais le chemin se dilue déjà en volées d’escaliers disjoints sur lesquels les pieds cherchent encore, maladroits, un appui souvent incertain. La montée est longue. Il faut être patient. C’est le prix à payer pour échapper, peut-être, à la brume qui entoure toute chose dés que le soleil commence à donner.

Il y a peu d’habitations sur le chemin, quelques fermes dont une permet le ravitaillement et même un déjeuner lorsqu’elle est ouverte WP342.

Un sherpa que je croise dégage une haleine fortement alcoolisée. J’apprendrai par la suite qu’ils y trouvent l’énergie pour porter leurs lourdes charges avec moindre peine.

Je retrouve Kongma sans l’écrin de neige que nous avions laissé, il y a un peu plus d’un an. Les murs presque verticaux que je franchis aujourd’hui étaient alors couverts de neige. Je suis plus à l’aise.

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Lundi 12-mai      à Kongma, journée d’acclimatation

J’hésite à rester mais je veux être raisonnable. Le beau temps m’invite pourtant à partir. J’ai rencontré la veille mon premier trekkeur. Il redescend du Makalu et m’indique une belle antenne à partir de Shersong : une arrête à prendre en restant sur la gauche pour surplomber le camp de base à 5300m voire plus en direction du peak 3 . En s’installant là haut on peut découvrir simultanément le Makalu, l’Everest, le Lhotse et le Kanchenjunga par temps clair.  Je n’irais pas cette fois-ci si je peux aller vers l’East Pass qui reste mon projet.

La journée est longue à Kongma. J’en profite pour faire ma première lessive et une toilette un peu moins superficielle. Il faut reconnaître que ce n’est pas facile de rester un peu propre sur ce parcours. A partir de Tashigaon, il n’existe pas de point d’eau un peu isolé sauf les éventuels WC…

Je commande des chapatis pour le petit déjeuner. Mauvaise idée car la propriétaire comprend chiapati. Elle commence à me préparer du thé tibétain. Je ne confondrai plus « chiapati » thé tibétain et « tchapati ». D’ailleurs tout le monde sait faire des pancakes, ici, bien plus nourrissants…

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Mardi 13-mai    De Kongma à Dobaté

DSCF1525 Kongma Dobaté

 

dénivelé: 290m en 7.53km     altitude à l’arrivée :3900m

Lever à 5 :30, 4°C dans la chambre. Départ à 6 :40 Arrivée à 14 :00. WP405

S’il n’y avait que les quatre cols (Kongma, …, Shipton, Keke) pour arriver à Dobaté avec le Shipton la culminant à 4234m, l’épreuve serait  presque une formalité. Mais la neige est toujours au rendez-vous avec plus d’un mètre d’épaisseur à certains endroits. Elle se répand sur la plus grande partie du parcours. Le chemin reste souvent bien indiqué mais s’enfoncer jusqu’aux cuisses sans fin est épuisant.

Le temps se couvre rapidement et le brouillard remplit tout l’espace. Un court instant, irréel, les peaks 6 et 7 se découvrent . Je me rapproche de la haute montagne !

Je croise trois yacks seuls redescendant en direction de Kongma. Lorsqu’il faudra suivre leur chemin, chacune de leurs traces formant une colonne de vide dans la neige jusqu’au sol seront autant de  pièges ralentissant encore ma progression.

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De vrais murs aux parois glacées doivent être franchis, parfois avec l’aide des mains pour atteindre le troisième col. Le chemin a disparu sous la neige et le trek s’apparente à de l’escalade. Je comprends mieux les paroles peu engageantes du directeur du parc à Tashigaon.

Le lac précédant la Keke la est partiellement recouvert de neige et de glace. Je dois le frôler de trop prés car j’y enfonce mon pied. La chaussure gauche se remplit d’eau. Je me dépêche de la défaire pour la vider mais le mal est fait.

La descente vers Dobate où m’attend le mari de la propriétaire du lodge de Kongma, Pemba Sherpa, est plus sereine : la neige a presque disparu et les rhododendrons rouges et jaunes alternent joyeusement.

J’y passerai une bonne soirée. Son anglais nous permet d’échanger sur sa vie et sur mon projet. J’ai du mal à comprendre qu’il puisse vivre aussi isolé et loin de sa famille. Visiblement, sa situation lui convient très bien. Beaucoup de familles sont ainsi séparées pendant les saisons de printemps et d’automne entre Tashigaon et la vallée de hauts alpages conduisant à MBC.

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Je sèche mes chaussures et mon pantalon au plus prés du feu en buvant du thé sans compter.

 

Mercredi 14-mai de Dobaté à Yangle kharka

 DSCF1567 Dobaté Yangle Kharka           

dénivelé -256m en 9.6km   Altitude à l’arrivée 3644m

Lever à 6 :05 0°C dans la chambre ; départ à 7:20 arrivée 14 :15 sous la pluie.

Il fait beau au petit matin et les montagnes se découvrent un peu, pour peu de temps… Pendant le petit déjeuner copieux composé de pancakes et de thé, Pemba me prévient que des éboulements ont emporté une partie de la piste qui mène à Yangle Kharka, seul lieu ouvert avant MBC et donc arrêt obligé.  Il me prépare deux pancakes supplémentaires qui composeront mon repas de midi.

Je trouve une chute d’eau peu après Dobaté et je profite d’un rayon de soleil bienfaiteur pour faire une toilette complète.

Je change mon premier jeu de pile pour le GPS.

La descente vers la vallée du Barun se complique et je crois me trouver dans les éboulements décrits par Pemba car j’empreinte un canal parfois presque vertical qui doit être le lit d’un torrent quand il pleut.  Il n’en est rien et ce n’est qu’une promenade apéritive comparée au bon kilomètre de roches instables qui m’attend le long du Barun.

A partir de midi, la pluie commence à tomber., d’abord insignifiante puis prenant de l’ampleur. Après la forêt, les pâtures apparaissent et le chemin devient plus praticable. J’arrive à Yangle Kharka au bon moment car la pluie redouble d’intensité et je ne serais pas resté au sec bien longtemps dans ces conditions.

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Yangle Kharka me paraît bien rustre pour un hameau à basse altitude. Je suis tellement loin des Annapurna !

Triste et long après midi à tenter de me réchauffer prés du feu où sera préparé mon dalbath du soir. Cette simple pensée me coupe l’appétit. Tout est sale et sympathique ici mais la pluie empêche toute vision sereine de l’avenir immédiat.

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Jeudi 15-mai     de Yangle Kharka à Shersong

DSCF1586 Yangle Kharka Shersong         

dénivelé : 1071m  en 12.91km   Altitude à l’arrivée :4715m

Lever 5 :08 3°C dans la chambre

Départ 6 :10 arrivée 14 :46

Départ après un petit déjeuner de pancakes et thé. Je m’abonne aux pancakes car c’est une spécialité de la région apparemment. J’en commande pour mon repas de midi pour économiser mes provisions. Et c’est tellement fameux après les sempiternels dalbaths…

Le prochain hébergement se situe à MBC et nécessite un dénivelé de 1200m. Tous les autres lodges sont fermés entre deux. Il y a un risque réel de mal des montagnes. On sait comment ça commence avec une bonne migraine et des nausées. On ne sait jamais comment ça finit. A ma descente, mes amis me diront qu’ils étaient très inquiet car ils avaient entendu, de source sûre, qu’un français était décédé à MBC pendant son sommeil. Ils pensaient que c’était moi…

Grâce à mon équipement, je prévois de m’arrêter à Shershong (aucun abris couvert). Je n’y ferai pas ma seconde journée d’acclimatation comme prévu car elle sera faite à MBC à deux heures  et 200m de dénivelé de là.

La vallée doit être superbe quand le temps est dégagé. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Le soleil reste caché très souvent et d’épaisses couches de brouillard s’accrochent aux arbres de la vallée et des versants abrupts des montagnes. Dommage. Normalement, le temps devrait s’améliorer avec l’altitude.

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A Yak Kharka comme à Langmale, les bâtisses sont effectivement fermées au cadenas. Il est possible cependant possible de s’y réfugier dans un abris couvert attenant en cas de besoin.

Un gamin silencieux me suit pendant plusieurs dizaines de minutes. Je vais pourtant très lentement pour lui. Il sera rejoint par son père, porteur, et ses frères. Ils se rendent au camp de base avancé où, paraît-il, plus de 200 personnes préparent des expéditions pour vaincre le sommet du Makalu. Pauvre Makalu! J’imagine, dans ma longue marche solitaire, les genres d’embouteillages qui doivent y régner. Je n’ai jamais compris ce paradoxe : tant d’effort personnel pour se retrouver finalement en totale promiscuité dans des lieux aussi vides, minéraux et majestueux. A chacun sa tasse de thé !

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L’air commence à manquer et il me faut gérer les battements du cœur qui s’emballe maintenant au moindre effort. Les arrêts se font de plus en plus rapprochés. Peu importe car j’ai du temps.

J’arrive sous la neige à Shershong et je trouve un point d’eau à 150m du camp. Je monte pour la première fois et sans problème la tente. Le temps s’éclaircit dans l’après-midi, assez pour que les peaks  6 et 7 se découvrent dans un environnement d’autant plus surnaturel qu’inattendu. Ces énormes falaises, si proches, donnent le ton de ce que sera mon environnement dorénavant.

Ma première soirée autonome dans ces conditions me procure un bonheur compensateur des efforts passés et une forte motivation pour continuer vers le glacier du Barun…

J’ai quand même du faire passer une grosse migraine avec de l’ibuprofène et j’ai l’impression que mon cœur va s’arrêter tant il bat lentement. Ces presque 1100m de dénivelé à cette altitude sont trop importants. La nuit sera difficile  et longue  avec de nombreux réveils à cause de ma difficulté à respirer : je suis monté trop vite.

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Vendredi 16-mai             de Shershong au Camp de Base du Makalu       

DSCF1625 Shersong MBC

Dénivelé 126m en 3.57km

T intérieure 0°C ; T extérieure -7°C

Lever 5 :10

Départ 8 :07 arrivée 10 :00

altitude à l’arrivée 4841m WP412

C’est l’anniversaire de Sylvie qui me manque.Je lui souhaite un Bon Anniversaire par la pensée.

Je repère,  à  la sortie de Shershong, l’arrête qui conduit aux hauts pâturages au dessus de MBC, décrite par Philippe à Kongma. Si je n’arrive pas à progresser vers l’East Pass après MBC, je monterai pour y découvrir toute la chaîne de l’Everest au Kanchenjunga…

Je me prépare doucement car la route sera courte aujourd’hui.

Le temps se découvre un peu sur la route . C’est de bon augure. Pour la première fois le Makalu, majestueux et panaché d’une volute de nuages, se présente à moi. On ne se quittera plus pendant 5 jours.

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Je profite du soleil bienfaiteur pour faire une toilette un peu moins sommaire que d’habitude et une lessive sous l’œil attentif de Pasang, la propriétaire de mon lodge. Je sèche aussi tente et duvet humides après la nuit à Shershong.

Je pars en reconnaissance du chemin longeant le Barun dans l’après midi. Il est exceptionnellement bien tracé dans les kilomètres que je parcours (point final WP413). Je franchis en pleine forme mes premiers 5000m au cours de cette exploration.

Le lodge est fort sommaire mais l’ambiance y est amicale.. Des porteurs viennent y passer la nuit et nous y partageons notre diner. Il y a fait déjà -1°C vers 16 heures et je m’inquiète un peu des températures à supporter plus haut, quand je serai seul.

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samedi 17-mai  de MBC à  Sandy camp  

DSCF1641 MBC Sandy Camp

dénivelé 359m  5.16km ; altitude à l’arrivée : 5200m

Levé 5 :08

Départ 6 :08 arrivée 12 :20

Je m’arrête à 7 :30 pour me protéger avec de la crème solaire : le soleil est de la partie et brûle dés qu’il donne à ces altitudes. Le temps restera totalement clair pendant mon séjour au dessus de MBC. Ce répit est une grande chance qui me permettra de bénéficier pleinement des spectacles extraordinaires et toujours renouvelés.

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Il faut que je quitte le chemin qui mène au second camp de base car je dois me diriger vers la gauche pour rejoindre Sandy Camp. Ce camp hypothétique ne se situe sur aucune carte et a été repéré sur GE. Je quitte le chemin principal quand il oblique vers la droite et devient de plus en plus chaotique, sur le dos du glacier (WP416).

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Je progresse maintenant dans les rochers instables et je rejoins la ligne de rupture entre le glacier et le versant de la rive droite du glacier. Ce n’est pas la meilleure solution car c’est une zone d’éboulis où la progression est difficile et dangereuse. Je pense continuellement qu’une jambe cassée signifie la mort maintenant. Rien de bien réjouissant. Je reconnais enfin l’emplacement de Sandy Camp en surplomb d’une petite centaine de mètres. Je savais qu’y monter ne serait pas simple et j’avais prévu d’accéder à cette sorte de plate forme en formant des zig-zags sur la pente. Ce n’est pas aussi simple car les rochers, quelques soient leurs tailles se décrochent et glissent en entraînant d’autres avec eux. Rien ne tient. Je choisis de me hisser par le lit d’une cascade en pensant que les pierres formeront un ensemble plus cohérent  grâce à l’écoulement de l’eau. Rien n’y change. Au contraire, le simple fait de poser mon pied sur une pierre dévie parfois le courant vers moi.

Je ne suis pas fier lorsque j’arrive, trempé au faîte de la cascade. L’expérience n’est pas à renouveler !

Il y a autant d’éboulements ici qu’il y a d’avalanches dans la vallée encerclant le Dhaulagiri. Il faut s’habituer à ces nouveaux chants de la montagne.

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Sandy Camp est une superbe terrasse de sable fin et blanc, un vrai paradis pour un bain de soleil dans un environnement de pics enneigés, au son cristallin du torrent qui s’écoule à côté et face à l’immuable Makalu. L’après midi s’écoule ainsi à jouir de la douceur apparente  du soleil et de la vue imprenable sur le Lhotse (8516m), le Lhotse Shar (8393m), l’Everest à 18 km (8848m), le Shar Tse (7591m), le Sha Tse 2 (7457m) 

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Mon cœur bat maintenant trop vite sans effectuer aucun effort. Tout rentrera dans l’ordre dans la soirée et  la migraine n’est pas au rendez-vous.

Il fait 15°C dans la tente à 17heures. Ma hantise des basses températures à haute altitude n’était pas fondée.

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Dimanche 18-mai           De Sandy Camp au Camp du Col 


DSCF1677 Sandy Camp Camp du Col

Dénivelé 273m  pour     2.99km  Altitude à l’arrivée : 5473m

Lever à  4 :56

T=2°C intérieur -5°C extérieur

Départ 6 :55; arrivée à 14 :30

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Le temps de préparation est maintenant bien plus important qu’en lodge car il me faut démonter et ranger tout l’équipement et préparer le petit déjeuner (muesli + lait 100g et cappuccino avec palets bretons

Le temps est au beau fixe et j’emprunte la route prévue dans mon GPS en m’élevant tout en restant sur la plate forme qui longe le Glacier du Barun.  J’ai vu des dizaines de fois le profil de cette montagne que j’ai l’impression de connaître par cœur. Je retrouve des cairns parfois. Il doit réellement s’agir d’un chemin emprunté autrefois. L’état ancien des détritus du Sandy Camp (boîtes de conserve vides) me fait penser qu’il n’a pas été utilisé depuis plusieurs années.

La première partie se fait sans trop de difficulté. La descente vers le glacier et la moraine des glaciers conduisant vers l’East pass est beaucoup moins aisée car la pente est trop importante pour tenter une descente directe. Essayer de rejoindre le glacier en restant sur une ligne à peu prés horizontale n’est pas davantage possible car la paroi du versant devient de plus en plus verticale. Je tombe une fois, emporté par le poids du sac à dos. Arrivé sur la moraine, je continue à suivre mes points GPS mais le sol est toujours aussi instable.

Après une tentative infructueuse de progression vers le pied du glacier dévalant d’East Pass, Je décide de m’arrêter sur un emplacement sableux qui fut un campement, autrefois, et que je baptise Camp du Col, faute de mieux. L’emplacement est idéal pour planter la tente, toujours face au Makalu, mais de plus en plus haut par rapport à lui.

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Je sature des repas au saucisson et au couscous sans saveur. Il faudra varier les menus la prochaine fois.  Je rêve d’une soupe à la tomate…

C’est quand même le record de ma nuit terrestre la plus haute, à 5473m… Et tout va bien.

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lundi     19-mai  du Camp du Col au Belvédère d’East pass

 

altitude finale 5850m

dénivelé 377m en 1.8km

Levé 5 :08

Départ vers 8 heures. Arrivée à 10 :00

T=-1°C intérieur

T= -10°C extérieur

Ce n’est qu’après avoir démonté et rangé mon barda que mon regard est attiré par la pente qui fait face à mon campement dans la direction d’East pass. Il me semble évident que de cette hauteur, j’aurai un bon point de vue me permettant de décider de la voie à suivre. J’ai un choix à faire : soit redescendre vers le MBC pour rejoindre les hauteurs au dessus de Shersong, antenne conseillée par Philippe à Kongma, soit pousser aujourd’hui vers East pass  si je trouve un passage à peu près sûr.

Une demi-heure doit suffire. Je ne prends même pas d’eau.

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Sans sac, la montée me paraît une douce escapade. Une crête en cache une autre qu’il faut grimper pour espérer avoir une vue enfin dégagée.  Il me faut 2 heures pour voir enfin apparaître le cirque de montagnes encadrant East pass. Le glacier est énorme, incontournable et immaculé. Le franchir seul et sans équipement approprié me paraît totalement irréaliste.  La cloche du retour vient de sonner. Je suis à 5855m. Un hélicoptère me sort brutalement de mes contemplations. C’est le premier contact depuis trois jours. Il se rendait au camp de base avancé du Makalu lorsqu’il m’a vu au milieu de nulle part. Il vient vers moi et je lui fait signe que tout va bien. Tout va très bien même car je goûte au succès de mon entreprise comme un gourmet aux différents petits plats aux saveurs exquises.

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Sherpani pass, au fond à gauche, paraît être un mur de glace infranchissable. East pass, au fond à droite, paraît plus praticable…après la longue remontée du glacier!

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Ce que je ne sais pas encore, c’est que je suis juste à mi distance entre mon camp et un sommet s’élevant  à 6072m, facilement accessible et à partir duquel le Baruntse est pleinement visible. Très dommage. Ce sera pour une prochaine fois…

Je replante ma tente sur le même emplacement… Ca manque un peu d’anticipation. On fera mieux aussi la prochaine fois.

Le temps se couvre un peu en fin d’après midi, suffisamment pour m’inquiéter un peu.

mardi    20-mai  Retour au Camp de Base du Makalu

dénivelé :-632m en 7.28km        Altitude à l’arrivée 4841m

lever 4 :48

T=-1°C intérieur -10°C extérieur.

Je m’enfile mon quatrième petit déjeuner extraordinaire. La route sera longue et difficile aujourd’hui pour rejoindre MBC.

Départ 7 :25. Arrivée 17 :45

Il y a deux difficultés importantes à surmonter car je ne veux pas essayer la voie basse par le point de rencontre du glacier latéral où je me trouve avec celui du Barun. A la réflexion, c’est pourtant peut-être la meilleure voie. Je remonte donc sur le plateau qui conduit à Sandy Camp sans retrouver exactement mon chemin de l’aller. Le GPS me rend un fier service. La marche sur le plateau est par contre beaucoup plus aisée. Je descends du plateau vers le glacier du Barun en préférant  glisser sur un glacis de gravillons et de sable. Tout part avec moi mais l’avantage est d’avoir une vitesse à peu prés égale à celle de tout ce qui dévale. Cela permet de prévoir et d’éviter les plus gros cailloux.

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Je préfère cette fois éviter les éboulis de l’aller en progressant sur une ligne incertaine sur le dos du glacier en direction  du chemin du camp avancé du Makalu. J’évite, autant que je peux, les creux et les bosses formés au cours des siècles par la lente avancée du glacier.

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Mon jean ne s’en sortira pas entier, déchiré aux jambes et aux fesses. Les doigts de ma main gauche seront superficiellement coupés à force de frotter sur les rochers de granit.

J’arrive vraiment épuisé mais heureux de revoir des humains à MBC après plus de 10 heures de marche. Excellente soirée où je fête ma victoire à la vodka locale.

 

Mercredi 21-mai de MBC à Yangle kharka         

Dénivelé -1197m  en 16.43km

Altitude à l’arrivée : 3644m

Départ 7 :20 arrivée 15 :15.

A midi, la bruine s’est mise de la partie. Le retour aux basses altitudes est synonyme de temps couvert apparemment. Mais rien ne pourra plus entamer mon moral.

Mes étapes sont trop longues. L’idéal est bien de marcher 7 heures dans la journée. Mais les Sherpa font en une journée ce que je parcours en trois. Difficile dans ces conditions de trouver des lieux d’étapes coordonnés. Ils vont de MBC à Tashigaon en deux seules journées…

J’ai quand même vu un berger installé à Shershong sous un toit de bâches récemment installé. La ferme de Langmale était aussi ouverte et il aurait probablement été possible d’y prendre un repas ou au moins du thé.

Je croise mon seul groupe de porteurs de la journée. Vu leur état d’ébriété, je ne dois plus être loin de Yangle Kharka…

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Ce n’est pas non plus en la descendant que j’ai pu admirer cette magnifique vallée.  Je passe une excellente soirée avec mes nouveaux amis. Ici les mots ne sont pas nécessaires pour se sentir intégré dans la famille en partageant le repas ensemble. Quelques mots comme lasso (merci)  ou salti (ami) provoquent des rires francs et la convivialité est bien là.

 

Jeudi 22-mai de Yangle Kharka à Dobaté           

Dénivelé 256m en 9.9 km ; Alttude à l’arrivée : 3900m

Lever 5 :45 départ 7 :20 arrivée 15 :00

Le temps est, comme hier et à l’aller, couvert. La montée vers Dobaté est terrible bien que mon sac ait perdu plus de 2 kilos.

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La soirée avec Pemba et des porteurs sera une bonne récompense des efforts de la journée. J’y découvre le sucutti traditionnel, viande séchée  de yak,  attendrie à la flamme du feu de bois que je déguste et partage sans modération avec l’arak local. La vie sociale, dans son sens primitif et dont je raffole, est là. C’est un tissu ourdi jour après jour par la tradition.  Chacun y prend sa place au chaud après les efforts de la journée. J’y suis inclus pendant ces quelques instants précieux. On ne se pose pas de question, on jouit simplement de l’instant présent, ensemble.

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Vendredi 23-mai de Dobaté à Kongma

Dénivelé -271m en 8.73km altitude à l’arrivée : 3629m

Lever 5 :35 départ 7 :12 après passage en revue de mon « exploit » en regardant les photos avec Pemba. Il m’avait bien dit, à l’aller, en analysant les dessins de cuisson sur mes pancakes que mon trek serait un succès. Son grand-père lui a appris à lire l’avenir de cette manière.

Arrivée 14 :45

C’est la journée des quatre cols. On m’a bien dit que la neige a fondu depuis mon premier passage. Il est vrai que le chemin est un peu plus visible. Il faudra quand même lutter pas après pas pour avancer dans la neige molle et épaisse sur plusieurs kilomètres, dans la bruine et le brouillard parfois.

Je recherche le crampon perdu à l’aller sans le retrouver.

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Je retrouve l’ambiance chaleureuse de Kongma où je passerai une nouvelle soirée exceptionnelle. Un convive me montre son précieux butin : il a dans sa poche trois yarsagumba, récoltés dans la région de Yangle Kharka. Il s’agit de chenilles infectées par un champignon qui finit par les tuer. Cet ensemble mi plante mi insecte est un médicament aux vertus nombreuses notamment l’augmentation des  capacités sexuelles, que les riches chinois s’arrachent à prix d’or, jusqu’à 5000€/kg.

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 samedi 24-mai  de Kongma à Tashigaon              

dénivelé -1429m en 5.7km         Altitude à l’arrivée : 2200m

lever 5 :15 départ à 7 :30 arrivée 13:30

Je pars rasé à l’eau chaude mais toujours aussi sale. J’attendrai de trouver une cascade pour prendre une douche bienfaitrice sur le chemin alors que la température a sensiblement remonté. Des porteurs surpris par le spectacle feront mine de ne pas trop me regarder en passant. Toute trace de pudeur a vécu quand il est question d’un bonheur aussi primitif que complet.

 

A Tashigaon, le guesthouse de l’aller est malheureusement fermé car sa propriétaire est partie en hélicoptère à Kathmandu. Je suis déçu et je me replis sur la guesthouse où nous avions séjourné en mars 2013.  l’ambiance est plus guindée et les échanges plus limités bien que cordiaux. Tans pis, je sirote seul mon Arak avec le dalbath.

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Dimanche 25-mai    deTashigaon à  Seduwa              

Dénivelé : -628 en 8.7km altitude à l’arrivée : 1572m

Je ne trouve plus de sangsues sur le chemin. Je retrouve Dawa dans son école de Chyaksa danda où il a pris la place de Principal pendant mon abscence. C’est une excellente nouvelle que nous fêterons en famille le soir même en coupant le cou d’un de ses poulets à Seduwa.

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lundi     26-mai  de Seduwa à Num

dénivelé :  -49m en 4.8km           Altitude à l’arrivée : 1523m

lever : 6 :55 ! départ 7 :45 arrivée : 12 :30

On ne dira jamais assez que ce précipice à franchir entre Seduwa et Num est un supplice car on croit déjà l’épreuve achevée qu’il faut finir par une montée abrupte de plus de 700m, dans la torpeur tropicale.

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J’arrive alors qu’une jeep s’en va pour Khandbari… Il me faudra attendre patiemment qu’une autre se remplisse, pendant trois longues heures. J’aurais préféré les passer en compagnie de mes amis à Khandbari. Nous avons tant de choses à nous dire…

 

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 Annexe : points GPS

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